Bienvenu Merino revient sur son enfance où sont les traces de Kiki de Montparnasse.
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VICTOR FOURNEL ❘ RAISIN
Dans Les spectacles populaires et les artistes de rues, ce tableau du vieux Paris composé par Victor Fournel (E. Dentu, 1863), défilent Sots et Enfants sans souci, arracheurs de dents et farceurs de la rue, également Turlupin, Bobèche, Galimafré, Bobino, Gringalet, Goguelu, Jean Farine, toutes ces figures pour quelques-unes substantivées.
En nous faisant visiter certains laboratoires de chimie spagyrique où se préparent l'or potable et l'élixir de longue vie, Victor Fournel décrit au détour d'intéressants instruments.
Les amateurs de lutherie insolite apprendront par exemple qu'un certain sieur Raisin, organiste de Troyes, mit au point, en 1661, "une épinette à trois claviers, dont l'un paraissait répéter tout seul les airs que l'on jouait sur les deux autres."
Raisin avait inventé les loops.
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LEON-PAUL FARGUE ❘ RICARDO VINES
Ricardo VinèsEn 1947, paraissait Portraits de famille, un recueil de souvenirs de Léon-Paul Fargue. Serti de photographies et emmené par l'une des plus belles plumes de la littérature, l'ouvrage rassemble des souvenirs qui animent les figures de Verlaine, Mallarmé, Max Jacob, Valéry Larbaud, Colette, aussi Ricardo Vinès.
Ce livre est dans ma bibliothèque depuis jolie lurette et c'est en préparant un entretien avec Pascal Comelade qu'il me devint soudainement précieux.
Féru de culture catalane, Pascal Comelade a une passion pour Ricardo Vinès, mort le 29 avril 1943.
Voici ce que Léon-Paul Fargue en écrit :
"De 1900 à 1939, c'est-à-dire tout le long de ce demi-siècle qui s'est achevé avant d'avoir la cinquantaine, et particulièrement pendant ce répit d'entre les guerres, où l'on pouvait se consacrer librement à l'art de son choix, la politique n'ayant pas encore fait craquer les coutures, Vinès a fait parler de lui par toutes les bouches du monde, et certainement essayé les meilleurs claviers de l'univers des touches. Il a été, pendant cette époque incomparable, le véritable révélateur de la musique la plus moderne et de celle qui l'avait influencée, de Chabrier à Debussy, de Ravel à Satie, de Poulenc à Mompou, de Borodine et de Balakirew à Albeniz ou à Turina. Il se transportait d'une maison amie dans une autre avec son sourire affectueux, sa moustache, ses doigts mystérieux, sa bonhomie de bonne origine. Nous le feuilletions comme un album et il nous enchantait d'images sonores. Tous mes réservoirs d'émotion frémissent encore de ses passages précis et tendres."
C'est tout dire.
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JEAN-PAUL CARACALLA ❘ HART CRANE
Lorsque, dans Les exilés de Montparnasse (1920-1940), Jean-Paul Caracalla évoque le séjour parisien de Hart Crane (1899-1932) et le pugilat qui opposa le poète à un garçon de café du Select, on pourrait désirer relire les Oeuvres d'Arthur Cravan mais il est plus logique de se plonger dans The Bridge (Le Pont), également dans les Poèmes et Lettres. C'est-à-dire qu'il convient de trouver l'édition Obsidiane du Pont pour la mirifique "adaptation" de François Tétreau ainsi que ce numéro des Cahiers si bien tenus par François Boddaert et qui s'ouvre ainsi :
Yes, I being
The terrible puppet of my dreams, shall
Lavish this on you -
Oui, moi, puisque je suis
Le terrible pantin de mes rêves, je veux
De tout ceci vous enrichir -
Hart CRANE
(the Visible the Untrue)
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HENRY D. THOREAU ❘ L'ESPRIT COMMERCIAL DES TEMPS MODERNES
Voici publié le texte inaugural de Henry David Thoreau, sans doute l'un des noms les plus repris aujourd'hui par nos médiatiques. Alors qu'il termine ses études à Harvard, Thoreau rédige une conférence sur le thème :"The commercial spirit of modern times, considered in its influence on the Political, Moral, and Literary character of a Nation." Pour l'occasion, l'auteur de Walden ou la vie dans les bois (1854), inverse l'ordre de l'état-civil. David Henry devient Henry David. Le 30 août 1837, à l'âge de vingt ans, il jette les bases de sa pensée rebelle à l'esprit de commerce qui menace "d'épuiser les entrailles de la terre".
Philippique contre les agents de destruction de la beauté, cette conférence résume la quintessence d'une réflexion parfaitement assimilée par Kenneth White et magnifiquement vécue par Joseph Delteil dans son geste d'éloignement.
"Ce curieux monde que nous habitons est plus merveilleux qu'il n'est à notre disposition, plus magnifique qu'il n'est utile, - il doit être admiré et adulé plutôt qu'instrumentalisé."
En ces temps de saccages au service des puissances d'argent, en ces temps où l'oisiveté et la contemplation sont renvoyés au subhumain, cet écrit nous rappelle à l'évidence. La vision de Henry David Thoreau décrivant un monde pris d'assaut par la transaction monétaire est aujourd'hui réalité. Il disait le risque. Le péril est actuel.
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Henry D. Thoreau
L'esprit commercial des temps modernes et son influence sur le caractère politique, moral et littéraire d'une nation
Avant-propos de Didier Bazy
Postface de Michel Granger
Edition bilingue
47 pages, 6,80 euros
Le Grand Souffle
24, rue Truffaut 75017 Paris
JOURNAL (1837-1861)HENRY D. THOREAUEditions Terrail25, rue Ginoux 75015 ParisDiffusion ViloIl convient désormais de lire Walden dans la nouvelle traduction de Brice Matthieussent, magnifiquement préfacée par Jim Harrison, avec notes et postface de Michel Granger. Publiée aux éditions Le Mot et le Reste, le volume est en librairie depuis septembre 2010.WALDEN
HENRY D. THOREAU
Editions Le Mot et le Reste
368 pages, 23 €
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LEON TOLSTOI ❘ LE ROYAUME DES CIEUX EST EN VOUS
Pour Léon Tolstoï, 1879 marque un recommencement. C'est l'année où l'écrivain de Guerre et Paix et d'Anna Karénine se fait homme neuf. Il se détache de l'auteur à succès ayant vie confortable et devient militant de la non-violence sous les clartés des Evangiles et de Henry David Thoreau. Il adhère au Christ mais rejette la religion officielle qui est selon lui religion de violence. L'écrivain devient moraliste et compose Le Royaume de Dieu est en vous (1891-1893), l'ouvrage le plus difficile qu'il ait eu à écrire, ainsi qu'il s'en confie à son ami Vladimir Tcherkov. Le livre qui inspira l'ahima de Gandhi, et dont la lecture fit vaciller certains qui avaient foi dans les vertus de la guerre, ne fut pas toujours disponible en librairie. Les remarquables éditions Le passager clandestin en proposent une édition présentée par Alain Refalo, président du Centre de ressources sur la non-violence de Midi-Pyrénées, auteur de En conscience, je refuse d'obéir. Résistance pédagogique pour l'avenir de l'école (Editions des Ilots de Résistance, 2010).
Augmenté d'une consistante préface qui guide la lecture, Le Royaume des cieux est en vous consiste en un essai de haute actualité par son double postulat, l'un favorable à la désobéissance civile, l'autre à la révolution spirituelle.
Il est publié chez un éditeur au catalogue excitant, dans lequel on retrouve les noms de Zo d'Axa, Jonathan Swift, Paul Lafargue, Auguste Blanqui, Voltairine de Cleyre, Elisée Reclus et cette collection bien utile intitulée Désobéir où l'on instruit à Désobéir pour le logement, pour le service public, par le rire ou encore avec les sans-papiers.
LE ROYAUME DES CIEUX EST EN VOUS
LEON TOLSTOI
PRESENTE PAR ALAIN REFALO
189 pages, 12 €
LE PASSAGER CLANDESTIN EDITEUR
CONSULTER LE PASSAGER CLANDESTIN
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THEO LESOUALC'H, CLANDESTIN DE NULLE PART ET SIMULTANEMENT
Guy Benoit (8, place de l'église 53470 Sacé), de sa propre main nous écrit à propos de Théo Lésoualc'h. Il nous écrit une lettre polycopiée jointe à un livre de 186 pages publié par lui à l'enseigne de Mai hors saison.
̋Théo Lésoualc'h est mort le 28 novembre 2008, il avait 78 ans.
Mime, homme de théâtre, photographe, sculpteur, grand voyageur, romancier, voilà un personnage "vivre" qui nous libère de notre médiocre cuisine intime !
Théo Lésoualc'h incarne L'ENERGIE DE LA MARGE, exemplaire, lui qui toujours refusa d'être un donneur de conseils. Totalement engagé dans son aventure. Trouveur de vie.
En 2006, nous avions demandé à Théo de regrouper tous ses poèmes et textes dispersés, ici et là, dans moult revues et ouvrages divers. Où en était-il du projet ? Nous avons pris la relève. Avec ce livre Lésoualc'h, clandestin ❚ de nulle part et simultanément, le lecteur est convié au parcours d'un frôleur trompant ses angoisses en sensualisant à travers les contrastes de la réalité et les pulsations de l'existence. Des échappées fulgurantes vers les hauts-lieux de la transformation sans interruption. Bras-le-corps du langage, tournis-images-brisures de tout, spirale fuyante du trop-plein du vide, et derrière les mots "l'ultra-âme du sonore". Du presque divin au plus que divin.
Lésoualc'h, clandestin ❚ de nulle part et simultanément n'est pas seulement un choix de poèmes, il contient des inédits, des lettres, un entretien, des articles, de nombreuses photos, une bibliographie ...
" contre la pollution du mot-mensonge" et dans la joie hurlante d'une amitié qui danse ̋.
Comment inviter mieux à lire cet hommage à Théo Lésoualc'h ?
Avec Maurice Mourier, Guy Benoit, Marie Van Hamme, Luc Richer, Hideko, Michelle Benoit, Alejandro Jodorowsky, Jean Gaugeard, Angelo Rinaldi, Emanuelle Arsan, Jean-Pierre Bouyxou & Pierre Delannoy.
"oui, j'appartiens à l'autre éternité ...
la fugitive."
Théo
LESOUALC'H, CLANDESTIN
DE NULLE PART ET SIMULTANEMENT
192 pages, 18 € (port compris)
Règlement par chèque postal ou bancaire à l'ordre de Guy Benoit
8, place de l'Eglise
53470 Sacé
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LA BOITE ❘ ANDRE HARDELLET
Encore une fois, je fais coulisser une vitre de ma bibliothèque, celle qui renferme les oeuvres d'André Hardellet. Je sais qu'en agissant ainsi, je vais glisser dans une veine du temps. D'ailleurs mon coeur bat. L'émotion est une chaleur dans ma poitrine. Ce que je ressens est semblable probablement à ce que j'éprouverais si je sautais dans le vide. Un saut sans risque, évidemment.
Mes doigts s'attardent sur la tranche des Chasseurs, Livre de Poche, numéro 5000. Je sors le volume; la pulsation augmente. En regardant la couverture (René Magritte), je songe à la première fois. J'habitais Vincennes, rue Joseph-Gaillard, une perpendiculaire de la rue de Fontenay où naquit André Hardellet le 13 février 1911.
Maintes fois je fis ce geste. A Vincennes, à Montreuil, à Nogent-sur-Marne, à Neuilly-Plaisance et c'est maintenant, en ouvrant le recueil que j'ai conscience du temps traversé. Mais c'est aujourd'hui que l'émotion est la plus forte.
Car je ressens plus vivement le vertige à l'approche de la boîte à biscuits. C'est que la distance est plus grande, toujours plus grande, celle qui me sépare de l'enfance et de mes placards. J'ai atteint l'âge où la lecture des Chasseurs est plus éprouvante qu'un thriller. Car le temps de La boîte est celui du continent perdu, vraiment. Chaque jour désormais, selon la méthode définie par André Hardellet, j'escalade des étages et je suis les couloirs qui mènent à la porte. Chaque jour, la porte s'ouvre. Chaque jour, je me faufile dans un décor intact. Tout s'y trouve, à l'identique, sons et objets. Mais le père n'est plus et la mère trop âgée ne se souvient plus avec moi.
Je me faufile seul, comme le narrateur de La boîte qui "éprouve l'impression de se noyer dans un tourbillon du temps", en constatant que "les biscuits au goût magique sont bien là". Guy Darol
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Les Chasseurs par André Hardellet
La boîte, page34
Le Livre de poche, 1977
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LOYS MASSON
Poète, romancier, nouvelliste, essayiste, dramaturge, le Mauricien Loys Masson (1915-1968) combina plusieurs pratiques jusqu'à l'usure. Car il fut également résistant de la première minute, secrétaire de rédaction de la revue seghersienne Poésie 41, rédacteur en chef des Lettres Françaises, militant communiste et à ce titre membre du Conseil national des Ecrivains. C'est d'élans, d'efforts et de fatigues mal rétribuées que ce prolifique écrivain de haut style s'éteint peu après avoir achevé Des bouteilles dans les yeux (Robert Laffont, 1970).
Dans une passionnante conversation avec Alain Paucard, Hervé Masson, son frère plus jeune de quatre ans, notera l'attente d'une reconnaissance qui ne vient pas puis l'exténuation. Et cependant Loys Masson est l'auteur d'au moins deux romans remarquables, à l'écriture adamantine, Les Tortues (Robert Laffont, 1956) et La Douve (Robert Laffont, 1957).
Sous l'impulsion d'Eric Dussert et dans le cadre de L'Alambic, la collection qu'il anime aux éditions de l'Arbre vengeur, Loys Masson est rappelé au souvenir de ceux qui savent son immensité. Quant à ceux qui le découvrent, ils évalueront vite ce que cette écriture du vertige et des anamorphoses, de la magie et des rêves plus fort que la réalité a pu apporter à la littérature, sans que les relais de sa pérennité (autrement dit Gallimard et Robert Laffont) en ait souciance.
Deux nouvelles, Saint Alias et La Chose, issues du recueil Des bouteilles dans les yeux, donnent bien le ton et la couleur. En ce petit volume préfacé et documenté par Eric Dussert, revit Loys Masson, écrivain du verbe hypnotique et psychedelia, homme de mille sensations et d'infinie spiritualité. Souhaitons que l'initiative se poursuive et que sa bibliographie versicolore et foisonnante s'étale bientôt aux vitrines des libraires indépendants et héroïques. Rêvons toujours.
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Saint Alias par Loys Masson
Editions de l'Arbre vengeur, collection L'Alambic
134 pages, 11 euros
CONSULTER LES EDITIONS DE L'ARBRE VENGEUR
Revue Roman, numéro 21, décembre 1987
Dossier Jorge Luis Borges/Loys Masson
Presses de la Renaissance
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GEORGES DE LA FOUCHARDIERE
Georges de La Fouchardière (1876-1946) fut journaliste au Canard Enchaîné à partir de 1916. En inventant "Le Bouif", il montrait des dispositions pour l'estocade maroufle.
Mais c'est le romancier dont il faut se souvenir car c'est là que règne l'amnesia vivace (Frank Zappa) :
* L'Affaire Peau-de-Balle, 1919
* Tifs d'Etoupe et Nib de Tifs, 1924
* Le Bistro de la Chambre, 1925
* Joseph Pantois, fils de gendarme, 1933
* Mouise à tous les étages, 1935
* Foutez-nous la paix !, 1937
Antinomiste absolu, cet écrivain libertaire maniant l'anticléricalisme et l'humour séditieux serait à redécouvrir (tâche amusante !) en ces temps où le travail redevient une valeur hargneuse.
Georges de La Fouchardière formulait ceci :
"Les bêtes joyeuses ne travaillent pas".
Ce qui me fait aussitôt songer à un autre Georges:
"Travailler ! Travailler ! Comme si j'avais le temps", Georges Perros, Papiers collés 2.