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littérature - Page 15

  • LUC-OLIVIER D'ALGANGE

     

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    Luc-Olivier d'Algange

    La dernière livraison de La Presse Littéraire, publication trimestrielle emmenée par Joseph Vebret, nous intéresse pour plusieurs de ses sujets. Bien sûr, son dossier central célébrant Alain Fournier, car tout homme marchant le nez au vent dans les pas flâneurs d'André Hardellet respire avec dilection les fragrances musagètes du Grand Meaulnes. Mais retenons l'évocation de Wolfgang Hidesheimer par Jean-Luc Moreau. En feuilletant l'oeuvre de cet écrivain qui marqua d'un arrêt net sa contribution à l'histoire de la littérature, Jean-Luc Moreau fait de nouveau le point sur la Nouvelle Fiction et les malentendus qu'elle suscite quelquefois.

    Pour avoir découvert la manière de Luc-Olivier d'Algange dans un numéro spécial de la revue Cée consacré à Stanislas Rodanski, il me préoccupait d'approcher de plus près cet écrivain proche de Jean-Christophe Bailly, d'André Velter, de Bernard Noël et de F. J. Ossang. Tant il m'avait plu de lire les fragments (bien élégiaques) de Médiances du Prince Horoscopal, je cherchai dans ses propos recueillis par Christophe Gérard la permanence de l'éclat.

    Poète, métaphysicien, immarscescible dandy, Luc-Olivier d'Algange pense souverainement. Dans ce dense entretien, il nous dit sa mantique pour que la littérature demeure longtemps une clé.

    Quelques traits :

    "Ce qui importe dans un livre c'est une invitation vers "l'en-dehors"".

    "L'art d'écrire m'évoque la navigation. Nous prenons le large sur une embarcation plus ou moins frêle, avec une vague idée de retour, et sommes ensuite livrés à toutes sortes de chances maritimes ou météorologiques auxquelles nous ne pouvons presque rien."

    "L'écrivain est aruspice, il s'inspire des configurations aériennes."

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    La Presse Littéraire n°9 - mars/avril/mai 2007

    www.vebret.com

     

     

  • FIESTA POUR L'OISIVETE

     

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    Les candidats à la présidentielle font corps autour d’une même valeur, le travail. Jamais nous n’avions entendu clamorer avec autant de vacarme les bienfaits du travail. Comme s’ils se doutaient que la valeur n’enchantait pas, certains plus que d’autres insistent sur ses vertus. Travailler plus, c’est gagner plus. Différemment martelée, l’équation croustilleuse joue l’écholalie. On dit alors gagnant gagnant ou encore donnant donnant. Formules que l’on croyait en usage seulement dans les cours de récréation, lors d’une querelle de galapiats. Donc, le travail est à l’ordre du jour, comme un « point d’or » (Joseph Delteil), comme un pont céleste. Et l’on sent bien qu’il n’est pas que la réponse (tautologique) à la question du chômage. On devine autre chose.

    Par exemple, on devine la captation des énergies lascives sur la voie de l’effort. Non pas l’effort anti-productif des ahanements du plaisir, du frisson eudémoniste. Plutôt l’effort utile, celui qui sied aux acteurs marchands. L’huile de coude opposée à la sudation des joies. Et l’on voit bien que l’intention est de régler le pas, de mettre en rang, d’imposer au sifflet la marche courbée. Il s’agit en somme de réorganiser sur un ton martial une société hostile. Bien inspirée, il faut dire, par l’injonction qui fit florès en d’autres temps : « Ne travaillez jamais ! » Cette inscription de Guy Debord sur un mur du Quartier Latin ayant ouvert des voies, on s’applique aujourd’hui, avec des mots d’équerre, à effacer son souvenir.

    L’éloge de la paresse serait-il un hymne au sommeil ? Je ne le crois pas. La paresse est l’antidote aux effets du travail. Rappelons-nous que le travail, pour ce qu’il entre dans l’équilibre machinique, la belle harmonie du commerce, est synonyme d’oubli de soi. Et l’on sait que l’oubli de soi est l’étage supérieur de l’abandon à toutes les crapuleries. Que faire, lorsqu’on a tout donné, toutes ses forces, les étincelles de son corps et de son esprit ? Rien, il ne nous reste rien, sinon la soumission au spectacle cathodique, ultime réflexe avant l’endormissement.

    Or, la valeur travail est une ruse gigogne. Elle absorbe toutes les nuances du plaisir. Elle nie la créativité, la puissance d’être soi, dans la pleine possession de sa pensée, en contrôle de son êtreté. La société qui se dessine, vorace de notre temps, est une machine à tuer l’oisiveté. Impétueuse soufflerie, elle n’a qu’un but. Emporter dans une tornade noire, les principes de la paresse : gratuité et jeu. Car il n’est de vraie vie sans l’éden du jeu et la rencontre gratuite, sans l’innocence et le rêve, sans l’art que nous possédons, seul bien commun.

    « Fay ce que vouldras », devise de l’abbaye de Thélème, indiquait le chemin de la liberté, celui que l’on suit en flânant dans l’observance d’un temps qui ignore l’impérative cavale des heures.

    André Hardellet, un allié rabelaisien, nota mirifiquement que  l’oisiveté est mère de tous les talents. Il ne parlait pas trop vite. Cet antinomiste (qui tombe à pic ces jours-ci) employa les minutes de sa vie à ralentir tandis que la vitesse battait son plein. En lisant La promenade imaginaire, Donnez-moi le temps, la méthode vous est donnée. Elle convient à ceux qui résistent à l’entourloupe de la séduction-travail.

    Herman Hesse rédigea un ensemble de billets qui estoquaient les tayloristes de l’existence. Son Art de l’oisiveté est un régime succulent qui rejoint pointilleusement les conseils pour faire halte d’André Hardellet.

    Une fois de plus, ne nous laissons pas abuser par le discours malin des affidés de l’économisme. En aucune manière, nous ne chanterons les laudes du travail, le dogme de la servitude, l’écrasement du rêve moteur de la réalité. Il est d’autres penseurs, désobligeants, qui refusent de se coucher aux ordres. Prenez le temps, avant qu’on vous le vole, de puiser dans leurs livres d’éveil, le suc roboratif. Lisez plutôt ou relisez, dans les entractes du labeur, aux toilettes (selon Louis Calaferte, selon Henry Miller), ces joyaux de la littérature qui invitent au relâchement : Paul Lafargue bien sûr, également Clément Pansaers (L’Apologie de la paresse), Bertrand Russel (Éloge de l’oisiveté), Kazimir Malevitch (La Paresse comme vérité effective de l’homme), Robert Louis Stevenson (Une apologie des oisifs) et toute chose relançant l’espoir que la vie n’appartient pas aux puissances d’argent. Guy Darol

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    « Je suis un rêveur, un ennemi de toute règle et de toute mesure. Je cours d’une pensée à l’autre, d’un pays à un autre pays, comme l’hirondelle qui laisse aux beaux jours le soin de diriger son vol », Ernest Cœurderoy.

  • UN SITE POUR JACQUES STERNBERG

     

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    Jacques Sternberg a tour à tour été  romancier, pamphlétaire, essayiste, journaliste, chroniqueur, préfacier, directeur de publication, anthologiste, nouvelliste, conteur, auteur de pièces de théâtre, rewriter, scénariste, directeur de revue, directeur de collection, adaptateur. Avec 1800 nouvelles et contes courts répertoriés, Jacques Sternberg est à ce jour le nouvelliste de langue française, le plus prolifique du XXe siècle et de ce début du XXIe siècle.

    Ainsi nous est présenté avec concision l'humoriste noir que fut Jacques Sternberg dans les pages du site qui lui est désormais dédié. Bonne nouvelle qui en appelle une autre.

    Dans le numéro 579 de Jazz Magazine (mars 2007), Michel Boujut rend compte de son amitié pour cet "écrivain buissonnier" traînant "son spleen en Solex dans Paris et fuyant la société marchande en dériveur le long des côtes normandes".

    VISITER LE SITE JACQUES STERNBERG

    VOIR LE COURT-METRAGE DE RENE LALOUX ET ROLAND TOPOR. TEXTE DE JACQUES STERNBERG, 1964.

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  • ANTONIN ARTAUD ❘ ANDRE S. LABARTHE

     

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    Dirigée et présentée par Bernard Rapp, en collaboration avec Florence Mauro, l'émission Un siècle d'écrivains (1995-2001) diffusa un certain mercredi de l'an zéro un portrait d'Antonin Artaud réalisé par André S. Labarthe, cofondateur des Cahiers du Cinéma et producteur-réalisateur de la collection Cinéastes de notre temps.

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    VOIR L'EMISSION

  • PIERRE ALBERT-BIROT

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    Pierre-Albert Birot (autoportrait)

    Pierre Albert-Birot (1876-1967) est une figure cachée du temps Dada et de ses environs. Il est le revuiste de SIC (Sons, Idées, Couleurs) où furent publiés, entre 1916 et 1919, Guillaume Apollinaire, Max Jacob, Louis Aragon, Pierre Reverdy, Philippe Soupault et bien d'autres. Il est par ailleurs l'auteur des Six Livres de Grabinoulor, texte-fleuve précurseur de tant d'oeuvres qui masquent la source et que Jean-Michel Place édita en 1991. Il fallut cinquante années d'écritures à Pierre Albert-Birot pour venir à bout de Grabinoulor. Les mille pages de ce livre seront de nouveau disponibles chez Jean-Michel Place en avril prochain, tandis que les éditions Zulma annoncent pour le 8 mars la parution de Mon ami Kronos, réflexion sur le temps mangeur d'hommes. Egalement sur une certaine dévotion aux mots, manie dont cet écrivain à (re)découvrir est le meilleur emblème.

    ) PIERRE ALBERT-BIROT

    Mon ami Kronos

    Présenté par Arlette Albert-Birot

    Editions Zulma

    www.zulma.fr

    ) Grabinoulor

    Editions Jean-Michel Place

    www.jmplace.com

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    _________________________

    Oeuvres

    POÉSIE
    - Poésie I, 1916-1920 Rougerie
    Trente et un Poèmes de poche
    Poèmes quotidiens
    La Joie des sept couleurs
    La Triloterie
    -
    Poésie II, 1916-1924 Rougerie
    La Lune ou le Livre des poèmes ;
    -
    Poésie III, 1927-1937 Rougerie
    Poèmes à l’autre moi
    Le Cycle des douze poèmes de l’année
    -
    Poésie IV, 1931-1938 Rougerie
    Ma morte
    menpeine
    -
    Poésie V, 1938-1939, Rougerie
    La Panthère noire
    Miniatures
    -
    Poésie VI, 1945-1967, Rougerie
    Les Amusements naturels
    Cent dix Gouttes de poésie
    Cent Nouvelles Gouttes de poésie
    -
    Poésie VII, 1945-1952, Rougerie
    Aux trente-deux vents
    Le Train bleu
    -
    Poésie VIII, 1952-1966, Rougerie
    Dix Poèmes à la mer
    Tout finit par un sonnet
    La Belle Histoire
    -
    La Grande Vie
    Sept poèmes avec des lithographies originales de Cozette
    de Charmoy/ Ottezec
    -
    Trente et un Poèmes de poche, édition franco-polonaise,
    traduction Maria Broniewicz, Coll. "D’autres lieux", L’Inventaire
    -
    Plus oultre, Douze poèmes 1958-1959,
    Lettrines et gravures de Jean-Marc Brugeille,
    Pour le compte et le plaisir de J. M. B. et F. N., SIC.

    PROSE
    - Le Catalogue de l’antiquaire, Amiot-Lenganey
    -
    Les Mémoires d’Adam, suivis des Pages d’Ève, L’Allée
    -
    Rémy Floche, employé, L’Allée
    -
    Les Six Livres de Grabinoulor, J-M. Place
    -
    Cinémas, J-M. Place
    -
    L’Homme coupé, histoire extraordinaire, La Barbacane.

    THÉÂTRE
    - Théâtre I, Rougerie
    Matoum et Tévibar
    Larountala
    -
    Théâtre II, Rougerie
    L’Homme coupé en morceaux
    Le Bondieu
    -
    Théâtre III, Rougerie
    Les Femmes pliantes
    Image
    -
    Théâtre IV, Rougerie
    Plutus
    Matoum en Matoumoisie
    -
    Théâtre V, Rougerie
    La Dame enamourée
    Le Mariage tiré par les cheveux
    -
    Théâtre VI, Rougerie
    Le Petit Poucet
    Barbe Bleue
    suivis de Pièces-Études.

    - SIC, réimpression de la revue fondée, dirigée
    et animée par Pierre Albert-Birot (1916-1919)
    54 numéros, J-M. Place.

    - Poèmes à l’autre moi, complétés par La Joie des sept couleurs,
    Ma morte, La Panthère noire, préface de Joëlle Jean, Gallimard,
    coll. Poésie, 2004





     

  • CELINE BRUN-PICARD/GREGORY HALEUX ❘ NI UNE NI DEUX

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    Walter Benjamin

    Pour précipiter les coïncidences, pour recevoir les fruits du hasard, nous ne connaissons qu’une méthode, celle que mirent au point Guy Debord et André Breton, Hugo Von Hofmannsthal et André Hardellet, Robert Walser et John Cowper Powys, Montaigne et Walter Benjamin, Andrée Martignon et Jean-Jacques Rousseau, tous élèves d’Aristote, tous péripatéticiens. Cette méthode : la dérive.

    « J’aime à marcher à mon aise et m’arrêter quand il me plaît », Jean-Jacques Rousseau

    « Tout mouvement nous découvre », Montaigne

    « Quoi qu’il m’arrive dans la vie, le seul fait d’être capable de regarder la mousse verte, les branches tombées, etc., suffit à justifier le fait d’être né sur cette planète », John Cowper Powys

    « Une ivresse s’empare de celui qui a marché longtemps sans but dans les rues », Walter Benjamin

    « La formule pour renverser le monde, nous ne l’avons pas cherchée dans les livres, mais en errant », Guy Debord

    Le parfait flâneur est celui qui concilie l’errance avec la recherche du butin. Cette recherche, André Hardellet nous l’a souvent montrée, ne donne de résultats que si l’on s’applique à ralentir. Il faut s’abstraire pour voir. Il faut être sur une ligne parallèle aux lignes de course, itinéraires express, raccourcis supposés réduire le temps perdu.

    Le parfait flâneur perd son temps et ce qu’il cherche est souvent contenu au fond de lui. Lueur qui refuse de s’éteindre. Scintillements dont la continuité dépend du dehors.

    La rencontre avec le dehors fait battre le cœur du flâneur. Certaines images, certaines reliques, miettes, poussières, restants, objets retrouvés composent un hymne à l’enfance qui est le meilleur du butin.

    Chacun s’essaie à un moment ou à un autre au jeu des retrouvailles. Le chemin est souvent mental. Pour qui le taquine en extérieur, il mène tantôt à l’éblouissement, tantôt à la lumière noire.

    Le parfait flâneur peut imaginer que l’éblouissement surgira de la lumière noire. Il doit alors pratiquer son art au profond de la nuit. Lorsque tout somnole, seul le trésor remue.

    Céline Brun-Picard et Grégory Haleux ont fait un (ou, si vous voulez, ni une ni deux) pour explorer les replis de la neuille. Tel le voyeur (lisez, relisez Hardellet !), ils ont choisi les interstices, petits trous dans les bords de rues.

    De leurs flâneries menées sans hâte, entre juin 2004 et janvier 2005, ils ont conçu un dialogue singulier, celui de l’image et du texte, celui du mot qui fait perdre la tête au sens parce qu’il préfère à la ratio, le ricochet et la roue libre.

    Étant donnés est une série de textes génératifs, buissonniers, fugitifs, échappés du troupeau de la langue domestique. On songe autant à Lautréamont (dans l’emploi du « comme ») qu’à Marcelin Pleynet (pour l’écriture de Comme).

    En mettant en échec la rigidité des principes, les régularités sémantiques, Céline Brun-Picard et Grégory Haleux créent les conditions du livre en mouvement. Et particulièrement celle d’une poésie « course à ciel ouvert » (Denis Roche) qui secoue la littérature depuis trop longtemps assoupie. Étant donnés réalise l’union longtemps impensable de Matthieu Messagier et de Léon-Paul Fargue, de Maurice Roche et de Patrick Cloux. Une œuvre.

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    Étant donnés

    Céline Brun-Picard et Grégory Haleux

    Éditions Cynthia 3000, 2006

    Cynthia 3000

    43, avenue du Général Sarrail

    51000 Châlons-en-Champagne

    www.cynthia3000.info


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  • LA LITTERATURE SE PORTE BIEN, MERCI ! ❘ A PROPOS DE MARCEL SCHWOB, TZVETAN TODOROV, PIERRE BAYARD ET ERIC DUSSERT

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    Marcel Schwob

    Entre la littérature et la vie, certains n’hésitent pas, ils choisissent la littérature. Choisir la littérature, ce fut pour Marcel Schwob « la seule existence possible ». Ainsi l’a écrit le savant Sylvain Goudemare dans sa biographie sur l’auteur du grand, très grand Livre de Monelle copié par Gide. Schwob en était certain. La littérature était sa passion. La littérature était sa vie.

    Deux auteurs piqués de science nous déclarent aujourd’hui d’étranges choses. Selon le linguiste Tzvetan Todorov qui inventa avec Gérard Genette la poétique («étude des propriétés du discours littéraire »), la littérature est condamnée à disparaître du fait que son apprentissage institutionnel privilégie désormais la pédagogie des outils d’approche. Il est gonflé Todorov ou bien perclus de remords. C’est lui qui, accompagnant le combat de la textuation post-structurale, érigea l’écrit en pièce à disséquer. Todorov a beau se lamenter à la lecture d’un Bulletin officiel du ministère de l’Éducation Nationale qui ordonne d’envisager la littérature sur « un mode plus analytique », il siégea entre 1994 et 2004 au Conseil national des programmes. Fallait pas y aller Todorov ! Il ne fallait pas participer à une entreprise qui appelle, chaque jour un peu plus et à coups de projets et de projets de projets, à transformer magiquement l’art d’enseigner en une pseudo-science. Car à force de scientifier la vie (et la littérature, c’est l’égale de la vie), on aboutit à des situations comme celle où se trouve notre bon vieux Todorov qui tant aime la littérature. On se mord les doigts. On s’autoflagelle. On écrit La Littérature en péril, ouvrage incohérent, surtout pas boutefeu.

    Il peut écrire : « La littérature peut beaucoup ». Ou : « Si je me demande aujourd’hui pourquoi j’aime la littérature, la réponse qui me vient spontanément à l’esprit est : parce qu’elle m’aide à vivre. » Et conclure par : « À nous, adultes, incombe le devoir de transmettre aux nouvelles générations cet héritage fragile, ces paroles qui aident à mieux vivre. » On n’oublie pas qu’il contribua à ce qui me fit déserter l’université, jambes au cou : l’opération de dessèchement. Je conserve en mémoire inusable le souvenir de l’étude des Chants de Maldoror dans l’enceinte sorbonnarde post-soixante-huit par un professeur inspiré de la grammatologie en vogue : la mort est sûrement moins chiante. Cette dissection baveuse/bavarde ô combien a beaucoup participé à l’éloignement de la littérature, cet épicentre des émotions. Todorov peut geindre. Todorov peut prédire le pire.

    Le pire est derrière nous Todorov, du temps que vous étiez tendance.

    Un autre, publiant chez Minuit, se demande Comment parler des livres que l’on n’a pas lus ? Pierre Bayard, auteur d’essais aux titres choupaïesques (Comment améliorer les œuvres ratées ?, Qui a tué Roger Ackroyd ?, Demain est écrit), affirme qu’il n’est pas raisonnable de  tout lire. N’a pas tort. Question de bon sens. Puisque c’est mission impossible. Il recommande en suivant le propos de Robert Musil, dans L’Homme sans qualités, de se faire une « vue d’ensemble ». Il suffit, selon lui, de savoir où se place tel livre dans « la bibliothèque collective ». Non plus de prendre plaisir, serait-ce même, au texte. Puisque « la lecture est le lieu de l’évanescence », à quoi bon se fracturer la tête. Survolons. L’essentiel est de ne pas sembler bête lorsqu’on nous interrogera sur Marcel Proust ou sur James Joyce. Que l’on en sache par l’écho paraît important autant que d’en connaître par la lecture. Du moment que l’on puisse classer aisément. Du moment qu’à l’université, où tout le monde travaille, chacun sait, le professeur qui a zappé telle œuvre de Shakespeare ne soit pas pris pour un con à l’instant cruel où tel étudiant fouille-merde lui posera la question qui tue. Pierre Bayard démontre, références littéraires sous le coude, qu’on peut très bien faire illusion sans lire. Chapeau bas !

    Il manque le livre qui témoignerait en faveur de la littérature, de la littérature indestructible, naturellement. Celui qui nous dirait : perdez votre temps, lisez ou ne perdez pas votre temps, lisez – les deux propositions se valent. En vérité, l’ouvrage existe. Il est d’Éric Dussert et s’intitule La littérature est mauvaise fille. On songe à Charles Monselet (1825-1888) pour Les Oubliés et les Dédaignés (Poulet-Malassis et de Broise, 1857), recueil de figures littéraires de la fin du 18e siècle. Comme éditeur (au Griot), comme libraire d’anciens (9, rue du Cardinal Lemoine 75005 Paris), Sylvain Goudemaire fit/fait beaucoup pour perpétuer le nom de Monselet qui perpétua ceux de Barbara, Esquiros, Defontenay, Mercier, le Cousin Jacques, Olympe de Gouges, Rétif La littérature est mauvaise fille est dédié à Sylvain Goudemare. Cette collection d’écrivains rares s’ouvre justement sur une nouvelle de Charles Monselet.

    Éric Dussert a la passion des scintillements qui exigent la patience, l’attention soutenue, quelquefois la lorgnette (!). Sa chronique dans Le Matricule des Anges se nomme Les é garés, les oubliés. On voit sa concomitance avec celui qui signa Les Oubliés et les Dédaignés. Car Éric Dussert ne supporte pas que l’on passe sans voir auprès d’une œuvre, qu’elle soit actuelle ou inactuelle. Est-ce une passion ? N’est-il pas lui-même celui qui a choisi ? La littérature ou la vie. M’est avis que pour le critique littéraire et préfacier et éditeur et pamphlétaire (car il est tout cela à la fois), les deux marchent ensemble, d’un même pas flâneur. Une chose est absolument certaine, je ne vois pas Éric Dussert survoler ou arranger de mesquines combinaisons pour laisser accroire qu’il a lu un livre qu’il n’aurait pas lu ; je ne le vois pas désespérer de la littérature. Avec lui, soyons quiets, la littérature vit. Elle ne rapporte rien mais elle vit.

    Comme Charles Monselet ou Jacques Brenner (ces grands), il croit en une littérature analeptique, il pense que l’on peut aller/avancer mieux en lisant Bienvenu Merino qu’il vient de rééditer à l’Atelier du Gué. Il est convaincu qu’il nous faut découvrir ces écrivains du temps passé que la critique (si souvent paresseuse) a délaissé. Il invite avec son enthousiasme et son talent à se pencher maintenant, si possible maintenant, sur quelques écrits brefs de Jean Richepin (1849-1926)  ou de Théo Varlet (1878-1838), d’Isabelle Eberhardt (1877-1904) ou de Joseph Méry (1797-1866). Ils sont au nombre de quinze dans cette magnifique réunion à nous dire que la littérature fait vivre, qu’il fait bon vivre en la lisant. Pour chacun d’eux, Éric Dussert a donné tout ce qu’il a d’informations utiles. Si bien qu’après nous être enflammé pour L’expiation de Gabriel de Lautrec (1867-1938), on peut en apprendre sur ce « confrère de Georges Courteline et d’Alphonse Allais, un humoriste donc qui a redoublé de malchance en recevant un patronyme écrasant. » Tous les auteurs sont livrés avec une biographie et la preuve qu’ils sont exceptionnels. Éric Dussert qui est un homme de bon goût a évidemment choisi le meilleur de ce qu’ils avaient créé dans le bref, l’adamantin. Si bien que son livre est une démonstration que l’amour de la littérature ne crèvera jamais, qu’elle est consubstantielle du cœur, un battement nécessaire. Pas un cadavre, Todorov, pas un cadavre ! Donc,  en dépit des craintes d’apprenti sorcier et des carambouilles d’herméneutes malins,  la littérature, elle se porte bien. Enfin, comme elle peut, avec l’intérêt qu’on lui porte. Elle va solitaire la littérature, accompagnée toujours de solitaires. Elle va, elle va bien. Oui, merci. Guy Darol

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    Marcel Schwob ou les vies imaginaires

    Sylvain Goudemare

    341 pages, 21,19€

    Le cherche midi éditeur, novembre 2000

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    La littérature en péril

    Tzvetan Todorov

    93 pages, 12€

    Flammarion, collection Café Voltaire, décembre 2006

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    Comment parler des livres que l’on n’a pas lus ?

    Pierre Bayard

    163 pages, 15€

    Les Éditions de Minuit, décembre 2006

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    La littérature est mauvaise fille

    Éric Dussert

    197 pages, 19€

    Atelier du Gué, novembre 2006

    www.cherche-midi.com

    www.flammarion.com

    www.leseditionsdeminuit.fr

    www.atelierdugue.com

    Ma fille Olinka a sept ans aujourd'hui, à cette heure.

    "Il faut se faire une déraison."

    Mais, au fait, qui signa cet exact constat ?


     

  • 'PATAPHYSIQUE ❘ ALFRED JARRY ❘ JEAN-PIERRE BRISSET ❘ JACQUES CARELMAN

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    Il n’est pas trop tôt pour célébrer le jour des morts ou, plus merveilleusement encore, le jour où Alfred Jarry enfourcha son vélo pour un dernier voyage. Car c’est bien le 1er novembre 1907 que l’inventeur de la ‘Pataphysique replia sa gidouille. Cela fait cent ans, à quelques saintes Ferfette près – pour jacasser comme Claude Ponti.

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    Le Centre International de Poésie de Marseille n’a pas attendu de se faire doubler par les grosses cylindrées de la commémoration.

    Il a lancé la chose et ce n’est pas une mandorlade autour de l’ubuesque crâne.

    Plutôt une exposition sur ses effets.

    Intitulée ‘Pataphysique, langages & machines.

    Et c’est commencé depuis le vendredi 26 janvier.

    Jusqu’au samedi 10 mars 2007 (ou lundi 16 pédale CXXXIV), l’abri massalien de la poésie mappemondiale est ouvert aux curieux de, notamment, Jean-Pierre Brisset (1857-1923) qui théorisa avec beaucoup de certitudes sur le fait que le langage que nous coassons fut inventé par les grenouilles et, Jacques Carelman qu’il serait hâtif de résumer aux seuls objets et timbres-poste introuvables qu’il imagina.

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    Pour l’ambroisie, il convient de se rendre

    ۩,2 rue de la Charité – 13236 Marseille

    ♪ 04 91 91 26 45

    www.cipmarseille.com

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    Jacques Carelman
  • JEAN L'ANSELME

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    Jean L'Anselme

    Du même tonneau, dont on fait les devins, que Jean Dubuffet et Gaston Chaissac, Jean-Marc Minotte alias Jean L’Anselme (à tout vent, merci à la maison Larousse !) est né le 31 décembre 1919. À minuit, soyons exact, ce qui fait hésiter sur son âge actuel. Car ce défenseur d’une poésie sans dieu ni maître, ce self made man du vers définitivement libre est un contempteur du temps sagittal qui dicte les modes. N’ont pas d’âge ceux qui préfèrent la vie sauvage et primitive, l’art sans dossier de presse ni félicitations du jury, la poésie faite par tous.

    Immarcescible, Jean L’Anselme est fort d’un humour que l’on devrait copier et d’une bibliographie copieuse. Ses œuvres qui riment avec la déraison, l’impertinence et l’ânerie de bon aloi sont en grande part publiées par Rougerie. Elles dénoncent « les écrits tarabiscotés » qui ne veulent rien dire mais feignent de nous faire croire qu’ils disent plus subtilement l’insondable dessous des choses. Elles dénoncent mais elles proposent : une poésie vitaminique, une littérature souriante pour ne pas dire désopilante. Hors-mode en un temps où la joie est considérée comme une insulte à l’intelligence, ce poète moins sobre que calembourré est ignoré de la rue d’Ulm au Centre International de Poésie, autrement dit de L’Arctique à l’Antarctique, contrées au demeurant bien froides.  Dommage car avec Jean L’Anselme la vie est moins chiante, on se marre et ça réchauffe.

    Cet ancien international de handball à la voix façonnée dans le tendre burlesque sera joué (mais pas refait) par Didier Parmain le dimanche 11 février 2007. Ne cherchez, je vous en prie, aucun mauvais prétexte pour aller le saluer ce jour-là à l'Auditorium de la Halle Saint-Pierre. Ce serait vous priver. Guy Darol

    CONSEILS A UN JEUNE POÈTE

    Jean L'Anselme

    Certes, je ne vais pas tout te dire ; je me limiterai à quelques points et non des plus encourageants. Ne te crois pas tout d'abord issu de la cuisse de Jupiter. Remettons la poésie à sa juste mesure, ce n'est plus un objet de culte, une affaire de caste. On ne naît pas poète, on naît comme on est, c'est-à-dire comme tout le monde. N'importe qui peut être poète, je suis moi-même n'importe qui. Il n'y a d'ailleurs pas d'école où on enseigne la poésie pour en ressortir avec un CAP alors que, dans les autres domaines de l'art, il existe des conservatoires et des académies. C'est une réalité à laquelle on ne songe guère. Nous sommes donc des millions de poètes comme toi. Souvent sans le savoir.
    Le statut de poète a donc bien changé. Le poète n'est plus celui qui dans le ciel cherche la route que lui montre la main du seigneur, comme le définissait Chatterton, son existence est plus terrestre, bien plus ordinaire. Dans la configuration actuelle où chacun dispose de tous les moyens de communication pour se faire connaître de son vivant, le poète, comme tout artiste en général, ne travaille plus pour avoir son nom dans le dictionnaire. S'il n'arrive pas à se faire remarquer avant de mourir, c'est parce que, tout simplement, il n'en vaut pas la peine. Dans notre société de consommation, il se trouve voué, comme le frigo et la télé, à une utilisation temporaire et immédiate. Il ne dispose que d'une garantie limitée, il a lui aussi sa date de péremption, la durée de son existence. Le Conservateur du château de Versailles disait à Jacques Chancel qu'en matière d'art," nous vivions une période de l'éphémère". Et cette affirmation, dans la bouche de celui à qui incombait la protection et la sauvegarde des chefs- d'oeuvre éternels, résonnait lugubrement.

    On combat actuellement dans l'art les notions de pérennité et de postérité en le rendant vulnérable et en l'assimilant à un simple objet d'usage ordinaire. Les toiles sont peintes "au pistolet"; on incorpore des éléments qui refusent l'amalgame et se séparent de leur support. Les collectionneurs s'interrogent sur la durée de leurs acquisitions. On crée des"happenings", des "événements", des "autodafés ", c'est-à-dire des œuvres sans lendemain. Christo "emballe" le Pont-Neuf et le déshabille quinze jours plus tard. Personnellement, je travaille beaucoup sur les slogans publicitaires, l'actualité, ce qui rend mes écrits précaires sans espérance de lendemains glorieux.

    Tu aimes la poésie sinon tu n'en ferais pas. Pour le moment, tu es son amant (son aimant), tu couches avec, c'est le coup de foudre, Capoue, Cythère, le pied ! Sache toutefois que si tu veux te faire accepter, il te faudra lui jurer de mourir avec elle et de lui en donner la preuve. Elle n'a cure des amours passagères, de l'inconstance, des flirts entre deux trains. Pour en arriver à ce stade, il te faudra traverser un long désert d'indifférence, d'ingratitude, de solitude où tout ce que tu écriras en t'arrachant les tripes comme le pélican, tombera dans un puits profond sans le moindre écho. Songe qu'à l'approche de mes 55 ans, après avoir écrit je ne sais plus combien d'ouvrages, Pierre Seghers me disait : "Tu vois, tu es encore pour moi un jeune poète". N'est donc pas poète qui le veut, mais qui le prouve, à la longue, patiemment.

    Nous l'avons dit, il n'y a pas d'école pour apprendre, alors que fait celui qui ambitionne d'être poète ? Eh bien, spontanément, en bon autodidacte, il écrit, il écrit d'après ce qu'il connaît, c'est-à-dire ses classiques, donc à l'ancienne. Il commence donc à faire des " à la manière de" ce qu'il aime, il fait de la décalcomanie vieillotte. Mais il lui faut passer ce cap, il lui appartient pour cela de dévorer tout ce qui est neuf, nouveau, contemporain. Il passera alors du stade du pastiche à celui de la connaissance. Il se mettra à écrire différemment, en fonction de ce nouvel acquit. Ses écrits prendront un nouveau visage, respireront autrement. Tu peux penser, à ce degré, qu'il est arrivé à la maîtrise, à son apogée. Erreur! S'il veut être absolument différent, il lui faudra effacer tout ce qui l'a nourri. "Le véritable artiste, dit Derain, est l'homme inculte", c'est-à-dire qu'il devra oublier tout ce qu'il a appris pour ne ressembler à personne.

    A l'examen de ce long parcours, tu ne t'étonneras donc pas si le poète ne peut bénéficier d'une certaine reconnaissance générale qu à l’approche de ses 70 ans et qu'il ne vit véritablement sa grande consécration qu'entre 80 et 95 ans, d'autant plus que les médias qui devraient servir à sa célébration ne lui accordent pas plus d'importance qu'à un joueur de quilles.

    Je te souhaite donc bon courage et longue vie.

    A présent oublie tout ce que je viens de te dire et n'écoute pas les autres. Si j'avais moi-même suivi les conseils qui me furent prodigués, je n'en serais pas à prôner un art à contre-culture et à proposer la réhabilitation du laid pour qu'il soit le beau de demain. Qui de sensé aurait pu me mettre sur cette route ? Malgré tous ces propos peu encourageants, sache que l'aventure en vaut la peine. Dis-toi que "la garce n'a pas besoin de fesses de printemps et d'un sexe de glaïeul" pour qu'on en soit épris d'un amour fou.

    Publié dans Poésie/Première n°13

    Bibliographie (extrait)

    Ça ne casse pas trois pattes à un canard et après ?, Mortemart, Rougerie, 2005

    La chasse d'eau, les poèmes cons, manifeste suivi d'exemples, Mortemart, Rougerie, 2001

    Le ris de veau, Mortemart, Rougerie, 1995

    Pensées et proverbes de Maxime Dicton, banalités, bêtises, paradoxes, balivernes, lieux communs et autres propos sérieux de l'auteur, Mortemart, Rougerie, 1991

    Bêtises, paradoxes, balivernes et autres propos sérieux de Maxime Dicton, Paris, les éditions La Bruyère, 1989

    Qui parle de bonheur, Paris, L'Ecole, Collection "Poètes contemporains", 1985

    L'Anselme à tous vents..., Mortemart, Rougerie, 1984

    L'Humour raconté aux (grands) enfants, Paris, Les Éditions ouvrières, 1988

    La France et ses environs, poésies instructives suivies de Vers de mirliton, Mortemart, Rougerie, 1981

    Les Poubelles, Manifeste des poubelles et autres poèmes, complété d'un Hommage à "Tel quel", Rougerie, 1977

    Qui parle de bonheur, Tire-Lyre, Paris, L'Ecole des loisirs, 1977

    La Foire à la ferraille, Paris, Les Éditeurs français réunis, 1974

    Du vers dépoli au vers cathédrale, avec une intervention intempestive de Michel Ragon, Mortemart, Rougerie, 1962

    La danse macabre, poème, dessins de Théo Kerg, Mortemart, Rougerie,  1951

    Chansons à hurler sur les toits, Paris, chez l'auteur, 1950

    Sur Jean L’Anselme

    ● La Nouvelle Revue Moderne

    Numéro spécial

    Jean L’Anselme – Vive la poésie

    94, rue Kléber 59493 Villeneuve d’Ascq

    Jean L’Anselme : Pour de rire, pour de vrai

    Jacques Lardoux

    Presses de l’Université d’Angers, 249 pages, 2004

    ● Rougerie éditeur

    7, rue de l’Échauguette 87 330 Mortemart

    Jean L'Anselme
    et ses poésies au ris de veau, au ris au laid, pleines de ris aux mots dans un ragoût mâché par
    Denis Parmain
    pour un voyage Con Comme la Lune

    à la HALLE SAINT PIERRE

    A l'auditorium, le dimanche 11 février 2007, à 16 heures.

    Entrée libre

    2, rue Ronsard – 75018 PARIS
    Tél. 01 42 58 72 89
    Métro Anvers/Abbesses
    Con comme la lune,
    est une agitation que le poète partage avec Denis Parmain comédien con, mais aussi avec joie et bonheur.



    HALLE SAINT-PIERRE - Auditorium
    2, rue Ronsard - 75018 Paris
    Tél. : 01 42 58 72 89 - Fax : 01 42 64 39 78
    Métro : Anvers/Abbesses
    www.hallesaintpierre.org





     

  • ANDRE BLANCHARD

     

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    Il ne fait pas grand-chose pour s’exposer à tous les regards sinon faire acte de présence dans une galerie d’art à Vesoul. Il refuse de se hisser au sommet de l’échelle qu’on lui tend. Nous aurions pu lire son portrait en quatrième du quotidien Libération ou découvrir chaque minute de sa vie dans les pages du Matricule des Anges. Il paraît que la télévision a beaucoup insisté pour qu’il s’anime dans le cadre.

    André Blanchard s’est toujours esquivé mais de certaine louange il n’a pu se sauver comme de l’hommage génufléchi que lui adressa Frédéric Beigbeder et qui orne le rabat d’Entre chien et loup, réédition de ses premiers Carnets publiés en 1989.

    Heureusement, nous apprenons que Jacques Brenner (un vrai poids lourd des Lettres) signala en son Journal que ces Carnets sont un acte de «littérature à part ».

    Et voilà, je suis passé à côté d’André Blanchard comme d’une main qui aide à sauter les remous. En le découvrant aujourd’hui, j’augmente cependant mon trésor de joies. Car cet écrivain qui observe le monde en recourant à la littérature est l’auteur de sept volumes. Ouf ! Il m’en reste cinq à déguster (à tous les sens du verbe) et cette attente est mon régal.

    Je crains que malgré ses précautions contre le succès, la digestion de ses écrits par les machines du spectacle, je crains qu’André Blanchard ne soit déjà trendy. Quelque intuition me dit qu’en lisant ce billet, certains parmi mes pointus visiteurs, vont étouffer un vilain ricanement. Quoi, Guy Darol a survécu depuis 1989 sans connaître le carnettiste Blanchard ! J’entends venir cela comme le ras-de-marée mode qui s’annonce. Ils vont tous s’y mettre et le galeriste érémitique ne pourra nibe face à ce tsunami d’admiration.

    D’aucuns vont y voir un phénomène à la taille de Julien Gracq, Maurice Blanchot. Et comme l’insulte qui manque au temps, celle qu’incarna par exemple Guy Debord.

    Je crains qu’André Blanchard, 56 ans, soit contraint à prendre le maquis, loin de Vesoul. D’avoir sous-estimé l’opiniâtreté des moyens, la puissance de feu de l’ennemi. Le spectacle (ou, si vous voulez, la société technomédiatique) n’apprécie guère qu’on se refuse à son plaisir.
    Combien de temps parviendra-t-il à se faire oublier ?

    Je recommande aux entêtés de le lire (serait-ce un chouïa) avant de s’y piquer. André Blanchard, nombreux l’ont désigné successeur de Léautaud, n’est pas un tendre. Au ton qu’il adopte, son refus de rigoler dans l’arène pourrait anticiper une séance de cous tordus. Il possède une excellente énergie de démolition (certains ont cru voir renaître Léon Bloy) susceptible de terroriser y compris les morts.

    Pas la mort, cette fin au cœur de chaque jour, sujet sur lequel il réfléchit beaucoup sans nous infliger de prothèses. Car il faut bien dire que ses empoignades avec le concret, le dur, la réalité sans chichis, font de lui l’écrivain dont la littérature a le plus grand besoin. Guy Darol

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    "Et si je révolutionnais ce fichu pacte autobiographique en ne parlant plus de moi ? Pas chiche ! Disons que cela n'aurait rien du sacrifice tant, dans ces Carnets, l'autobiographie arrive loin derrière le reste ; et encore ! elle se prévaut de l'ombre plus que du grand jour", André Blanchard

    Entre chien et loup, Carnets, avril-septembre 1987, Le Dilettante, janvier 2007

    121 pages, 14 €

    Contrebande, Carnets 2003-2005, Le Dilettante, janvier 2007

    317 pages, 20 €

    En librairie le 2 février 2007

    Visiter les éditions Le Dilettante

    www.ledilettante.com

    Librairie-Editions Le Dilettante

    19, rue Racine

    75006 Paris

    "Chaque achat de livres, c'est un bail de quelques jours que je signe avec l'amour de la vie", André Blanchard.