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littérature - Page 17

  • LESTER BANGS ❘ JIM DEROGATIS

     

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    Parue en 2000 chez Broadway Books/Random House, la biographie de Lester Bangs (1948-1982) vient de nous arriver, traduite par Jean-Paul Mourlon. Son auteur, Jim DeRogatis, connaît bien son sujet. Non seulement il a rencontré Lester Bangs mais il a approché la plupart des témoins.

    Spécialiste des musiques psychédéliques et défricheur de la littérature rock, Jim DeRogatis possède, de surcroît, les bases utiles pour exposer une trajectoire où il est utile de maîtriser tant soit peu la culture littéraire étatsunienne du siècle dernier.

    Tout d’abord parce que Lester Bangs inscrit son nom au sein d’un nouveau courant, le gonzo journalism, genre dont Hunter S. Thompson est l’initiateur et qui inaugure, en littérature, une nouvelle méthode consistant à placer le moi au devant de toute réflexion.

    Dans l’énonciation du phénomène rock, à la fin des années 1960, Lester Bangs est le premier rock critic à exercer la pratique de la parole subjective tout en laissant aller une plume rapide, généralement caustique et nourrie d’images qui résultent autant des procédés mis au point par Brion Gysin et William Burroughs que du flux verbal introduit par Jack Kerouac. Admirateur de ce dernier, il construit un style où les analogies syncopées et les coïncidences-farces renvoient, sans qu’ils les citent jamais, aux imprécations et aux formules d’Arthur Cravan et de Francis Picabia.

    Avec lui, l’événement rock devient prétexte à des correspondances, à des glissements qui emmènent le journalisme sur le terrain de la littérature.

    Enfin cette nouvelle pratique s’appuie sur une technique jusque là ignorée des rédactions car elle privilégie l’affrontement. Lester Bangs considère, en effet, qu’il importe de secouer les statues pour faire entendre le bruit du dedans. L’épisode le plus notoire étant celui de sa rencontre avec Lou Reed dont il parvient à faire sauter la pose favorisant ainsi  l’expression de vérités aiguës.

    Jim DeRogatis ne se contente pas de narrer, dans leur succession chronologique, les faits qui aboutiront à la destruction physique de Lester Bangs à force d’alcool et de dragées multicolores, il explique la genèse d’un effondrement.

    Et c’est en explorant le pays de l’enfance que le biographe trouve tous les éléments constitutifs de la chute autant que les raisons qui poussent Bangs à écrire profusément comme s’il fallait aller vite, le plus vite possible. L’écriture nous apparaît alors comme une réflexe de survie, l’autre remède (avec les alcools, sirops et comprimés) à la souffrance native.

    Né d’une mère Témoin de Jéhovah et d’un père calciné dans un incendie, âgé de 41 ans, Lester se construit dans l’effroi et le manque d’amour. La drogue et la littérature constituent pour lui deux échappées qui dessinent la forme du chaos. Même s’il cherche éperdument un socle sentimental, il ne parvient jamais à inscrire ses élans lyriques dans une quelconque durée. Aimé des femmes, il ne peut qu’inventer ce don que l’on reçoit, en preuves constantes, tout au long de l’enfance. Lester n’a rien à offrir que son génie flambé et qui brûle lentement comme un écho démultiplié de la mort du père.

    Il devient le meilleur journaliste de Creem, sorte d’organe somptueux de la contre-culture américaine, le prosélyte punk (il en popularisa le mot) et l’agent de propagation du heavy metal. Ses articles ( dans Rolling Stone, Fusion, Village Voice…) sont une source d’inspiration pour Nick Kent et de fascination pour Richard Meltzer, Nick Tosches et Greil Marcus.

    L’ouvrage de DeRogatis est évidemment farci de rencontres et d’évocations. On y croise de bien grandes figures : Captain Beefheart, Patti Smith, David Thomas, Brian Eno, Wayne Kramer, toutes palpables et parfaitement liées au destin de Bangs.

    medium_Birdland.jpgIl contient quelques traductions de textes qui appartiennent à la période qui précède la chute, celle où le rock critic se fait chanteur tout à fait estimable. Également une bibliographie exhaustive qui témoigne qu’en 32 ans d’existence Bangs n’a cessé d’écrire pour ne pas devenir fou ou, simplement, pour ne pas hâter le crépitement du feu. Guy Darol

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    Lester Bangs

    Mégatonnique Rock Critic

    Jim DeRogatis

    tyle="color: #000000;">Éditions Tristram, septembre 2006

    377 pages, 24 €

    En librairie le 29 septembre 2006

    Psychotic Reactions & autres carburateurs flingués

    Lester Bangs

    Editions Tristram

    Fêtes sanglantes & mauvais goût

    Lester Bangs

    Editions Tristram

    Long-box anthologique 3 CD

    Bande-son de la vie et de l’œuvre de Lester Bangs

    45 titres comprenant des titres connus ou méconnus de Count Five, Iggy and the Sttoges, Richard Hell, Rocket From the Toms, Pere Ubu, Shadows Of Knight, MC5, The Byrds, Bob Dylan, Van Morrison, Rod Stewart, The Vibrators, Wet Willie, The J. Geils Band, Lester Bangs and the Delinquents, Ornette Coleman, Miles Davis, Television, Patti Smith, Toots and the Maytals, Max Romeo and the Upsetters, U Roy, Peter Tosh, The Clash, Public Image Ltd, Captain Beefheart, The Runaways, Black Sabbath, Nico, Wire, Brian no, Alice Cooper, The New York Dolls, The Velvet Underground, Lou Reed, Mott The Hopple, Elvis Presley, Suicide, Kraftwerk.

    Livret de 20 pages avec des textes de Lester Bangs et des photos extraites de sa biographie.

    SONY BMG, septembre 2006

    Turn On Your Mind

    Four Decades Of Great Psychedelic Rock

    Jim DeRogatis

    Hal Leonard, 2003

    Kill Your Idol

    A New Generation of Rock Writers

    Jim DeRogatis

    Barricade Books, 2004.

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    Almost Famous

    Film de Cameron Crowe, 2000

    Avec Philip Seymour Hoffmann dans le rôle de Lester Bangs

    Enfin, voici l’album hautement recommandé par Lester Bangs. Celui qu’il faut prévoir en cas de naufrage et d’île déserte.

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    VAN MORRISON

    Astral Weeks

    WARNER, 1968

    Cet Irlandais de Belfast rend aujourd’hui hommage à Hank Williams et Big Joe Turner. « Pay The Devil », son dernier album (mars 2006) sonne comme une dette acquittée. Van Morrison est un soulman blanc et son grain de voix unique roule les peines de Solomon Burke, les misères de Bobby Womack. En 1968, à 23 ans,  il enregistre « Astral Weeks », séminal album qui ouvre des voies aux complaintes pop. Les meilleurs (Elvis Costello, Willy Deville, Bruce Springsteen) avouent leur descendance dans le sillage de ce huit titres historique. Tant de protestataires ont adopté l’accent de cet artefact-brûlot qu’il est troublant d’écouter « Sweet Thing » et n’importe quel track de Tracy Chapman. Par exemple. Guy Darol

    Website de Jim DeRogatis

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  • JEAN LUPU ET LES VALISES DE LA MORT

     

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    Après avoir publié La Bague, les éditions Michel Champendal s’apprêtent à faire paraître Les Valises de la mort, du même Jean Lupu.

    Quand un grain de sable enraye la mécanique bien huilée de votre existence, vous pouvez devenir, malgré vous, un violeur d’une créature de rêve, un assassin, un kidnappeur, un fugitif, et rencontrer l’amour et la mort.

    En quelques mots, voici le schéma de ce nouveau roman qui s’annonce noir, très noir.

    Les Valises de la mort

    Jean Lupu

    à paraître aux éditions Michel Champendal

    http://mchampendal.blogspot.com/

    Lire ici l’entretien avec Michel Champendal

  • FRANZ KAFKA EN BANDE DESSINEE

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    On connaissait les couples Céline/Tardi, Druillet/Flaubert, Gary/Verret, Proust/Heuet, Tolstoï/Rabate, ces noces éblouissantes de la littérature et de la bande dessinée. Voici L’Amérique (celle de Franz Kafka) adaptée en trois tomes par Daniel Casanave, auteur de Macbeth (d’après Shakespeare), L’Histoire du soldat (d’après Ramuz), Ubu Roi (d’après Jarry). Le graphisme envoûtant est de Robert Cara qui a publié (avec Daniel Casanave) un almanach anti-clérical.
    Le premier tome est paru. Il comprend les trois premiers chapitres du roman de Kafka. Le second tome (chapitres 4, 5 et 6) est annoncé pour la fin de l’année.



    L’Amérique – tome 1 sur 3
     Une villa aux environs de New York
     80 pages – Format 22X30 cm – noir & blanc
     20 €
     Éditions 6 Pieds Sous Terre
     www.pastis.org/6piedssousterre/
     6pieds@pastis.org

  • CLAUDE TARNAUD ❘ STANISLAS RODANSKI

    Cher Monsieur,
    Je viens de lire vos articles concernant Stanislas Rodanski et vais tâcher de débusquer une édition de "La victoire à l'ombre des ailes" (peut-être l'édition Christian Bourgois est-elle encore disponible).
    Permettez-moi d'évoquer un auteur que je viens de découvrir par hasard et que vous citez à propos de Rodanski, à savoir Claude Tarnaud. En recherchant quelques informations le concernant sur internet, ce qui m'a conduit à votre site, je n'ai guère trouvé de traces bibliographiques et biographiques (exception miraculeuse : une photographie sur un site consacré à Jacques Rigaut). Quant aux recherches en bibliothèque, elles m'ont permis de découvrir qu'un dossier lui avait été consacré dans le premier numéro de la revue "Supérieur Inconnu" (où l'on retrouve la fameuse photo "Souvenir de Genève").
    Finalement, fort peu de choses concernant cet auteur, mais peut-être pourrez-vous m'expliquer ce silence, injuste si j'en crois "L'Aventure de la Marie-Jeanne" et "De ou Le bout du Monde", deux ouvrages enthousiasmants qui ont été réédités par un petit éditeur en 2000 et 2003. Il y aurait pourtant matière à dérives autour de cette figure et j'espère que d'ici peu un passionné nous en fera profiter.
    Sans aucun doute connaissez vous l'"Aventure de la Marie-Jeanne" où apparaissent des lettres signées Stan Lancelo. Tout un réseau de "coïncidences" envoûtantes se développe au long du récit et la lutte avec la murène dans les eaux claires de l'Océan Indien m'ont immédiatement évoqué la scène de la Dame de Shangaï  où les deux amants, Rita et Orson, se réfugient dans les salles d'un Aquarium d'où surgissent les monstres marins parmi lesquels une énorme murène.
    Je ne sais si Stanislas Rodanski a évoqué ce film de 1948 dans ses écrits, mais il y a fort à parier qu'il l'a vu et qu'il a été subjugué par la "blonde" Rita Hayworth. Mais sans doute en savez-vous plus sur ce point de même que sur la très mystérieuse Béatrice de La Sablière...
    En espérant ne pas vous importuner, l'actualité nous rappelant à la dure réalité.
    Très cordialement.
    -align: justify;">Michel Frémon
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    "Il y aurait matière à dérives autour de cette figure", écrit Michel Frémon.
    Claude Tarnaud ne m'est connu que par le rapprochement de son nom avec celui de Stanislas Rodanski (photo) et je sais toute la reconnaissance que lui doivent Bernard Cadoux et Eugène Durif, émérites exégètes de l'oeuvre méconnue de Lancelo.
    J'ai sous les yeux le numéro spécial publié par la revue Actuels en avril 1983. Dans cette publication dirigée par Henri Poncet figuraient, en hommage à Rodanski, une lettre de Claude Tarnaud et un extrait de L'Aventure de la Marie-Jeanne (1948). En incipit ceci : "L'acte le plus scandaleux est de se taire."
    Je suis dans l'incapacité d'éclairer plus avant ce remarquable lecteur. Je voudrais que ma sapience s'augmente au sujet de Claude Tarnaud. Mais il serait scandaleux de se taire au prétexte de l'impuissance. Il y a tant de ressources. Et parmi elles, les nombreux visiteurs de ce blog qui souvent m'en apprennent. Et comment !
    C'est à vous que je fais appel pour que nous tissions ensemble un oriflamme portant le nom de Claude Tarnaud. Et ce serait notre cadeau à Michel Frémon. Un cadeau au bout de la dérive !

  • ORLANDO DE RUDDER

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    À paraître le 29 septembre 2006 aux éditions Larousse

    Collection Le Souffle des mots

    Aux petits oignons !

    Cuisine et nourriture dans les expressions de la langue française

    par Orlando de Rudder

    Un authentique ouvrage de gourmand gourmet, fin goûteur de mots et de mets !

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    Guidé par un fort appétit et une curiosité tout autant gustative que littéraire – héritage sans doute de son père qui fut un temps chroniqueur gastronomique –, Orlando de Rudder offre un florilège original d’expressions savoureuses et de mots à déguster à petites gorgées : aller aux asperges, être chocolat, consoler son café, en rester baba, se mettre la rate au courtbouillon,tailler la soupe, être pot-au-feu, passer à la casserole, sucrer les fraises, faire pot-bouille

    Au menu :

    quelque 200 « entrées », classées par ordre alphabétique, et plus de 600 expressions

    Pour chaque entrée :

    - l’histoire du mot et son usage dans les expressions

    - des citations, sérieuses ou inattendues (de Pline à Céline, en passant par Rabelais, Balzac, Colette, Bruant…), qui resituent l’expression dans son contexte
    - des commentaires savoureux et croustillants, mêlant références culturelles contemporaines, anecdotes ou réflexions piquantes
    - des évocations de mets et petits plats qui nous mettent l’eau à la bouche.
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    Romancier, Orlando de Rudder étudie également de très près la langue et son évolution. Parmi ses nombreux ouvrages, citons : Ces mots qui font du bruit, un dictionnaire des onomatopées et des interjections, un Bréviaire de la gueule de bois ainsi que, dans cette même collection, un dictionnaire commenté des expressions latines : In vino veritas.

    Aux petits oignons !, par Orlando de Rudder

    LAROUSSE, collection Le Souffle des mots, 14 x 20,5 cm, 288 pages, broché cousu, 9,90 €.
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    Bibliographie de l'auteur

    La Nuit des Barbares, Roman. Editions Robert Laffont, 1983. Prix Hermès, 1983.
    Le Tempestaire, Roman. Editions Robert Laffont, Paris, 1984.
    Lee Jackson, Roman. Editions Robert Laffont, Paris, 1985.
    Le Français qui se cause, splendeurs et misères de la langue française, Essai. Editions Balland, Paris, 1986.
    Tout crus, les coqs, Roman. Editions Balland, Paris, 1987.
    L’Ane et la Lyre, Editions Balland, Paris, 1988. Livre de Poche 1990.
    Le Droit au Blasphème, Editions Renaudot et Compagnie, Paris, 1989.
    Canines, Poème, avec des lithographies d’Alain Pouillet, livre d’art, U.R.D.L.A., Lyon 1988.
    Aperto Libro, Recueil de citations et pensées latines. Larousse, 1988.
    Le Couteau Court de Décembre, Roman. Presses de la Renaissance 1989. Prix Georges Brassens 1989.
    Les Carnets de Marianita Pacheco, Roman. Editions Régine Deforges, 1989.
    Le Village sans Héros, Roman. Editions Robert Laffont, Paris 1990.Prix Emile Zola de la S.G.D.L.
    L’Ecolier de Saint-Tropez. Editions Isoète, Rivage d’Encre, Cherbourg, 1992.
    Tant qu’il y aura du Sport, Pamphlet. Editions Manya, 1992.
    L ‘Autre Fernand, feuilleton radiophonique. Canal Sambre, Aulnoye Aymeries, 1993.
    Bréviaire de la Gueule de Bois, Editions du Rocher, 1993. Réédition : Librio - J'ai Lu, 1998.
    François Villon, l’Opéra, musique de Bruno Letort, CD et vidéodisque interactif. Editions Tangram, Paris, 1994.
    Le Traité des Traités, Roman. Editions Jean-Claude Lattès, Paris, 1995.
    Alfred Nobel (1833-1896), Biographie. Editions Denoël, 1997.
    Ces Mots qui font du Bruit, Dictionnaire des onomatopées, des interjections et autres vocables expressifs de la langue française. Editions Jean-Claude Lattès, Paris, 1998.
    Dictionnaire commenté des expressions latines d’hier et d’aujourd’hui. Editions Larousse, 1999.
    Le Trou-Mahaut, roman. Editions Hors-Commerce, Paris, 1999. Réédition : collection Point-virgule, Editions du Seuil, Paris, 2001.
    Le Noyer d’Erstein, Editions du Verger, Illkirch-Graffenstaden, 2000. Bourse Thyde Monnier de la S.G.D.L. 2001.
    Le Bourreau de Maubeuge, Editions Hors-Commerce, Paris, 2002.
    Carrefour de la mélancolie, Eden productions, 2003.
    Rhétorique de la scène de ménage, Editions Hors-Commerce, Paris, 2004.
    In Vino veritas (nouvelle édition d’Aperto Libro ), 2005.

    Dialoguer avec Orlando de Rudder
  • MICHEL CHAMPENDAL ❘ UN NOUVEL EDITEUR RACONTE

    Successivement revuiste, libraire, critique, mail artiste, auteur d’une biographie de Gaston Criel et animateur de l’atelier d’écriture Le Temps d’écrire, Michel Champendal fut éditeur intermittent avant de bâtir au printemps de l’année 2006 sa propre maison d’édition. Il nous livre de précieuses clartés sur les situations de la littérature et de la librairie et nous informe, généreusement, de ses visées. Plus qu’un entretien promo, cette conversation constitue une véritable loupe sur l’actualité (vécue) du livre, également sur les obstacles que rencontrent aujourd’hui ceux qui croient aux ors d’une littérature digne de ce nom.

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    Guy Darol : Votre parcours d’éditeur est déjà ancien et vous avez participé à la rédaction du magazine Contreciel. A l’enseigne des éditions Michel Champendal, vous venez de faire paraître deux romans et un recueil de nouvelles. Qu’est-ce qui motive une telle initiative dans un univers où le livre s’est mis en concurrence avec le superflu ?

    Michel Champendal : Ce qui motive une telle initiative, c’est que je connaissais trois écrivains qui ont du talent mais qui ne trouvaient pas d’éditeurs pour leurs livres. C’est aussi simple que cela : voici encore dix ou vingt ans, ces trois auteurs auraient trouvé des éditeurs, mais de nos jours ce leur fut impossible. Ils sont à la fois talentueux et méconnus. Sacha Guitry avait une formule qui faisait mouche : « pour être connus, soyez célèbres ! ». Cette phrase s’avère de nos jours d’une cruauté excessive. L’édition de livres se partage en France entre quatre catégories d’éditeurs : 1)- Les éditeurs à grande surface commerciale : les Gallimard, les Grasset, les Albin Michel, les Actes Sud, tous ceux dont rêvent les écrivains débutants de nos jours (alors que dans les années soixante-dix une moitié des écrivains y rêvait et l’autre se voyait acceptée par des éditeurs anti-conformistes qui de nos jours n’existent plus). Voici encore vingt ans les auteurs inconnus débutants pouvaient encore figurer à leurs catalogues. De nos jours c’est devenu impossible : ces sociétés (à l’exception de Gallimard, maison encore indépendante financièrement) appartiennent à des grands groupes financiers qui ont placé des gestionnaires et plus des éditeurs à leurs têtes : la rentabilité immédiate est devenue un impératif encore plus impétueux que du temps des Trente Glorieuses finissantes, tout simplement parce que les frais de distribution du livre se sont alourdis et que les frais généraux des éditeurs se sont aggravés : il n’existe plus de place pour les petits tirages. Ces grands éditeurs ne prennent plus le risque d’accepter et de promouvoir des inconnus et n’acceptent dans leurs catalogues que des notoriétés. 2)- Les éditeurs à moyenne surface commerciale : ceux-là ont à faire face aux mêmes frais fixes de fonctionnement et de diffusion des livres que les mastodontes bien que leurs personnels soient plus réduits en taille. Comme eux ils sont assujettis à une rentabilité immédiate sous peine de disparaître ou d’être rachetés par les grands éditeurs. Alors là aussi s'annule la place des talents nouveaux pas encore rentables parce que les auteurs ne sont pas encore reconnus. Là encore les tirages sont tirés à la hausse pour amoindrir le prix de vente des livres de manière à pouvoir en écouler davantage. Les moyens éditeurs ne publient plus d’auteurs inconnus comme jadis et se polarisent sur les valeurs confirmées, en privilégiant une rapide rotation des stocks. 3)- Les éditeurs à petite surface commerciale : ce sont eux les véritables promoteurs des talents nouveaux : ils sont soit salariés dans leurs petites structures, soit salariés à l’extérieur de leur enseigne et prennent des risques en éditant des inconnus débutants tout en rééditant des livres devenus introuvables. Ils constituent résolument le vivier des futurs écrivains, car ils leur mettent le pied à l’étrier. Leurs tirages sont réduits, leurs compétences souvent très grandes, leur nombre très élevé par rapport aux éditeurs de grande et de moyenne envergures commerciales. Leurs catalogues sont lorgnés par les grands et moyens confrères qui débauchent leurs auteurs dès que ceux-ci ont conquis un lectorat digne d’être investi. Ils sont les poissons-pilote de l’édition : les bancs d’essai. Les découvreurs de talents naissants. 4)- La micro-édition : ce sont les futurs petits éditeurs de demain : leur capacités de recherche de nouveaux talents pointus sont aussi fortes que celles de leurs confrères précités. Leurs tirages (numérisés) sont encore plus réduits. Leur diffusion encore plus artisanale. Comme les petits éditeurs, les micro-éditeurs ont de plus en plus recours à la vente par correspondance dont la vente par l’internet, ne pouvant compter sur des distributeurs diffuseurs aptes à vendre et à acheminer leurs livres dans les librairies. Je me suis retrouvé dans la position de l’éditeur de taille micro qui tend à devenir un éditeur de taille commerciale petite : j’ai édité à deux cents exemplaires trois livres qui sans moi auraient eu bien du mal à être édités, parce que les auteurs ne connaissaient pas le circuit de l’édition pour deux d’entre eux, parce que leur talent était important et hors normes si l’on se réfère à ce que les éditeurs déterminent comme rentable. Je décris ces livres pour exemplifier mon propos : medium_Numeriser0069.2.jpg

    La Machine, roman vrai, de Gérard Sendrey, auteur qui file vers ses quatre-vingt ans. C’est la confession d’un enfant du siècle dernier qui nous plonge dans la France de Doisneau. L’auteur est trop âgé pour les éditeurs qui misent sur de jeunes auteurs. Son propos est trop autobiographique pour intéresser les éditeurs de fiction.

    La Bague et autres nouvelles, de Jean Lupu. A l’instar de Gérard Sendrey, Jean Lupu file également vers ses quatre-vingt ans : trop vieux donc pour figurer medium_Numeriser0005.4.jpgdans un catalogue. De plus, les nouvelles sont à tort réputées invendables alors que les éditeurs ne misent tout simplement pas dessus et jettent l’anathème sur ce genre littéraire majeur : dans le monde anglo-saxon les nouvelles sont très prisées. En France, il existe une prévalence totalitaire du roman, considéré comme le genre noble par excellence : si un écrivain n’a pas édité de romans, il est considéré comme un second couteau.

    Carl et les Vies Parallèles, un roman de Franck dit Bart. Franck dit Bart est un instituteur d’une quarantaine d’années. Un romancier qui possède à son actif sept tapuscrits (un medium_Numeriser0006.3.jpgtapuscrit est un manuscrit tapé à la machine). Franck a fait le tour des grands, des moyens et des petits éditeurs : partout il a fait chou blanc et envisageait d’arrêter d’écrire avant que de me rencontrer. Pourquoi était-il refusé ? Parce qu’au physique, il ressemble à un Grand Duduche baba cool gauchiste et que cette allure est très très mal perçue de nos jours. Parce qu’il est anticonformiste : ses idées sont libertaires sans qu’il fasse partie du moindre groupe anarchiste et il s'agit  de plus un naturiste militant. Enfin son écriture est très populaire au bon sens du mot : sens de la narration événementielle, appétence à la mise en place de l’action fictionnelle et détermination de personnages hauts en couleur : à l’opposé du conformisme littéraire énéréfien Français qui veut, à l’instar de ce que professent faussement les nababs de l’édition, le sinistre Angelo Rinaldi en tête, via des assertions définitives, que l’écriture doit être compassée, désincarnée, psychologisante : bourgeoise en un mot. Franck sentait trop son prolo pour être accepté par les éditeurs en place. Il a été viré de partout. Alors qu’il me semble détenteur d’un talent des plus prometteurs : son œuvre est encore verte au sens de pas encore mûrie mais, si nul éditeur ne lui fait confiance, ses tiroirs se rempliront de tapuscrits dans lesquels ne serait pas à l’œuvre une évolution littéraire. Car le rôle de l’éditeur est aussi celui de stimuler les écrivains : c’est lui qui doit leur faire confiance et les aider à progresser dans leur écriture. Carl et les Vies Parallèles, raconte dans une langue familière très travaillée, les vicissitudes d’un écrivain naturiste et libertaire en proie à l’opposition d’une épouse bourgeoise avec qui il lui est impossible de s’entendre sur l’éducation de leurs deux enfants. Voici pour l’argument. En racontant son histoire, Franck dit Bart (c’est un pseudonyme) nous fait à un moment basculer dans la dimension imaginaire de la narration, comme a pu le faire dans le passé Lewis Carroll : ce type d’écriture, qui fait penser dans les meilleurs moments à du Frédéric Dard et du John Kennedy Toole, ne plaît absolument pas aux éditeurs, pour la majorité partisans d’une écriture dite blanche : une écriture qui ne fait pas d’éclats. Comme vous le voyez, j’ai fait face à trois urgences en éditant ces trois livres constitutifs du début de catalogue de ma maison d’édition : trois urgences qui me situent à l’opposé du superflu : j’ai fait plaisir et redonné confiance aux auteurs, j’ai contenté des lecteurs, j’ai illustré trois genres considérés comme des sous-genres par l’intelligentsia parisianiste : l’autobiographie romancée, la nouvelle et le roman populaire. Quand j’ai débuté l’édition, en 1979, j’ai édité sept numéros mensuels d’une revue de Poésie qui s’intitulait Poésie Ininterrompue, en hommage à un recueil de Paul Eluard et à France Culture, qui diffusait à l’époque une émission de Poésie portant ce titre. J’habitais Rouen à l’époque et vendais dans les treize librairies de cette ville entre trois cents et cinq cents exemplaires chaque mois (2 F pièce). Il existait encore dans ce temps-là une représentation sociale importante de la Littérature : l’émission Apostrophes de Bernard Pivot rivait le vendredi soir à leurs chaises ou fauteuils devant leurs postes de télévision des millions de Français. La France ne doutait pas encore trop d’elle-même comme c’est résolument hélas le cas de nos jours et les Français étaient encore fiers de la Littérature. C’était avant que la mercantilisation de l’édition n’ait cours et que la Littérature ne soit devenue une niche éditoriale de micros marchés : elle tenait encore le haut du pavé. En 1982, je me suis intensivement intéressé au Mail Art et à l’Art Postal et j’ai édité dans la foulée douze numéros mensuels de l’Arbre Bleu, courrier mensuel collectif international, qui croisait les champs littéraire et du Mail Art. Là encore gros succès en librairies et par correspondance (de nombreux abonnements en témoignaient) et je suis certain que, si je recommençais ces deux expériences de nos jours, le succès serait bien moindre : là encore l’époque était favorable à la Littérature et à l’Art. Ma contribution au magazine Contreciel que vous mentionnez prend place en 1985. Deux opportunistes, en grande partie illettrés, se sont lancés dans la réalisation de treize numéros mensuels de ce magazine qui avait pour ambition de détrôner Le Magazine Littéraire que dirigeait alors Jean-Jacques Brochier en compagnie de Jean-Louis Hue. Ces deux arrivistes se sont plantés car ils étaient trop avides d’argent et de gloire : ils ont opérés des choix financiers catastrophiques. Toutefois le tirage de vingt mille exemplaires et une bonne diffusion dans les kiosques via les NMPP avait permis au fil des mois de fidéliser dix mille lecteurs, ce qui n’est pas rien. J’étais le rédacteur en chef et un des chroniqueurs. J’ai assisté en direct à la fin de ce que je nommerais « les temps de la Littérature internationale nationalement reconnue » dans la mesure où quand Contreciel s’est cassé la figure, il en fut de même pour l’incomparable Le Fou Parle de Jacques Vallet q ui se débattait lui dans un manque de plus en plus criant de lecteurs, ce qui aurait été probablement le cas de Contreciel si l’expérience avait duré plus longtemps : la presse culturelle littéraire commençait largement, voici donc un peu plus de vingt ans, à souffrir, parce que l’époque n’était plus à la seule Littérature mais aux arts associés, notamment cinématographiques, vidéastes et musicaux. Une époque finissait qui s’ouvrait sur notre monde contemporain, celui de l’émiettement des arts. En 1985, le livre cessa d’être rituellique pour entrer dans les rayons des supermarchés de la culture industrielle et post-industrielle : il se désacralisa pour devenir un produit de consommation ordinaire. Banal. L’aura de la Littérature en a pâti amplement. De nos jours elle est devenue marginale et c’est la raison pour laquelle ma maison d’édition s’est créée : il y avait urgence à maintenir la tradition de l’édition de bons livres. Surtout que le public, s’il est plus désorienté et enclavé que jadis, existe encore, certainement.

    Guy Darol: Si vous vous attachez à publier des auteurs d’aujourd’hui qui ne bénéficient pas de l’éclat médiatique, il semble que vous envisagiez de sortir au jour des écrivains méconnus voire oubliés. Comment orientez-vous vos choix ?

    size: medium;">Michel Champendal : Passé le premier temps de reconnaissance des trois auteurs précités enfin édités, vient le temps de la recherche de pérennisation de la maison d’édition : je ne peux pas continuer d’éditer si j’édite uniquement des auteurs inconnus débutants. Je dois faire progresser ma maison d’édition, c'est-à-dire lui donner plus de surface reconnue. Je me dois, vis-à-vis des auteurs déjà édités, de leur favoriser le plus grand lectorat possible. Je me dois également d’asseoir ma maison sur quelques locomotives éditoriales motrices, c’est le cas de l’écrire. Car une maison d’édition ne peut survivre qu’à cette condition : elle doit délimiter une, deux ou trois collections qui puissent accueillir des livres différents les uns des autres selon un axe précis issu d’un choix éditorial. Et ce choix éditorial doit refléter à la fois une qualité certaine des livres mais également une possibilité de les vendre. Il ne servirait à rien d’éditer à cinquante exemplaires les Isidore Ducasse, comtes de Lautréamont contemporains et de les faire lire à cinquante fidèles. Ce serait de l’underground et je n’ai plus l’âge ni l’ambition d’être seulement underground : il faut des livres qui se vendent et qui ne soient pas de la daube réchauffée. Il faut plaire à un public car les livres qui ont du succès stimulent dans un catalogue ceux qui en ont moins. Actuellement il existe la collection « Ecrivains d’Hier et d’Aujourd’hui » avec trois auteurs contemporains : si j’y réédite par exemple « Salammbô », un roman magnifique de Gustave Flaubert, ou les « Soirées de Médan », recueil de nouvelles de notamment Emile Zola et Guy de Maupassant, je réédite de bons livres littéraires, j’augmente les ventes et je dynamise la collection. C’est ce que je vais m’employer à faire. Les grands anciens auteurs reconnus doivent aider les nouveaux surgissant. Cela va contribuer à leurs renommées passées, dégager de la trésorerie et aider à éditer de jeunes auteurs en vendant donc des livres d’auteurs moins connus. Parallèlement à cette collection, je lance, avec l’aide de mon ami Jean-Michel Matelot, la collection « Le Grand Insolite » qui, comme son nom l’indique, se spécialise dans ce registre. Il s’agit là d’éditer des auteurs contemporains mais surtout de rééditer de grands anciens méconnus voire oubliés. Prenons un exemple : « Livres à Lire et Livres à Proscrire » de l’abbé Bethléem. Cet abbé fut au début du XXe siècle un terrible censeur des lectures des jeunes et moins jeunes catholiques dont il s’était institué le directeur de conscience. Fin lettré et subtil littéraire, il connaissait très bien la production littéraire de son temps. Il encensait les auteurs vertueux et moraux : tous ont disparu de nos bibliothèques. Il condamnait les auteurs qu’il jugeait immoraux, tous célèbres de nos jours, ainsi de Gustave Flaubert, par exemple, pour citer un auteur déjà évoqué ici. Terribles anathèmes qui sont admirables littérairement parlant parce que ces critiques sont toutes très bien troussées et révélatrices de l’admiration rentrée qu’il éprouvait pour ces auteurs qu’en tant qu’abbé il devait réprouver mais qu’en tant que littéraire il goûtait : le hongreur s’était pris à son propre jeu ! De même des manuels d’alchimie peuvent trouver matière à réédition, et tous ouvrages relevant du merveilleux (une littérature que je prise particulièrement), du fantastique, de l’horreur, de la folie, des arts divinatoires, du curiosa (l’érotisme), de l’imprécation, de l’humour, du loufoque, de la magie, des voyages et des découvertes et de l’ésotérisme. Le genre de livres qui constituait naguèrele fond de commerce  des Eric Losfeld, des Jean-Jacques Pauvert, des Michel Girodias, des Pic et autres francs-tireurs de l’édition. Sauf que de nos jours ces domaines jadis condamnés ne le sont plus et que les poursuites judiciaires ont cessé contre les éditeurs qui se risquent à éditer de tels livres. Ce programme n’est pas le fruit d’un désir de racoler et de créer avant tout de la trésorerie, mais celui d’un esprit de curiosité et du désir de faire connaître des livres méconnus à un public le plus large possible. Quelques noms d’auteurs possibles : Oscar Panizza, Lise Deharme, Pierre Mac Orlan, Rachilde, Raoul Vaneigem, Richard Khaitzine, Eugène Mouton, Eugène Chavette, Cami, Gaston Criel, Flaubert, Maupassant, et la liste est encore longue (j’ai référencié une centaine d’auteurs) pour des livres qui peuvent prendre place dans l’une ou l’autre collection exposée. Il s’agit tout à la fois, toujours, de faire découvrir des auteurs et de stimuler la lecture en éditant de bons textes.

    Guy Darol : Les éditions Michel Champendal s’inscrivent dans un réseau (internet et vente par correspondance) qui échappe au circuit de la librairie conventionnelle. S’agit-il d’une stratégie ou d’une nécessité ?

    Michel Champendal : Il s’agit d’abord d’une nécessité puis d’une stratégie. Je m’explique : il est devenu de plus en plus difficile en 2006 pour un éditeur naissant de diffuser ses livres en librairies. Pour deux raisons : d’abord les distributeurs et diffuseurs (le distributeur stocke les livres des éditeurs, le diffuseur les représente et vend aux libraires) se méfient des jeunes éditeurs et attendent que celui-ci ait de la laine sur le dos, c'est-à-dire un bon catalogue et donc de l’expérience, avant que de s’occuper de lui. Ils ont trop vu de maisons d’édition feux de paille qui disparaissaient au bout d’un livre ou deux : cela les a rendus prudents. Comme tous les commerçants, ils aiment la sécurité et la continuité. Ensuite et enfin les distributeurs diffuseurs (qui facturent aux éditeurs environ la moitié du prix facial TTC d’un exemplaire) sont devenus propriétés des grands groupes industriels, par ailleurs éditeurs ou actionnaires principaux des autres maisons d’édition. Ces officines vont privilégier leurs maîtres et se méfier des indépendants. C’est aussi simple que cela. Il faut aussi noter un fait nouveau dans la commercialisation des livres et qui est apparu avec l’internet : les librairies ne sont plus les seuls points de vente privilégiés des livres. Pour deux raisons majoritairement : 1)- Sur internet l’internaute peut trouver tous les livres disponibles ou presque. Témoin (et la publicité est gratuite) Price Minister qui vend à moitié prix du neuf des livres impeccables et quasiment tous les livres. Entrez dans n’importe quelle grande librairie, fusse la FNAC ou Virgin Mégastore, et vous ne trouverez que dix pour cent de ce que vous propose l’internet. Alors les lecteurs-clients contemporains achètent de plus en plus de livres sur internet, même s’ils vivent en milieu urbain. 2)- Les libraires conseils tendent à disparaître : il en existe encore, fort heureusement, mais ils ne sont plus majoritaires. La génération post-soixante-huitarde très motivée pendant toute sa carrière est en train de prendre sa retraite et est remplacée par de jeunes générations de libraires qui, du fait que le livre est devenu un produit comme un autre, ont beaucoup plus de difficulté à travailler donc à survivre que leurs collègues aînés. Il est rare, sauf exception, d’avoir de nos jours une conversation littéraire soutenue avec un libraire. Mais il est quotidien de pouvoir parler des livres qu’on aime avec des internautes sur des chats ou des forums littéraires. Or les internautes qui chattent ou forumisent s’échangent les bonnes adresses de libraires web. Et la boucle est bouclée. Le Syndicat national de l’édition, qui édite notamment le magazine professionnel Livres Hebdo, estime qu’un tiers des ventes au détail de livres s’effectuent via le net. Du fait des contraintes civilisationnelles de la vie moderne, il est plus facile, moins onéreux et plus gratifiant intellectuellement d’acheter un livre neuf sur internet que de le commander à son libraire : d’où l’essor de ce mode de diffusion. Donc, pour un micro-petit éditeur quant à sa surface commerciale comme moi, l’internet et la vente par correspondance (une lettre d’information et un catalogue, tous deux sur jeux papier ou bien électronique) constituent le nerf de la guerre pour démarrer et pour persévérer. Je pars du principe que le prospect ou le client, c'est-à-dire le futur lecteur ou celui qui est déjà effectif, que je contacte par le courriel ou le courrier, recevra de ma part plus d’informations que de la part du libraire qui est coincé par l’urgence de vendre les livres qu’il reçoit d’office des éditeurs. Et puis démarcher les librairies de but en blanc est impossible : sitôt que vous proposez votre livre vous êtes jeté : mieux vaut, comme pour l’amour, se faire désirer en envoyant aux libraires ses catalogues et en attendant que votre renommée les charme au point qu’il passeront commande eux-mêmes (je vends toujours en compte ferme, par respect pour les auteurs à qui je reverse des droits et pour les livres qui sont détériorés quand ils sont en dépôt, le libraire n’étant pas alors impliqué dans ses deniers par son choix). Or, quand un libraire vous contacte directement (ça commence à venir !), vous savez que vous pourrez le recontacter ! En résumé, un éditeur ne doit pas mettre tous ses œufs dans le même panier : il lui faut un site avec un bon de commande à paiement électronique, l’envoi d’une lettre d’information et de catalogues soit par courriel soit par courrier soit les deux à la fois, notamment à l’intention des libraires qui pourront, ensuite, devenir d’utiles revendeurs. La librairie n’est plus le seul lieu de vente des livres de nos jours.

    Guy Darol : Croyez-vous que la Littérature vogue vers de beaux jours ? Si tel est le cas, quels sont les signes de l’embellie ?

    Michel Champendal : Il me semble que la situation, c'est-à-dire la réputation de la Littérature, est liée directement à la place que lui réserve le Politique, et en premier lieu les tenants du Premier Pouvoir (les chefs d’Etat, les ministres et les autres membres du Gouvernement). Si les tenants du Premier Pouvoir, le seul qui compte y compris aux yeux de la majorité des Français et sur lequel se calquent tous les autres corps de la société : le peuple, les bourgeois, les industriels et les financiers, si les tenants du Premier Pouvoir, donc, qui modèlent le monde contemporain depuis toujours, sont des écrivains, alors la Littérature occupe une place centrale. Si, en revanche, les tenants de ce Premier Pouvoir se moquent de la Littérature, s’ils ne la pratiquent pas et ne la magnifient pas, et bien elle est alors reléguée dans l’ombre. J’appuie ma présente argumentation sur des exemples historiques : le dernier Président de la République écrivain que nous ayons connu dans notre pays fut François Mitterrand : bibliophile passionné, ami d’écrivains, auteur de plusieurs livres : il a porté la Littérature tout comme l’a fait avant lui Charles de Gaulle qui fut lui aussi un écrivain qui tenait la route. Entre ces deux personnages a existé à l’Elysée Valery Giscard d’Estaing, et l’on se souvient des efforts désespérés que fit cet homme, qui littérairement n’arrivait pas à la cheville des de Gaulle et Mitterand, pour faire connaître (sur le plateau d’Apostrophes) son amour de l’œuvre de Guy de Maupassant, de l’édition d’un roman sentimentalo-libertin réputé terne (son seul roman) et de sa récente élection à l’Académie Française. Avant ces chefs d’Etat évoqués, on se souvient de Georges Clemenceau, homme politique de premier plan qui a fondé un journal et écrit une œuvre forte. Même si ces personnages répugnent parfois l’honneur des citoyens que nous sommes, ils ont porté la Littérature. Souvenons-nous, sous l’ancien Régime de Fouquet, qui fut le mécène du génial Jean de La Fontaine qui, d’ailleurs, après la disgrâce de ce seigneur, lui resta fidèle tout en composant avec le roi. Que ce soit l’Ancien régime monarchique ou le Nouveau régime républicain, les Lettres et partant la Littérature étaient portées par les membres du Premier Pouvoir qui en donnait le « la », en entraînant derrière eux l’ensemble des Français. Je m’exprime à l’imparfait car, depuis l’arrivée de Jacques Chirac, qui est à demi illettré (cette remarque n’est pas méchante : elle est réaliste) et donc se contrefiche de la Littérature comme d’ailleurs de pas mal d’autres choses, cette dernière est tombée en déshérence. Les tenants du Premier Pouvoir, à l’instar de tous les autres politiques moins cotés socialement, sont le reflet de la société : celle-ci n’est plus favorable à la Littérature, jugée trop difficile car elle mobilise, disons-le nettement, un projet de vie. Soit pour l’écrire soit pour la lire et partant les deux. Je ne vois pas un Nicolas Sarkozy ou une Ségolène Royal écrivains : ils ne le sont pas et ne le deviendront jamais. La Littérature n’est plus pour eux un investissement référentiel. La marque d’une culture qui prévaut. Elle n’a plus le vent en poupe. Elle est désormais à la remorque. Avec le développement du mercantilisme donc de la course à la survie, avec celui du snobisme de masse, avec la montée en puissance de la démagogie, elle tombe aux oubliettes. La cause politique de sa désaffectation est facile à comprendre : elle est essentiellement subversive, même quand elle est pauvre : celle ou celui qui sait écrire sait s’exprimer et sait communiquer donc sait réfléchir et cette faculté de réfléchir constitue un danger pour les Politiques. Ils ne s’aperçoivent pas que leur attitude méprisante envers la Littérature représente également un danger pour la démocratie, mais cette dernière n’est plus en enjeu : juste un argument électoral pour rassurer l’électeur. Voilà pour les Politiques. Pour les fonctionnaires du ministère de la Culture, il s’agit de suivre le train des politiques et d’assurer le bon déroulement d’un académisme absolument pas créateur : les bibliothèques publiques sont les parents pauvres du ministère : elles ont du moins le mérite d’exister et sont très fréquentées. Venons-en maintenant au domaine privé : il existe en France, en 2006, entre cinquante et cent écrivains de livres qui vivent de leur plume, c'est-à-dire avec les seuls produits de leurs droits d’auteurs (en général dix pour cent du prix HT d’un livre) que leur versent les éditeurs. Ce nombre diminue de jour en jour. Pourquoi ? Parce que les livres littéraires se vendent de moins en moins à très grands tirages et parce qu’il est donc nettement moins dangereux pour un écrivain contemporain qui veut vivre de son art de s’orienter vers la scénarisation de films (pour le cinéma) ou de téléfilms (pour la télévision). J’ai été jadis copain avec feu l’écrivain Alphonse Boudard (disparu en juillet deux mille) et qui fut un écrivain professionnel en son temps. « L’avenir est à l’audio-visuel », me disait en 1999 ce vétéran qui avait connu Louis Ferdinand Céline, Marcel Aymé et tant d’autres. Il avait raison. Je crois que la Littérature, en tant que phénomène de société, disparaît. Mais ce constat n’est pas pessimiste : elle continue d’être très vivace dans l’esprit des gens : témoin le « Prix du livre Inter » qui draine énormément d’auditeurs de radio. Témoins les quelques mille éditeurs de livres en France dont un tiers s’occupe de Littérature, témoins également, les mille revues littéraires françaises. L’embellie est là : malgré l’écrasement civilisationnel de la Littérature, cette dernière continue d’exister avec vivacité, à l’instar d’un fleuve majestueux devenu simple cours d’eau clairet, c'est-à-dire plus beaucoup petit mais qui continue de couler.

    Guy Darol : Serait-il hasardeux de nous livrer quelques éléments d’avant programme ?

    Michel Champendal : Pas le moins du monde ! Après le roman de dit Bart, trois livres sont au menu pour la rentrée prochaine : 1)- La réédition de « La Machine, roman vrai » de Gérard Sendrey. L’édition princeps de deux cents exemplaires est épuisée et l’ouvrage, bien écrit, a connu le succès : je le réédite en l’état mais avec une nouvelle couverture, plus attirante. 2)- L’édition de « Les Valises de la Mort », un roman de Jean Lupu. J’avais fait éditer ce roman voici quelques années à l’enseigne de Gutenberg XXIe siècle, une officine parisienne aujourd’hui disparue. Livre excellent : un roman noir qui se lit d’une traite. Court, pas cher, il a toutes les chances de rencontrer ainsi son public. 3)- « L’Abécédaire de Lou », de Jacques Brenet. Jacques Brenet est un médecin généraliste à la retraite vivant à Sainte-Adresse, une banlieue de la ville du Havre. Jacques a dessiné et écrit cet abécédaire forcément illustré pour sa petite fille Lou. Il a fait la tournée des éditeurs et s’est fait jeter de partout : trop naïf quant aux dessins, textes trop oulipiens, tels furent les deux reproches principaux des éditeurs. J’ai trouvé le tapuscrit littéralement délicieux : des dessins qui font penser à Pierre Etaix et à Jean Effel (tout à fait le style haut en couleur des années cinquante, Jacques Brenet est également un vieux monsieur) et textes à la manière de Raymond Queneau, de Patrice Cotensin et de Jacques Jouet, c'est-à-dire issus de l’Oulipo. Cela ne m’étonne pas que ce tapuscrit ait été refusé car les éditeurs chassent en tirant dans le tas de la modernité et tout ce qui peut, à leurs yeux, ressortir d’une historicité artistique est à bannir. Parce que réputé pas assez rentable. Pourtant l’œuvre est remarquable. Je bénéficie pour cette édition princeps de l’aide d’un libraire havrais qui relaie la formule de souscription que j’ai éditée. Car je ne possède pas de fonds propres et je travaille uniquement par souscriptions. Si j’arrive à éditer ces trois livres pour l’année 2006, je serai bien content. Tous trois dans la collection « Ecrivains d’Hier et d’Aujourd’hui ». Mais n’oublions pas que je prévois également la collection « Le Grand Insolite » et là j’ai, comme pour la collection précédente, de la réserve ! Je vais m’employer à tenir un stand dans divers salons du livre. J’y présenterai un pré-programme et demanderai aux visiteurs intéressés de souscrire. Il faut cent-trente souscripteurs pour éditer un livre. Je passe par d’excellents maquettiste et imprimeur. Je vais également actionner les circuits de l’aide publique aux livres (via le CNL, le Centre national du Livre) et de l’aide privée (le mécénat d’entreprise). Par prudence, j’édite à deux cents exemplaires numérisés, ce qui me permet de réduire les stocks, l’ennemi numéro un des éditeurs, et de retirer les livres à la demande, à un très petit nombre d’exemplaires s’il le faut. C’est le bon côté de la micro édition. Comme de toute édition d'ailleurs. Pour le reste, j’attends les tapuscrits (certains me sont déjà arrivés, déplorables hélas). Des tapuscrits dans lesquels les auteurs ne font pas le tour de leur nombril ou ne plaquent pas de platitudes sur le papier mais dans lesquels ils savent développer une ou des histoires ou exposer faits, opinions et arguments dans des documentaires dignes de ce nom. J’ai calculé qu’il me restait, sauf maladie grave, vingt-cinq années d’activité professionnelle (j’ai eu cinquante-deux ans en juillet dernier) : si j’édite cinq livres par an, je peux donc constituer un catalogue de cent vingt-cinq livres. Soyons modestes et tablons sur quatre-vingt : cela parait énorme mais, en réalité, ce n’est pas beaucoup, quand on voit tous les bons livres qui peuvent être édités ou réédités. C’est la raison pour laquelle je pense que de nombreux éditeurs peuvent cohabiter sans se concurrencer : chaque livre est nouveau et unique : il vient s’inscrire tout simplement, élémentairement, dans les bibliothèques publiques et privées. En fait, il n’existe aucune concurrence entre les livres, sauf, bien entendu, si deux éditeurs sortent le même texte en même temps, et encore : il existera alors certainement des collectionneurs qui souhaiteront posséder un exemplaire de chacune des deux éditions. Quels auteurs verraient ensuite le jour dans mon catalogue ? Parmi ceux que je n’ai pas cités dans notre entretien notons Richard Lesclide, Louise Michel, la Comtesse de Ségur, Casanova, Erik Satie, Félix Fénéon, Morvan Lebesque, Albert Londres, Tristan Bernard, Séverine, Maryse Choisy, Grisélidis Réal, Cyrano de Bergerac, André Baillon, Gaston de Pawlowsky, André Frédérique, Lucien Meyronien, Michel Falempin, Gaston Leroux, Louis Lecoin, Albert Paraz, Jean Ray, Alexandre Dumas, Léo Campion et Julien Blanc.

    Entretien entre Guy Darol et Michel Champendal réalisé le dimanche 13 août 2006.


    > Editions Michel Champendal

    > 16 rue Lentonnet 75009 Paris


  • JEAN LUPU

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    Dans la préface qui ouvre La bague de Jean Lupu, Michel Champendal nous prévient de parentés possibles avec Jean Guenot et Jacques Sternberg, deux écrivains qui savent les liens subtils entre réalité et fantastique. Jean Lupu est antiquaire et son univers donne vie aux choses et à ses personnages. Fictionneur, il ranime l’humain, soufflant d’un style bien vigoureux sur les petites braises de l’être toujours menacé par l’emprise du temps qui gèle les cœurs. Les treize nouvelles de son recueil appartiennent pleinement à son auteur. Elles révèlent une écriture qui a travaillé à faire fondre toute graisse. « Le maître Pierre Roussel », à l’intitulé borgésien, condense la mécanique générale. Un coffre de grenier retrouve sa facture d’origine et son célèbre créateur au terme d’un voyage qui s’apparente à la quête des chevaliers arthuriens. L’anthropomorphisme de Jean Lupu nous met à la fois sur la piste de Francis Ponge et de Robert Louis Stevenson. Car les objets témoignent longtemps après que leurs propriétaires ont passé. Ils disent d’une voix sûre ce que les hommes ne parviennent qu’à bredouiller.

    La bague est le deuxième ouvrage édité par Michel Champendal. J’ai dit ici les mérites de La Machine, premier roman de Gérard Sendrey. Ces livres ont en commun d’exprimer l’humanité en l’homme et de célébrer les accointances joyeuses du réel et de l’imaginaire.

    La bague

    Jean Lupu

    Éditions Michel Champendal

    123 p., 12 €


  • LE PARIS DE JEAN-PAUL SARTRE ET DE SIMONE DE BEAUVOIR

     

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    Revenant du marché de Plougasnou, Mariane (mon amour) me tend deux livres. Deux surprises. Un ouvrage sur Julien Gracq, un autre concernant le Paris de Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir. Deux livres parus, il y a splendide lurette,  aux Editions du Chêne.


    J’évoque le second, rédigé par Jean-Luc Moreau (avec lequel je partageais autrefois les sommaires de la revue Roman ; aussi les micros de Bibliomanie, son émission sur Radio Libertaire) et illustré de photographies signées Bruno Barbey. Egalement, André Kertész, Henri Cartier-Bresson, Guy Le Querrec, etc. Il s’agit, comme le prévoit son titre, d’un livre sur les trajectoires parisiennes du célèbre duo. Haltes dans les cafés, restaurants, cabarets, parcs et jardins. Lieux d’écriture medium_Numeriser0017.2.jpget cogitatum visé par l’intentionnalité de la conscience. Jean-Luc Moreau a su rendre l’écho des pas et des pensées du couple nécessaire. Cette géobiographie menée par le théoricien de la Nouvelle Fiction est une réussite. Son auteur ne se contente pas de retracer les (fameux) chemins (de la liberté), il compose un récit qui donne toute consistance a la déclaration de Sartre : « Tout est dehors ». Et c’est le charme de cet édifice que l’on relit aussitôt après l’avoir lu. Guy Darol

    Le Paris de Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir

    Jean-Luc Moreau

    Éditions du Chêne

    www.editionsduchene.fr

  • LE NOUVEL ATTILA

     

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    Reprenant la formule de médiocre du P.D.G. des éditions Albin Michel ("Il y a trop de petits éditeurs. Ils encombrent les rayonnages des libraires", François Esmenard), Le Nouvel Attila fait le constat suivant : c'est assez souvent les petits éditeurs qui oeuvrent à faire connaître les grands auteurs.
    Mais qu'est-ce qu'un grand auteur ?

    La réponse se trouve dans les pages de ce magazine dont la quatrième livraison vient de paraître et que les amateurs de littérature hauturière (autrement dit en mouvement sur les crêtes) auront plaisir à lire.

    Car c'est bien là (et presque nulle part ailleurs) que vous entendrez parler de Roberto Artl, Gaston Criel, Gilbert Dupé, Jean Galmot, André Hardellet, Anna Kavan, Joseph-Antoine Nau ou encore André de Richaud.

    Le nouvel Attila est imprimé à 1000 exemplaires, fait 24 pages et coûte 3 euros. Il se compose de quatre parties :

    critique (actualité éditoriale : les sorties et les rééditions, les premières traductions, les exhumations en tous genres),
    créatique (atelier de création, feuilletons, nouvelles, bribes et synopsis de romans),
    cryptique (études littéraires)
    &
    trafic (partie magazine : portraits, interviews, textes d’auteurs).

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    Le Nouvel Attila, 127 avenue Parmentier 75011 Paris
    Vous pouvez trouver Attila dans les quelques rares (bonnes) librairies suivantes :

    A Paris ou autour de Paris…

    Parallèles, 47 rue Saint-Honoré, Ier
    L'Arbre à lettres, 33 bld du Temple, IIIe
    La Pensée, 17 bis rue Pavée, IVe
    La Comète de Carthage, 5 rue Frédéric Sauthon, Ve

    Palimpseste, 16 rue Santeuil, Ve
    Dédales, rue des Ecoles, Ve
    Henri Vignes, rue Saint-Jacques, Ve
    L'Arbre à lettres, 2 rue Edouard Quenu, Ve
    L’âge d'homme, 7 rue Férou, VIe
    José Corti, 11 rue de Médicis, VIe
    Le Dilettante, 26 rue Racine, VIe
    La Hune, 170 bld St-Germain, VIe
    L'Ecume des pages, 174 bld St-Germain, VIe
    La librairie des prés, 5 rue de l'Echaudé, VIe
    Tschann, 125 bld du Montparnasse, VIe
    Librairie du théâtre du Rond-Point,
    2 bis avenue Franklin Roosevelt, VIIIe
    Flamberge, 1 rue Montholon, IXe
    Va l’heur, 27 rue Rodier, IXe
    L'Atelier, 59 rue des Martyrs, IXe
    Vendredi, 67 rue des Martyrs, IXe
    L’île lettrée, 89 bld Magenta, Xe
    L’Iris noir, 4 rue Trousseau, XIe
    Libralire, 116 rue Saint-Maur, XIe
    Publico, 145 rue Amelot, XIe
    Matière à lire, 20, rue Chaligny, XIIe
    La Brèche, 27 rue Taine, XIIe
    Jonas, 14 rue de la Maison blanche, XIIIe
    La 25e heure, place du Général Beuret, XVe
    Librairie du Palais de Tokyo, 13 avenue du Pdt Wilson, XVIe
    Batignolles et compagnie, 48 rue des Moines, XVIIe
    Anima, 3 rue Ravignan, XVIIIe
    Halle Saint-Pierre, 2 rue Ronsard, XVIIIe
    Restaurant Le Fauteuil hanté, 106 rue Lepic, XVIIIe
    L’Humeur vagabonde, rue du poteau, XVIIIe
    L’Attrape-cœur, rue Lamarck, XVIIIe
    Les  Buveurs d’encre, rue de Meaux, XIXe
    Le Rideau rouge, 71 rue Riquet, XIXe
    Les Monte-en-l’air, 6 rue des Panoyaux, XXe
    L'Atelier, 2 bis rue du Jourdain, XXe
    Le Merle moqueur, 37 rue de Bagnolet, XXe
    Equipages, 61 rue de Bagnolet, XXe
    Folies d’encre, 53 avenue Gabriel Péri , SAINT-OUEN
    Folies d’encre : la même enseigne, mais à SAINT-OUEN
    Millepages, 174 rue de Fontenay, VINCENNES
    Les Chasseurs de livres, 18 bld Rouget de Lisle, MONTREUIL

    En province...

    Vents du sud, 7 rue Maréchal Foch, 13100 AIX EN PROVENCE
    Contact, 3 rue Lenepveu, 49100 ANGERS
    Les trois lectures, 51 rue du Mail, 49100 ANGERS
    Actes Sud, 43 rue du Dr Fanton, 13200 ARLES
    Quarante trois, 3 rue des Teinturiers, 84000 AVIGNON
    La Brèche, place du Marché Couvert, 24100 BERGERAC
    Les Sandales d’Empédocle, 95 grande rue, 25000 BESANçON
    Un pas de côté, 246 rue Sadi Carnot, 62400 BETHUNE
    Labbé, 9 rue de la Porte Chartraine, 41000 BLOIS
    La Machine à lire, 8 place du Parlement, 33000 BORDEAUX
    Mollat, 15 rue Vital Carles, 33000 BORDEAUX
    Olympiques, 23 rue Rode, 33000 BORDEAUX
    Au brouillon de culture, 29 rue Saint-Sauveur, 14000 CAEN
    Le Cheval dans l’Arbre, 26 Boulevard Joffre, 66400 CERET
    Volcans d'Auvergne, 80 bld François Mitterrand, 63000 CLERMONT FERRAND
    M’lire, 3 rue de la Paix, LAVAL
    L’Herbe entre les dalles, 36 rue des Ponts-Neufs, 72000 LE MANS
    Solstices, 56 rue de Gand, 59000 LILLE
    Page et plume, 4 place de la Motte, LIMOGES
    A plus d'un titre, 4 quai de la Pêcherie, LYON
    Grand Guignol, rue du Sergent Blandan, LYON
    Le Bal des ardents, 17 rue Neuve, LYON
    Le Cadran lunaire, 27 rue Franche, MÂCON
    L’Odeur du temps, 35 rue Pavillon, MARSEILLE
    PAÏDOS, 54 cours Julien, MARSEILLE
    Regards, 2 rue de la Charité, MARSEILLE
    Géronimo, 31 rue du Pont des morts, METZ
    Sauremps, allée Jules Milhau, MONTPELLIER
    Le Grain des mots, 13 bld du Jeu de paume, MONTPELLIER
    La Salamandre, 6 rue Glaize, MONTPELLIER
    La Nuit bleu marine, 32 place des Otages, 29600 MORLAIX
    L’Autre rive, 19 rue du Pont Mouja, NANCY
    Vent d’Ouest, 5 place du Bon Pasteur, NANTES
    Durance, 4 allée d’Orléans, NANTES
    Lieu Unique, 2 rue de la Biscuiterie, NANTES
    Masséna, 55 rue Gioffredo, NICE
    Le Feu rouge, 15 rue René Descartes, POITIERS
    Alphagraphe, 5 rue de l’Echange, RENNES
    Les Saisons, 2 rue Saint Nicolas, LA ROCHELLE
    Les Lisières, 32 Grand Place, ROUBAIX
    Elisabeth Brunet, rue Ganterie, 76000 ROUEN
    L’Armentière, 5 rue des Basnages, ROUEN
    Voix au chapitre, 67 rue Jean Jaurès, 44600 SAINT NAZAIRE
    Quai des brumes, 35 quai des Bateliers, STRASBOURG
    Ombres blanches, 50, rue Gambetta, 31000 TOULOUSE
    Floury et frères, 36 rue de la Colombette, TOULOUSE
    Le Livre, 24 place du Grand Marché, TOURS
    Notre Temps, 30 Grand Rue, VALENCE

    A l’étranger…

    Tropismes, 11 passage des Princes, BRUXELLES
    Aden, 165 rue de Mérode, 1060 BRUXELLES
    Perditempo, Largo san giovanni maggiore, 1, NAPLES
    Librairie du boulevard, 34 rue de Carouges, CH-1205 GENEVE
    Le Parnasse, CH-1205 GENEVE

  • ANTONIN ARTAUD

     

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    Bien que l'examen clinique de l'oeuvre d'Antonin Artaud m'ait toujours bubonné (exception faite d'Antonin Artaud, le medium_Numeriser0004.jpgthéâtre et le retour aux sources, une étude de Monique Borie qui serre le texte sans préjugés), les deux films de Gérard Mordillat et Jérôme Prieur diffusés en 1993 constituent, selon moi, le sommet phosphorescent de ce que peut-être l'image-mouvement face à la trajectoire Artaud.

    En compagnie d'Antonin Artaud, térébrante fiction avec Sami Frey, Marc Barbé, Julie Jézéquel, Valérie Jeannet, Clotilde de Bayser et Charlotte Valandrey, s'inspire assez exactement du Journal du poète  Jacques Prevel (1915-1951). Le film retrace les minutes de la vie du Mômo à Ivry-sur-Seine, alors qu'il est surtout visité par Prevel et Colette Thomas. L'interprétation de Sami Frey est saisissante car c'est ainsi que l'on s'imagine Artaud crachant le verbe en percussion, cherchant le cri juste, la note dénuée de frisottis.

    La véritable histoire d'Artaud le Mômo est un documentaire de 170 minutes recueillant la parole des témoins. Et beaucoup ne sont plus. Ce sont Anie Besnard, Marthe Robert, Henri Thomas, Paule Thévenin, Gustav Bolin, Jacqueline Adamov, Denise Colomb, Jany de Ruy, Gervais Marchal, André Berne-Joffroy, Alain Gheerbrant, Domnine Milliex, Alfred Kern, Pierre Courtens, Henri Pichette, Rolande Prevel, Minouche Pastier, Lucianne Abiet, Marcel Piffret.

    medium_Numeriser0003.jpg Arte Vidéo rend depuis peu disponible ces deux ouvrages cinématographiques en coffret DVD, augmenté d'un bonus : Jacques Prevel, de colère et de haine, documentaire de Gérard Mordillat et de Jérôme Prieur. Il s'agit d'un portrait poignant en 21 minutes du poète (qui attendait beaucoup d'Artaud) à partir des évocations de ses proches.

    A ce pimpant coffret s'ajoute un livret de 20 pages comprenant un entretien avec les réalisateurs et les portraits des intervenants.

     

     

     

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    Coffret de 2 DVD 9 bilingues franco-anglais

    NTSC - Toutes zones/Durée totale : 280MN/Format écran: 4/3

    Son : Dolby Digital Stéréo/Audio : version française/Sous-titres : anglais

    ARTE VIDEO

    www.arteboutique.com

     

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