
Jeudi 20 Mai 2010 à 19h
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Digressions] Guignol’s books… par Joseph Vebret
DOSSIER
Journaux d’écrivains. De moins en moins intimes par Raphaël Juldé
Les frères Goncourt. Quatre mains, un seul cœur par Frédéric Saenen
Jules Renard. Le journal d’un homme qui voulait être écrivain par Marc Alpozzo
Kafka et Pavese. Le métier d’écrire par Marc Alpozzo
Nabe et Matzneff. Hélios et Saturne au jour le jour par Pierre Cormary
Feuilleton]
Conseils aux écrivains qui envisagent de commencer leur journal intime par Christian Cottet-Emard
RENCONTRES
Renaud Camus. Promeneur littéraire par Joseph Vebret
Maxime Chattam : « J’écris pour vivre les aventures que je ne trouve pas dans la réalité » par David Alliot
UNE VIE D’ÉCRIVAIN
Dominique Bona. Raconter des vies par Thierry Richard
ENTRETIENS
Christian Millau, Vienne, un banc public et un certain Adolf… par Stéphanie des Horts
Jakuta Alikavazovic : « Tout découle de l’écriture, elle crée ses propres conditions » par Éric Bonnargent
Frédéric Mars. Des Évangiles au thriller par Joseph Vebret
Christophe Mory. Le rapport au sacré par Joseph Vebret
APARTÉ
Thierry Ardisson. L’écriture ou la vie par Joseph Vebret
CLASSIQUE
Flaubert savait-il écrire ? Retour sur une polémique par Jean-François Foulon
LE CAHIER DES LIVRES
Focus, Romans, Documents, Musique, En vrac
Les livres que vous n’avez pas lus] Une petite qui vaut bien des grandes par Bertrand du Chambon
Musique & littératures] Tristesse nationale par Jean-Daniel Belfond
Cinéma & littératures] Vous reprendrez bien un peu de « Blanc-Sec » ? par Anne-Sophie Demonchy
Relecture] O-Yoné et Ko-Haru de Wenceslau de Moraes par Stéphanie Hochet
Chemin faisant] La mort est au bout par Pierre Ducrozet
Les mains dans les poches] De Manosque à Brazzaville par Anthony Dufraisse
Poésies] La chair du langage par Gwen Garnier-Duguy
Lire la musique] Pacôme Thiellement, occulte et culte par Guy Darol
BONNES FEUILLES
La sélection d’Annick Geille : Kerouac inédit
Mes prix littéraires, Thomas Bernhard
Le lit défait, Françoise Sagan
Voyage présidentiel, Pierre-Jean Rémy, de l’Académie française
Le vent noir ne voit pas où il va, Jean-Noël Schifano
Aspen terminus, Fabrice Gaignault
Le crieur de nuit, Nelly Alard
Ces auteurs qui font le printemps par Annick Geille
Feuilleton] Voyage dans une bibliothèque par Raphaël Juldé
Feuilleton] L’Auteur dîne chez son éditeur par Emmanuelle Allibert
Visages d’écrivains] Jean-Marie Rouart par Louis Monier
Avec : Emmanuelle Allibert, David Alliot, Marc Alpozzo, Stéphane Beau, Jean-Daniel Belfond, Éric Bonnargent, Brigit Bontour, Arnaud Bordes, Adeline Bronner, Pierre Cormary, Christian Cottet-Emard, Guy Darol, Hubert de Champris, Anne-Sophie Demonchy, Stéphanie des Horts, Bertrand du Chambon, Pierre Ducrozet, Anthony Dufraisse, Eli Flory, Jean-François Foulon, Gwen Garnier-Duguy, Annick Geille, Christophe Henning, Stéphanie Hochet, Stéphanie Joly, Raphael Juldé, Valère-Marie Marchand, Ludovic Maubreuil, Christophe Mory, Olivier Philipponnat, Thierry Richard, Frédéric Saenen, Marc Villemain.
Photos : Louis Monier. Illustrations : Miège et Innocent.
Coordination : Delphine Gay.
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LE SITE DU MAGAZINE DES LIVRES
Bon vent à Raymond Domenech, sélectionneur et homme de théâtre
futur champion du monde de football
J’ai joué au football, je dis bien jouer, pendant des années. Dans la progression normale, j’ai été pupille, minime, cadet. Aussi, j’ai mis les crampons avec les plus grands, c'est-à-dire juniors, seniors. Cette époque est révolue pour moi. Donc, très jeune, j’ai fait les beaux jours, et les mauvais, également, d’un club Bourguignon. Rêveur, tout môme, on ne prend pas conscience de ce monde du ballon, car il n’y a pas que le ballon, il y avait et il y a toujours la ‘culture sauvage appliquée’ de tout ce qui tourne autour du ballon et en particulier du football et l’univers inquiétant du sport. Je ne regrette rien.
On m’appelait Garrincha et mon frère Kopa, et l’autre de mes frères Alfredo Di Stefano. Tous les trois, souvent, nous jouions dans la même équipe, et comme nos vedettes préférées, nous parlions espagnol pendant les matchs en dribblant et en fonçant dans le camp adverse. Fort de notre communication, avec mes frères on filait, ballon au pied, comme Lionel Messi le fait aujourd’hui avec son club de Barcelone. Avant centre, j’aimais marquer des buts, en tournant comme un torero, sans perdre le ballon et l’envoyer dans les filets, planté comme une banderille. Et après les victoires, d’où l’on revenait glorifié, on aimait, dans la région des vins, visiter les caves à Beaune, Pommard et Meursault. En fait déjà nous suivions nos dirigeants qui aimaient faire la fête, boire et rencontrer les filles. C’est avec un de mes frères, celui que le public avait baptisé du nom du stratège du Real Madrid, Alfredo Di Stefano, que je me suis le mieux défendu. Mais, dans la politique. Lui, déjà, il voyait plus clair dans l’horizon du foot et sur le monde sportif qui essayait de nous envelopper et de nous aspirer. Cependant nous avons fermé les yeux longtemps, indifférents aux spéculations de ce monde du football et si moi je pris du recul, lui continua à jouer dans un grand club parisien avant de se lancer en politique en prenant conscience de l’environnement dans lequel ont risquait tous d’évoluer, sans gardes fous. C’est vrai, nous étions doués pour le jeu, mais pas pour le pognon et le bizness.
Le sport est devenu intégralement un rouage du capitalisme monopoliste d’Etat dont les serviteurs inconditionnels sont les CHAMPIONS. Le champion, d’ores et déjà athlète d’Etat, n’est plus que le porte-parole du grand capital sur le marché sportif, l’agent propagandiste de la bourgeoisie. Le champion, au service de sa nation, attendant une gratification du gouvernement pour avancer dans ses rêves les plus fous. C’est un lieu commun de rappeler l’utilisation du sport par le monde industriel. La faune publicitaire qui gravite autour de lui a transformé les stades en véritables champs de foire internationaux et les athlètes en hommes- sandwichs, colportant les mérites de tel café ou de telles marques de boissons, liés qu’ils sont par une série de contrats à des impératifs de mannequins.
L’effort du champion ne porte plus sur la victoire que si elle rentable. Radios, télévisions, trusts des journaux à informations sportives font des champions les héros des temps modernes s’empressant de transformer le monde sportif en un monde d’affaires. Bienvenu Merino
Il y a des rencontres fortuites : un artiste vous côtoie sans que l'on s'en rende compte, comme cela, au hasard des journées ordinaires. Parfois, au comptoir d'un café, à un passage clouté, au pied d'une bibliothèque, chez un imprimeur ; sans que l'on sache que le talent est à nos côtés, sans que rien ni personne ne vous fasse signe, sans que quiconque ne vous prévienne, aucun élément, signe distinctif dans le visage de l'homme qui fait la queue dans la foule des Parisiens, rien de particulier dans la sobriété des vêtements sombres qu'il porte, aucune étincelle dans l'œil. Et voilà tout à coup qu'un geste attentionné ne vous échappe pas. Il suit des yeux une image sortant d'une imprimante qu'il ne quitte pas du regard. Ceci vous fait écarquiller les yeux et avancer vers la machine, là où l'image glisse, belle et fraîche, vivante et forte. Copie d'une œuvre éclatante, prête à éclabousser au grand jour. Votre envie d'approcher la machine est irrésistible. Vous découvrez quelque chose d'étonnant, peut-être un chef d'œuvre. Ce que vous voyez n'est pas courant, c'est intéressant, jamais vu, c'est superbe superbe ! Vous ne résistez pas au plaisir de parler à cet homme : le 'maître' de l'image ! J'ai devant moi, Rodolphe Cintorino, pas bavard, plutôt discret, mais je sais déjà qu'il m'intéresse, disons plutôt, ce qui sort de l'imprimante, que derrière l'image, sa personnalité, il existe une œuvre, c'est cela que je veux vous faire découvrir et vous faire VIVRE. Son oeuvre, on en parle déjà, on n'a pas fini d'en parler. Rodolphe Cintorino est un faiseur d'image, graphiste, plasticien, sculpteur de vérité... nullement de la mort. Son rapport avec le pays où il a vécu, où il vit, est inséparable de son travail. Le rapport est culturel. Dans sa performance 'LUX', Rodolphe Cintorino et Emmanuel Lacoste utilisent la flamme comme moyen de se révéler. 'LUX' est proposé comme une occasion de repenser notre lien à l'autre : un lien en tension perpétuelle, basculant sans cesse entre évidence et aveuglement. Bienvenu Merino
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Lundi 10 mai, Bertrand Redonnet, Stéphane Prat, Solko et Stéphane Beau, attiseront les premiers feux d'un webzine mécontent et bigrement content de naître : NON DE NON ! Où toutes les formes d'écriture sont appelées à chauffer le fer. Poésie, fiction, réflexion... Les mauvaises herbes les plus improbables seront les bienvenues, pourvu qu'elles épicent en diable le plat de résistance, persistance, ou de tout ce que nous concoctera l'affirmation d'un tel refus. Refus des inerties, des piaillements, ronrons continuels ou autres présents perpétuels qui nous tiennent lieu de liberté, d'existences par défaut, de fausses fatalités. La tambouille ne sera d'ailleurs pas livrée aux seuls claviers des quatre zozos ci-dessus cités, mais également et surtout à l'indétermination de leurs invités. (Nous vous invitons d'ailleurs à vous inviter, illico le rafiot à l'eau, le 10 mai donc, car on n'est jamais mieux invité que par soi-même !...)
Tombeau pour les rares. Édition de Corlevour. mars 2010.144 p. 24 x 31 cm
Présentation :
Empruntant son nom au genre littéraire du Tombeau (déploration funèbre et monumen-
tale), cette exposition est une suite de vingt-sept portraits d’écrivains réalisés par le peintre et
poète Nicolas Rozier accompagné dans l’édification du Tombeau par vingt-neuf écrivains.
De septembre 2008 à novembre 2009, Nicolas Rozier a dessiné sur toile le portrait « inté-
rieur » des écrivains qui lui sont chers : 27 auteurs défunts réunis en ce livre intitulée Tombeau
pour les rares où Villon, Baudelaire et Artaud côtoient Ilarie Voronca, Gérald Neveu et Francis
Giauque. Les écrivains du Tombeau, des poètes essentiellement, exceptés Léon Bloy et Van Gogh,
sont ici réunis sous l’égide d’une «fragilité surpuissante», d’une faculté d’attaque dans le langage
qui les distingue radicalement jusqu’au franchissement du mur des paroxysmes où la littérature
devient une écriture de cœur. En vis-à-vis des portraits, Nicolas Rozier a invité 27 auteurs (dont
Zéno Bianu, Pierre Dhainaut, Marie-Claire Bancquart, Jacques Ancet…) à écrire sur leurs grands
aînés, le portrait écrit répondant au portrait dessiné.
Nicolas ROZIER, né en 1971, vit en Belgique où il écrit et dessine. Ses œuvres exposées en France et
en Belgique ont croisé les textes de Zéno Bianu, Pierre Dhainaut, José Galdo, Charles Dobzynski et
Olivier Penot-Lacassagne. Marcel Moreau a salué son travail dans la revue Nunc. Les revues Sorgue, Pyro,
Thaumaet Nunc ont accueilli ses dessins et ses textes. L’Écrouloir, écrit d’après un dessin d’Antonin
Artaud, est paru aux éditions Corlevour, en 2008 après un premier livre, L’Espèce amicale, (poèmes et des-
sins) chez fata morgana en 2006. L’astre des anéantis paraîtra en 2010 aux éditions de corlevour.
SOMMAIRE
Nicolas ROZIER Avant-propos
Pierre DHAINAUT ...Dans l’errance le désir de poursuivre...
Marcel MOREAU Introduction
LES RARES
Olivier PENOT-LACASSAGNE AntoninArtaud
Jean-Yves MASSON François Augiéras
Christophe VANROSSOM Charles Baudelaire
Pierre DHAINAUT Maurice Blanchard
Michel FOURCADE Léon Bloy
Jacques ANCET Alain Borne
Eric FERRARI Paul Chaulot
Patrick LAUPIN Luc Dietrich
Zéno BIANU Jean-Pierre Duprey
Charles DOBZYNSKI Benjamin Fondane
Jean Pierre BEGOT André Gaillard
José GALDO Francis Giauque
Marie-Hélène POPELARD Roger-Gilbert Lecomte
Marie-Claire BANCQUART André Laude
Alain MARC Laure
Didier MANYACH Gérald Neveu
Christian DUFOURQUET Jacques Prevel
Daniel GIRAUD André de Richaud
Jean-Yves BÉRIOU Arthur Rimbaud
Éric BROGNIET Armand Robin
Guy DAROL Stanislas Rodanski
Alain HOBÉ Colette Thomas
Guy BENOÎT Paul Valet
Marie BAUTHIAS Vincent Van Gogh
Serge RIVRON François Villon
Yves BUIN Ilarie Voronca
Muriel RICHARD-DUFOURQUET Unica Zürn
Patrick KRÉMER Le Soleil noir de la rareté
Arlette ALBERT-BIROT Extrême oxymore
Alain TOURNEUX & GérardMARTIN
Benjamin FONDANE 146x114 cm
EXPOSITIONS :
TOMBEAU POUR LES RARES
NICOLAS ROZIER
Portraits d’écrivains
Musée Arthur Rimbaud-Médiathèque «Voyelles»
Quai Rimbaud 08000 Charleville Mézière
Exposition du 19 mars au 9 mai 2010.
Rencontre-lecture le samedi 24 avril 2010 animée par Arlette Albert-Birot, Présidente du Marché
de la Poésie.Présentation des œuvres de Nicolas Rozier à 17 h, puis lectures, à la médiathèque Voyelles
à partir de 18h30, en présence des écrivains Zéno Bianu, Eric Brogniet, Pierre Dhainaut, Olivier Penot-
Lacassagne, Marie-Hélène Popelard et Christophe Van Rossom.
Halle Saint-Pierre
2, Rue Ronsard 75018 Paris
exposition du 4 au 30 juin 2010 (10h/18h)
vernissage-lectures le jeudi 3 juin à partir de 18h
lectures le samedi 5 juin à 15h et le dimanche 13 juin à 18h
Tombeau pour les rares
Editions de Corlevour,
Mars 2010
144 pages, 30 €
EDITIONS DE CORLEVOUR / REVUE NUNC
Rédaction : Rue Alphonse Hottat, 26 1050 BRUXELLES Belgique.
Tél : +32 (0) 473 89 84 01
SIÈGESOCIAL: 97, rue Henri Barbusse 92110 CLICHY
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LE SITE DES EDITIONS CORLEVOUR
POUR DE VRAI
C’est le titre de la prochaine exposition à Paris, consacrée à Samaya Veretout
QUI EST SAMAYA ?
«Une fille qui fend l’air sans avoir l’air…
L’histoire commence au début de la Terre
Nous étions nés avec déjà des adversaires
Le cœur en acier
Avec des sentiments de bois mélangés
Au signal donné :
Nous nous sommes mis à danser »
C’est ainsi que s’exprime Samaya Veretout. Ex-championne de France, technique de’ Viet Vo Dao’ en 1997. Le Viet Vo Dao utilise les principes Vo Vat, lutte vietnamienne, combinés aux techniques du judo.
Samaya grimpe vite au sommet. Imaginez, d’après ses vidéos, son parcours en flèche.
Samaya est une féline ou plus exactement une gazelle, pourchassée dans son propre enclos. Légère, souple, bondissante, elle maîtrise formidablement son art avec une technique magistrale qui nous laisse muet ou bien avec des oh ! de murmures. Personne n’aura sa proie.
Le vautour ne mange pas de feuilles, dit la chanson. Et l’homme n’est pas foncièrement bon. Mais en transformant, par l’alchimie du rythme et de la dérision, le combat en danse, c’est plus qu’une lutte joyeuse contre l’esclavage, la misère et la discrimination comme le mène la capoeira au Brésil. C’est une guerre victorieuse contre la violence et la haine qui domptées et bridées servent de montures fougueuses à l’amour goguenard et triomphant. On peut parler ainsi de l’art de Samaya. Danse martiale, combinée de ballet classique et de mouvements chorégraphiques tirés de quelques arts martiaux traditionnels japonais (karaté, kenjutsu ou aïdo) ou chinois (Kung Fu et Taïchi) et Vietnamien. Dans beaucoup de cultures, la danse est utilisée pour transmettre de génération en génération et de manière intéressante certaines techniques guerrières et mouvements provenant d’art martiaux pour éviter que celles-ci soient oubliées par le manque de pratique ou de pratiquants n’ayant plus autant de guerres et de combats à mains nues. Et nous ne pouvons que nous en féliciter. Bienvenu Merino
ARTS MARTIAUX ET DANSE DONNENT A SES PEINTURES UNE ATMOSPHERE SINGULIERE ET ENVOUTANTE
A NE PAS MANQUER
EXPOSITION DU 25 MARS AU 5 AVRIL 2010
VERNISSAGE 25 AVRIL
16h-23h
11 rue Saint Yves 75014 Paris
Tel : 01 43 20 95 95
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www.myspace.com/quelquechosedebleu
Synopsis] Les derniers du Culte par Eli Flory
Digressions] Lectures par Joseph Vebret
DOSSIER
Tu ne plagieras pas ton voisin par Eli Flory
RENCONTRE
Bernard-Henri Lévy sans masque par Joseph Vebret
CARTE BLANCHE À…
Fred Vargas. Sur le chemin
Aparté] Conseils à ceux qui croient pouvoir aider un écrivain en difficulté par Christian Cottet-Emard
RENCONTRE
Richard Millet : « Je défends la littérature » par Joseph Vebret
Une vie d’Écrivain
Jean d’Ormesson. Le bonheur d’écrire par Thierry Richard
Lire la musique] Rap et minimalisme par Guy Darol
ENTRETIEN
Gilles Heuré. À la rencontre de Paul Valéry par Joseph Vebret
Chemin faisant] Morceaux d’Amérique par Pierre Ducrozet
ENTRETIEN
Jean-Bernard Pouy. Le retour du Poulpe par Pierre Gillieth
CLASSIQUE
Alexandre Dumas. Cherchez le « nègre » par Frédéric Saenen
Les livres que vous n’avez pas lus] La face cachée de Cocteau par Bertrand du Chambon
Perdu de vue
Henri Béraud, un demi-siècle plus tard par Francis Bergeron
DOCUMENTS
Inédits : Bernard Frank en VO par Annick Geille
IDÉES
Pierre Leroux, un théoricien oublié, un philosophe négligé
par Jean-François Foulon
Économie du livre] Pasionarias de la librairie par Christophe Rioux
Les mains dans les poches] Dispersion par Anthony Dufraisse
LE CAHIER DES LIVRES
Focus, Romans, Documents, Théâtre, Musique, Revues, BD, En vrac
Musique & littératures] Le bonheur tranquille de Clarika par Jean-Daniel Belfond
Cinéma & littératures] Un Dumas caricatural par Anne-Sophie Demonchy
Relecture] L’Éternel mari de Dostoïevski par Stéphanie Hochet
Poésies] Petit tour de table par Gwen Garnier-Duguy
BONNES FEUILLES
La sélection d’Annick Geille
L’horizon, Patrick Modiano
Dans la cathédrale, Christian Oster
Les carnets d’Alexandra, Dominique Simon
L’écuyer mirobolant, Jérôme Garcin
Petit papa Noël, François Cérésa
Le conflit, Élisabeth Badinter
Quelques auteurs marquants par Annick Geille
Il était une fois l’Auteur…] L’Auteur participe à un salon (suite et fin) par Emmanuelle Allibert
Visages d’écrivains] Bernard Frank par Louis Monier
Avec : Emmanuelle Allibert, Marc Alpozzo, Bartleby, Stéphane Beau, Jean-Daniel Belfond, Francis Bergeron, Brigit Bontour, Arnaud Bordes, Adeline Bronner, Christian Cottet-Emard, Pierre Cormary, Guy Darol, Anne-Sophie Demonchy, Stéphanie des Horts, Bertrand du Chambon, Pierre Ducrozet, Anthony Dufraisse, Eli Flory, Jean-François Foulon, Gwen Garnier-Duguy, Annick Geille, Pierre Gillieth, Christophe Henning, Stéphanie Hochet, Christophe Mory, Jean-Jacques Nuel, Olivier Philipponnat, Thierry Richard, Christophe Rioux, Frédéric Saenen, Cécile Thomas, Marc Villemain, Carole Zalberg.
Photos : Louis Monier / Couverture : François Bouchon.
Illustrations : Miège et Innocent.
Coordination : Delphine Gay.
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N'est pas fée qui veut. Il faut un corps aux racines profondes dans le pays gelé. Il importe d'avoir vu avec les yeux du dedans ce que les sceptiques renvoient à la berlue. Qui se sert aujourd'hui de cette optique interne ? Les voyants font leur marché le samedi. Ils remplissent leurs paniers de pendules, de pyramides et de croix primordiales. Ce petit matériel suffit aux clients de l'avenir en rose. Ainsi équipé, il leur semble que les mediums y voient plus clair. Et pourtant, l'invisible existe. Il est cadastré en Islande et produit d'authentiques miracles, des êtres que l'on peut entendre et toucher. Ceux de Reykjavik le savent. Certains l'ont vu grandir. Quelques-uns (environ 5 000) ont capté la voix menue sur une galette spécialement gravée pour convaincre les incrédules. L'objet portait un mot de cinq lettres, comme un nom elfique, Björk. La petite n'avait que 11 ans mais déjà, elle savait manier le piano et la flûte. Surtout, elle possédait un grain de voix semblable à un cristal. Les chansons des Beatles ou de Stevie Wonder sortaient de sa bouche comme des nuances de prisme. Elle avait, assure-t-on, découvert Stockhausen, Debussy et Mahler à l'âge de 5 ans. On dit aussi qu'elle avait beaucoup écouté Janis Joplin, Eric Clapton, Jimi Hendrix au milieu des volutes de la communauté hippie où sa mère s'était réfugiée.
Dans ce royaume, les frontières sont évanescentes. Celles qui résistent sont durement éprouvées. Björk agite l'oriflamme brut de rock. Sa voix se fait aiguë pour redorer l'art des bruits. Elle intègre Spit and Snot, Exodus, formations de combat punk. Au sein de Tappi Tikarrass, elle fusionne funk et jazz. Son corps de fée indique 16 ans sur l'échelle du Grand Temps. Avant de rejoindre Kukl/Sykurmolarnir/The Sugarcubes, elle cisèle sur son bras gauche un compas de marine, direction pour ne pas se perdre. Cette rune de divination signe son appartenance à l'alphabet des origines. Les runes de l'alphabet nordique ont vertu magique. Les racines indo-européennes du mot signifient mystère ou parler en secret. Björk qui a enregistré « Gling-Gló », en 1990, album nourri de be-bop et chanté dans sa langue maternelle a désormais une voix. Tessiture susceptible de pulvériser l'homogénéité du cristal. Le timbre se souvient d'Ella Fitzgerald et de Nana Mouskouri que sa grand-mère lui fit connaître. Mais autre chose domine, à la ressemblance du murmure étouffant le cri, comme un hurlement voilé. À l'exemple de ses homologues islandais du groupe Sigur Rós, elle puise dans la tradition des rímur, ces ballades chantées à voix croisées dont la tradition remonte aux Eddas et à la poésie scaldique.
Rímur, Stockhausen, Mahler (surtout les Kindertotenlieder), Ella, Janis, voilà ce qui parle en secret dans le chaudron de sa voix elfique. Savant pêle-mêle où sans cesse se combinent profane et sacré. Fusion qui nie la décrépitude des symboles, le principe aristotélicien de non-contradiction. Björk est ailleurs, et son territoire aux contours superbement flous nous est livré dès « Debut » (1993), album qui transforme son art en satori. Nouvel éclat avec « Post » (1995) enregistré avec Graham Massay de 808 State et produit par Howie B., l'alchimiste électro qui a associé son nom à Massive Attack, Soul II Soul et U2. Cette publication que l'on aurait pu qualifier d'anthume précède le chaos. En 1996, Björk marave une journaliste sur l'aéroport de Bangkok avant d'être visée, dans sa thébaïde londonienne, par un colis piégé à l'acide sulfurique. L'expéditeur, un fan dangereusement énamouré, se donnera la mort en écoutant I Miss You, neuvième titre de « Post ». Femme fée devenue mère et idole, elle émigre en Espagne pour se mettre à l'abri. C'est là qu'elle donne naissance à l'épisode le plus tranchant de sa discographie. « Homogenic » qui synthétise, selon elle, l'alliance du rythme et de la voix, est l'œuvre de la reconstruction. L'édifice parfait semble jaillir de toutes les sources bues. Immense geyser bouillonnant d'inventivité, l'album révèle des inflexions apaisées, un ton introspectif. L'opus lyrique qui se situe sur une ligne trip-hop (avec des accents de techno hardcore) est habillé de cordes et de cuivres somptueux. Produit par Björk, Mark Bell (LFO), Guy Sigsworth et Howie B., il marque probablement une rupture (désillusion ?) ou un nouveau pas au-delà de l'ailleurs. Tel que « Medúlla » (2004) nous l'indique, dernière conspiration de l'invisible, géniale conjugaison des flux de Mike Patton, Rahzel et Robert Wyatt. Guy Darol
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Homogenic ONE LITTLE INDIAN/UNIVERSAL, 1997
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BJÖRK SITE FRANCOPHONE NON OFFICIEL
Barnley Hoskyns qui est un parfait géomètre de Los Angeles a parlé dans Waiting For The Sun de « la trinité païenne des morts du rock qui inaugura les années 70 ». Le triangle est connu et j'imagine qu'il est enseigné dans toutes les écoles où la musique est un pilier de culture. Pour ceux qui l'auraient oublié : Jimi Hendrix (septembre 70), Janis Joplin (octobre 70), Jim Morrison (juillet 71). Mais la décennie de l'errance a commencé avant la fin de partie d'Hendrix. Brian Jones (69) ouvre la voie des naufragés et certains d'entre vous auront raison de souligner que la mort d'Al Wilson (70) et de Brian Cole (72) fut pareillement traumatisante. Celle de Janis me fit pleurer. Si rapprochée de celle d'Hendrix que certains oseront dire (ne dit-on pas n'importe quoi ?) qu'elle précipita son suicide. Pour beaucoup d'entre nous, cette fin réputée suspecte (nez cassé, traces de lutte) avait valeur d'alerte. Elle démontrait que la drogue tue. C'était la version (rarement contestée) du docteur Thomas Noguchi. Il avait établi que Janis Joplin s'était injectée la totalité d'un sachet contenant 30% d'héroïne pure. Soit, six fois la dose habituellement utilisée par la chanteuse. Comment une jeune femme de 27 ans avait pu mettre un terme brutal à son parcours glorieux dans un hôtel d'Hollywood alors qu'elle préparait le meilleur de ses albums, accompagnée de son meilleur groupe ? La réponse est dans le cœur muet de Pearl, le surnom qu'elle s'était choisie pour mieux se fondre dans la communauté des êtres qui détestent les chefs. Son père n'était-il pas capitaine d'industrie dans une ville raffinière du Texas, Port Arthur, la plus moche de toutes les villes du monde, selon les mots de Janis ? Elle y avait chanté dans une chorale. Elle y avait écouté Bach et Beethoven mais surtout Bessie Smith, Odetta, Leadbelly, Big Mama Thornton. A l'université d'Austin, elle avait remporté le concours du mec le plus laid du campus. Ce qui reste à prouver. Tout lui parlait de fuite. Les livres des beat poets, ceux de Jack Kerouac ne lui donnaient pas le choix. Pour survivre, il fallait partir. Rejoindre San Francisco, la nouvelle Utopia. Là, elle rencontre Jorma Kaukonen (avant le Jefferson Airplane) et David Crosby. Dans les beautiful tribes d'Haight Ashbury, elle côtoie les membres d'un groupe psyché égalitaire. Big Brother and The Holding Company signe un contrat avec Mainstream Records (Carmen McRae, Helen Merrill, Nucleus) et réalise, Janis au front, un premier album éponyme. Frisco qu'elle croyait être la cité radieuse, sera son paradis de l'excès. Elle y découvre le goût de l'héroïne et du Southern Comfort, une boisson dont elle devient l'égérie commerciale. La firme de St. Louis lui offrira un manteau de fourrure pour la remercier de la publicité (involontaire !) faite à son enseigne.
Le samedi 17 juin 1967, au festival de Monterey (premier acte du summer of love), Janis Joplin casse la baraque. Elle ne dispose que de 15 minutes. Dans ce bref intervalle, les trois sculptures sonores qu'elle livre au public suffisent à l'ériger en superstar du blues. Sa version de Ball And Chain de Big Mama Thornton fige les sangs. L'incandescence du texte est une boule de feu dans sa gorge. Son poing fermé bat la mesure comme un marteau de rage. Une rage qu'elle condense sur « Cheap Thrills » (1968) où se détachent Piece Of My Heart et surtout Summertime, l'hymne des frères Gerschwin qu'aujourd'hui on traduit en onctueux trémolos. Cette « chaotique frénésie de petite fille déchirée » (Barnley Hoskyns) trouve de nouveaux élans. Et ce sont les musiciens du Kosmic Blues Band puis de l'excellent Full Tilt Boogie Band qui en donnent la couleur. Auréolée à Woodstock, elle se hisse sur scène soutenue par trois personnes. Sa voix de white blues singer n'a pas faibli mais le corps est brisé. Seul le grand repos parviendrait à estomper les ravages de l'héroïne et de l'alcool. Après le festival de Toronto et une kyrielle de dates, elle enregistre de nouvelles chansons (Cry Baby de Ragovoy & Berns, Mercedes Benz qu'elle compose avec le poète Michael McClure, Me And Bobby McGee de Kris Kristofferson et l'inoubliable Move Over), sous la houlette de Paul Rothchild, le producteur des Doors et du Butterfield Blues Band. La suite est un point final creusé dans la chair. Trop d'héroïne seringuée au Landmark Hotel et la mort sans témoins. « Pearl » est une œuvre posthume. « Ce que j'ai fait de mieux, dira Paul Rothchild, et probablement l'un des meilleurs albums arraché aux Sixties ». Guy Darol
The Pearl Sessions, Janis Joplin, avril 2012
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LIRE
Janis Joplin par Jean-Yves Reuzeau, Gallimard - Folio Biographie, 2007