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GUY DAROL [rien ne te soit inconnu] - Page 47

  • ODEURS ❘ L'INTEGRALE SAISON 1 ❘ 1979-1983

    Odeurs : 7 ans d'existence, 50 chanteurs-acteurs-musiciens, un collectif d'artistes autour duquel gravitèrent quelques-unes des figures les plus emblématiques des années 1980 : Coluche, Pierre Desproges, Jean-Paul Gaultier, Patrick Dewaere, Jean-Baptiste Mondino, Antoine de Caunes, Trevor Horn ...

    Ramon Pipin, l'âme du groupe, commit par la suite 3 albums assortis de collaborateurs aussi illustres que Manu Katché, Eric Serra, John Mc Laughlin, Laurent Baffie ...

    Un premier coffret sera dans les bacs le 5 mars 2007.

    Il réunit quatre albums. La suite, plus tard.

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    CD 1 : Ramon Pipin’s Odeurs (1979)
    1 Youpi, la France
    2 Je suis mou
    3 Dominique
    4 Dernière lettre
    5 Le gros snob
    6 Ode au printemps
    7 I want to hold your hand
    8 Sex bazooka
    9 Douce crème
    10 Chèque baby chèque
    11 Défécation Blues
    12 Le vilain petit zoziau
    13 Tommy Lobo : - Intro *
    14 Lune de miel expérimentale *
    15 Que veux-tu ma « Deux » *
    16 Banque de sperme *
    17 Mise en bas de Tommy Lobo *
    18 Volte-face et sexe à pile *
    19 Lobotomie *
    20 Final *
    21 Astrid (démo) *


    CD 2 : 1980 : No Sex (1980)
    1 De quoi ?
    2 Le stade nasal
    3 L’homme objet
    4 Ma fils Tennessy
    5 Quitte ou double
    6 Le morceau le plus rapide du monde
    7 Astrid
    8 Couscous boulettium
    9 Le jour où les oranges pelurent
    10 La viande de porc
    11 Je m’aime
    12 J’ai le mauvais goût dans la bouche
    13 La santé par les plantes
    14 Rock Haroun Tazieff
    15 Soupe au sirop (live à Bobino) *
    16 Juste un rigolo (live à Bobino) *
    17 Les nouveaux russes blancs (live à Bobino) *
    18 Douce crème (live à Bobino) *
    19 Dominique (live à Bobino) *
    20 Final : on a été féconds (live à Bobino) *
    21 Les salsifis (démo) *
    22 Je m’aime (bonus vidéo) *

    CD 3 : De l’amour (1981)
    1 Que c’est bon
    2 Faut être deux pour faire un enfant
    3 L’amour dégonflé
    4 L’amour par dérision
    5 L’amour sans les dents
    6 Friquet et Colinot
    7 L’amour
    8 Couverts d’amour
    9 Deux doigts d’amour
    10 Les inconnus de l’amour
    11 L’amour à froid
    12 L’amour dans la gueule
    13 Une chanson à la mode *
    14 Le triple slow *
    15 L’idole des jeunes (par Clarabelle) *
    16 Baby boum (par Clarabelle) *
    17 Je m’aime (version alternative 1 par Shitty) *
    18 Je m’aime (version alternative 2 par Shitty) *
    19 Que c’est bon (version alternative par Clarabelle) *

    CD 4 : Toujours plus haut (1983)
    1 Vacances de rêve
    2 Dans les supermarchés
    3 Johnny pas grand chose
    4 Toujours plus haut
    5 Joe le surfer
    6 Oh, les beaux dimanches !
    7 le cri du kangourou
    8 Keskilébien
    9 Les p’tits garçons et les p’tites filles…
    10 Samba Nipanti
    11 Ma chanson est malade
    12 Petit caca Noël
    13 Reine d’un jour (démo) *
    14 On est une bande de copains (démo) *
    15 Elle cache-cache son jeu (démo) *
    16 On chante en play-back (démo) *
    17 Les p’tits garçons et les p’tites filles (démo) *
    18 Le concours Lépine *
    19 Toujours plus haut (version alternative) *


    )L'INTEGRALE SAISON 1, 1979-1983

    )FGL MUSIC/EMI. Sortie mars 2007.

    ) L'INTEGRALE SAISON 2, 1983-1986

    (Live : Optimiste, Nous sommes tous frères, Bye bye vinyle, Ready, steady, go, soit 61 titres dont 12 inédits et 2 clips)

    ) FGL/EMI. Sortie décembre 2007.

    )VISITER LE SITE DE FGL MUSIC

    )VISITER LE SITE D'ODEURS

     

  • CELINE BRUN-PICARD/GREGORY HALEUX ❘ NI UNE NI DEUX

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    Walter Benjamin

    Pour précipiter les coïncidences, pour recevoir les fruits du hasard, nous ne connaissons qu’une méthode, celle que mirent au point Guy Debord et André Breton, Hugo Von Hofmannsthal et André Hardellet, Robert Walser et John Cowper Powys, Montaigne et Walter Benjamin, Andrée Martignon et Jean-Jacques Rousseau, tous élèves d’Aristote, tous péripatéticiens. Cette méthode : la dérive.

    « J’aime à marcher à mon aise et m’arrêter quand il me plaît », Jean-Jacques Rousseau

    « Tout mouvement nous découvre », Montaigne

    « Quoi qu’il m’arrive dans la vie, le seul fait d’être capable de regarder la mousse verte, les branches tombées, etc., suffit à justifier le fait d’être né sur cette planète », John Cowper Powys

    « Une ivresse s’empare de celui qui a marché longtemps sans but dans les rues », Walter Benjamin

    « La formule pour renverser le monde, nous ne l’avons pas cherchée dans les livres, mais en errant », Guy Debord

    Le parfait flâneur est celui qui concilie l’errance avec la recherche du butin. Cette recherche, André Hardellet nous l’a souvent montrée, ne donne de résultats que si l’on s’applique à ralentir. Il faut s’abstraire pour voir. Il faut être sur une ligne parallèle aux lignes de course, itinéraires express, raccourcis supposés réduire le temps perdu.

    Le parfait flâneur perd son temps et ce qu’il cherche est souvent contenu au fond de lui. Lueur qui refuse de s’éteindre. Scintillements dont la continuité dépend du dehors.

    La rencontre avec le dehors fait battre le cœur du flâneur. Certaines images, certaines reliques, miettes, poussières, restants, objets retrouvés composent un hymne à l’enfance qui est le meilleur du butin.

    Chacun s’essaie à un moment ou à un autre au jeu des retrouvailles. Le chemin est souvent mental. Pour qui le taquine en extérieur, il mène tantôt à l’éblouissement, tantôt à la lumière noire.

    Le parfait flâneur peut imaginer que l’éblouissement surgira de la lumière noire. Il doit alors pratiquer son art au profond de la nuit. Lorsque tout somnole, seul le trésor remue.

    Céline Brun-Picard et Grégory Haleux ont fait un (ou, si vous voulez, ni une ni deux) pour explorer les replis de la neuille. Tel le voyeur (lisez, relisez Hardellet !), ils ont choisi les interstices, petits trous dans les bords de rues.

    De leurs flâneries menées sans hâte, entre juin 2004 et janvier 2005, ils ont conçu un dialogue singulier, celui de l’image et du texte, celui du mot qui fait perdre la tête au sens parce qu’il préfère à la ratio, le ricochet et la roue libre.

    Étant donnés est une série de textes génératifs, buissonniers, fugitifs, échappés du troupeau de la langue domestique. On songe autant à Lautréamont (dans l’emploi du « comme ») qu’à Marcelin Pleynet (pour l’écriture de Comme).

    En mettant en échec la rigidité des principes, les régularités sémantiques, Céline Brun-Picard et Grégory Haleux créent les conditions du livre en mouvement. Et particulièrement celle d’une poésie « course à ciel ouvert » (Denis Roche) qui secoue la littérature depuis trop longtemps assoupie. Étant donnés réalise l’union longtemps impensable de Matthieu Messagier et de Léon-Paul Fargue, de Maurice Roche et de Patrick Cloux. Une œuvre.

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    Étant donnés

    Céline Brun-Picard et Grégory Haleux

    Éditions Cynthia 3000, 2006

    Cynthia 3000

    43, avenue du Général Sarrail

    51000 Châlons-en-Champagne

    www.cynthia3000.info


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  • PHILIPPE ROBERT ❘ UN ITINERAIRE BIS

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    Avec la publication du nécessaire ouvrage de Philippe Robert, Rock, Pop/Un itinéraire bis en 140 albums essentiels, il y a comme un effet lumière et ombre. Le matador Manœuvre et sa Discothèque idéale/101 disques qui ont changé le monde, mettons que c’est la lumière. Philippe Robert, discret chroniqueur savant dont la signature dans Jazz Magazine, Mouvement ou encore Vibrations est toujours porteuse de bonnes nouvelles, on va dire que c’est l’ombre. Le rock-critic de l’ombre. Celui qui se baisse et fouille pour arracher une rareté qui ne changera peut-être pas la face souvent hideuse du monde, seulement un peu de notre vie. Qu’il est bon, qu’il est bon ce livre croustilleux ! On y retrouve des traces perdues, des noms tombés du bout de notre langue. Des oubliés, des dédaignés pour parler à la manière de Charles Monselet. Surtout, on risque de s’instruire. Ce qui n’est pas offert tous les jours en ces temps où les informateurs s’arrangent entre eux pour livrer la même martingale.

    L’ouvrage se nomme Rock, Pop, le titre est un poil mauviette, pas à la hauteur de l’envolée. Car Philippe Robert est cultivé mais par surcroît il a du style. En employant le conditionnel, ce mode de l’irréel, il interroge l’imaginaire. Et si l’imaginaire n’était pas autre chose que le vrai en habit diapré. Philippe Robert dit le vrai. Il dit ce qu’il y eut de vraiment meilleur dans la musique pop à partir des années 1960. Quand Philippe Manœuvre annonce le nom de Jeff Buckley, Philippe Robert rappelle celui de Tim, le père. Artiste de quintessence. Surtout, il ne rabâche pas avec AC/DC ou les Beach Boys. Philippe Robert, je l’ai dit, ne craint pas de se baisser, de soulever une pierre et de creuser un tunnel avant d’atteindre le filon. Travail ingrat mais ô combien profitable pour le lecteur qui découvrira (souvent) des noms méconnus et sous ces noms des œuvres floues à l’échelle de la renommée mais assez innovantes pour avoir donner ensuite nombre de copies et de copies de copies. Car les artistes dont parle Philippe Robert sont presque tous sourciers. Ils ont tout inventé.

    Ne vous fiez pas au titre (un choix de l’éditeur peut-être ?), cet ouvrage est une bible. Vous allez devenir riche. Et pauvre. Pauvre, hélas, car il vous faudra débourser beaucoup et longtemps avant de vous procurer (et vous ne serez jamais déçus) les albums de ces héros musicaux de l’ombre que sont

    A Certain Ratio, David Ackles, Amon Düül, Laurie Anderson, Animal Collective, The Arrows, Ash Ra Tempel, David Axelrod, Kevin Ayers, Devendra Benhart, Syd Barrett, Chris Bell, Big Star, Blue Cheer, Ducan Browne, Jack Bruce, Tim Buckley, Buffalo Springfield, Vashti Bunyan, William Seward Burroughs, John Cale, Can, Captain Beefheart, Caravan, Nick Cave, Gene Clark, The Clash, CocoRosie, Kevin Coyne, Creedence Clearwater Revival, The Cure, Current 93, Karen Dalton, Dr John, Nick Drake, Earth, Egg, Brian Eno, John Fahey, Fairport Convention, The Fall, Faust, Bill Fay, Simon Finn, Jackson C. Frank, Gastr Del Sol, Godspeed You ! Black Emporor, Davy Graham, Gun Club, Guru Guru, Keiji Haino, Peter Hammill, Tim Hardin, Richard Harris, Lee Hazlewood, Dahiell Hedayat, Richard Hell, Henry Cow, The Increedible String Band, Jan Dukes de Grey, Bert Jansch, King Crimson, Kris Kristofferson, Paul et Linda McCartney, Magma, John Martyn, Merzbow, Joni Mitchell, Modern Lovers, Montage, Van Morrison, My Bloody Valentine, Naked City, Fred Neil, Neu!, Randy Newman, Joanna Newsom, Nico, Harry Nilsson, The Nits, No Neck Blues Band, Nurse With Wound, Laura Nyro, Yoko Ono, Van Dyke Parks, Gram Parsons, Annette Peacock, Pearls Before Swine, The Penguin Cafe Orchestra, The Pentangle, Pere Ubu, Linda Perhacs, John Prine, Quicksilver Messenger Service, The Red Crayola, Lou Reed, The Residents, Ruins, Todd Rundgren, Saggitarius, Buffy Sainte Marie, Bridget St John, The Seeds, The Shaggs, Shellac, Judee Still, Silver Apples, Slint, The Slits, Soft Machine, Sonic Youth, Sparks, Alexandre Spence, Spirit, Dusty Springfield, Steely Dan, Sufjan Stevens, David Sylvian, Talking Heads, Talk Talk, Tangerine Dream, The 13th Floor Elevators, Richard & Linda Thompson, Throbbing Gristle, Julie Tippets, Traffic, T. Rex, Van Der Graaf Generator, Jean-Claude Vanier, Townes Van Zandt, Tom Waits, Scott Walker, James White, Tony Joe White, White Noises, Robert Wyatt, XTC, Neil Young, Young Marble Giants, The Zombies.

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    Rock, Pop

    Un itinéraire en 140 albums essentiels

    Philippe Robert

    Préface de Gilles Tordjman

    Editions Le Mot et le Reste

    Collection Formes

    310 pages, 20€

    Diffusion VILO

    Vente par correspondance :

    ORKHÊSTRA

    www.orkhestra.fr

    contact@orkhestra.fr

    VOIR TIM BUCKLEY

    VOIR VASHTI BUNYAN

    VOIR KAREN DALTON

    VOIR TIM HARDIN

    VOIR COCOROSIE

    VOIR PETER HAMMILL

    VOIR LAURA NYRO

    VOIR BUFFY SAINTE-MARIE

    VOIR SUJAN STEVENS

    VOIR LEE HAZLEWOOD

    VOIR SCOTT WALKER

    VOIR TODD RUNDGREN

    VOIR HARRY NILSSON

    VOIR LAURIE ANDERSON

    VOIR KEVIN COYNE

    VOIR SIMON FINN

    VOIR KRIS KRISTOFFERSON

    VOIR TALKING HEADS

    VOIR TOWNES VAN ZANDT

    VOIR JOHN PRINE

    VOIR DAVY GRAHAM


     

  • JEAN DEMELIER

    medium_g_demelier.jpgAu temps de la revue Dérive, souvent je rencontrais Alain Borer au pied de la Butte et au débotté. Il demeurait rue d'Orsel et colligeait énormément autour de Rimbaud. Je le vis notamment au lendemain de son invasion par les caméras de télévision. Il venait d'enregistrer une émission qui retraçait son enquête en Abyssinie. Je me souviens de son euphorie barbapapesque lorsqu'il me décrivit le blocage de la rue d'Orsel par les camions des machinos siglés Antenne 2. Ses yeux riboulaient devant tout ce faste destiné à l'exploration de Rimbaud à partir de l'exégète qu'il était, surtout connu pour sa collusion avec la revue TXT et les éditions Daily Bul. Il faisait beau et chaud (contrepéterie facile) et nous flanâmes dans les rues circonvoisines en direction d'un estanco. Sur le chemin, nous croisâmes Jean Demélier dont je venais de lire, coup sur coup, Le Rêve de Job et Gens de la rue. Eh bien, rien à dire, pétrifié, benêt, je ne pus pas même lui chuchoter ma dilection. Il était pourtant rocanrol Jean Demélier, pas je-me-la-pète pour un maravédis. De plain pied, le garçon. J'ai continué à lire ses romans et perdis le fil. Son oeuvre romanesque semble s'étirer sur une courte période, 1971-1984.

    C'est un écrivain talentueux, de ceux qui méritent la passion continue mais dont on ne parle plus. Attendons.

    C'est également un peintre, très actif. Et je suis bien aise de faire savoir que cette dimension de sa personne est aujourd'hui visible jusqu'au 28 février et à la Halle Saint-Pierre. Un lieu décidément inévitable.

    Par chance, ceux qui apprécient l'artiste, l'écrivain, l'homme, pourront serrer la paluche à tout cela. Jean Demélier sera présent tout en un le 8 février à 18h30 au coeur des cimaises. Je ne pourrais y être, triplement hélas, mais je suis bien certain que l'un(e) de vous lui glissera à l'oreille ce que je n'ai pu lui dire à la fin des années 70.

    A savoir : mon admiration.

    __________

    ROMANS
    Le Rêve de Job - Gallimard 1971
    Le Sourire de Jonas - Gallimard 1975
    La Constellation des Chiens - Gallimard 1976
    Le Miroir de Janus - Gallimard 1977
    Le Jugement de Poitier - Ramsay 1978
    Les nouvelles lettres de mon Moulin - Gallimard 1982
    Le métro du bout du monde - Balland 1984
    Gens de la rue - Gallimard 1971

    LIVRES D' ART ET DE DESSINS
    Sketchbook - Oasis books Londres 1974
    Croquis - Jacques Bremond Villeneuve.L.A 1980
    Le Tourneur de Têtes - Poitiers 1981
    Dénature - Sérigraphies René Vidal 1974
    L'Astronome biologique - Sérigraphies de Daniel Mohen 1975
    Nutation - Sérigraphies de Robert Einbeck 1980
    Chair Muette et Dernière Fenêtre - Sculpture de Michel Gérard 1982
    Première Éclaboussure - Sculpture de Michel Gérard 1982
    La naissance de l'Ange - Lithographies d'Abraham Hadad 1985
    Toupie de Chair - Alex Bonnier 1985
    Solution de Continuité - Gravures Jan Arons 1988
    Il neige dans ma nuit - Galerie édition Diane Manière 1988
    Passage d'Amour - Lithographies de Jacqueline Blewanus 1989
    Fleuve - Lithographies de Daniel Mohen 1990
    Betalpha - Illustrations Jack Vanarsky 1990
    Livre Leur - Jacqueline Blewanus 1996
    Chose - Jacqueline Blewanus 1999

    PIECES RADIOPHONIQUES (France Culture)
    Echo-Pulsion
    Hemoomixia
    Narcisse
    Autoportrait dans une oreille
    Toilettes
    Ainsi vous voulez écouter une pièce radiophonique ?

    ESSAIS (édition René Baudouin Mona Lisait)
    Brefs Prolégoménes à un Système Politique Prochain 1997
    L' Ange et Moi 1998
    Le nouveau Code Noir 1998
    Théâtre : Sur la Plage ( Avignon ) 1997

    COLLECTIONS NATIONALES
    Huit tableaux dans les Collections Nationales (CNAC, MNAM, Centre Georges Pompidou, FNAC)
    Nombreuses collections privées.

    __________

    HALLE SAINT-PIERRE - Galerie (entrée libre)
    2, rue Ronsard - 75018 Paris
    Tél. : 01 42 58 72 89 - Fax : 01 42 64 39 78
    Métro : Anvers/Abbesses
    www.hallesaintpierre.org

    __________

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    Jean Demélier
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    Jean Demélier




  • ANDRE BLANCHARD ❘ LES ACOUPHENES

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    cochlée saine

    Dans l’un de ses livres, Henri Calet évoque les bourdonnements dans les oreilles qui surviennent après quarante ans. À la page 82 d’Entre chien et loup (Carnets, avril-septembre 1987), André Blanchard écrit ceci :

    « Cela fait six ans maintenant que j’ai des sifflements aigus et tonitruants dans les oreilles, ininterrompus du lever au coucher. J’en parle de moins en moins, comme s’ils pouvaient de cette discrétion prendre de la graine et ressembler à ces phénomènes qui, privés de publicité, se dégonflent d’eux-mêmes ! À ce jour, c’est encore la seule méthode pour parer ce coup du sort. »

    Selon Ronan Botrel, mon mélomane ORL lui-même acouphénique, attentif depuis zinzinulante lurette à mes tintements, mes bourdonnements, Van Gogh se tira une balle dans l’oreille pour mettre à mort un sifflement.

    Il est heureux que je ne possède pas d’arme à feu.

    Car les acouphènes mis à distance (et la méthode d’André Blanchard est excellente) parviennent à certains moments de notre confuse existence à user de ruses subtiles pour s’imposer plus bruyamment qu’ils ne nous avaient agressé.

    Et l’on se demande si l’on va tenir le coup.

    Sans envisager néanmoins de se tirer dessus.

    Vous, acouphéniques obsédés par ce bruit dont on sait aujourd’hui qu’il est le signal inextinguible du neurome mort équivalent à la douleur du membre fantôme, qu’avez-vous trouvé comme ruse pour atténuer le « coup du sort » ?

    André Blanchard

    Entre chien et loup

    Le Dilettante, janvier 2007

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    cochlée abîmée


     

  • LA LITTERATURE SE PORTE BIEN, MERCI ! ❘ A PROPOS DE MARCEL SCHWOB, TZVETAN TODOROV, PIERRE BAYARD ET ERIC DUSSERT

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    Marcel Schwob

    Entre la littérature et la vie, certains n’hésitent pas, ils choisissent la littérature. Choisir la littérature, ce fut pour Marcel Schwob « la seule existence possible ». Ainsi l’a écrit le savant Sylvain Goudemare dans sa biographie sur l’auteur du grand, très grand Livre de Monelle copié par Gide. Schwob en était certain. La littérature était sa passion. La littérature était sa vie.

    Deux auteurs piqués de science nous déclarent aujourd’hui d’étranges choses. Selon le linguiste Tzvetan Todorov qui inventa avec Gérard Genette la poétique («étude des propriétés du discours littéraire »), la littérature est condamnée à disparaître du fait que son apprentissage institutionnel privilégie désormais la pédagogie des outils d’approche. Il est gonflé Todorov ou bien perclus de remords. C’est lui qui, accompagnant le combat de la textuation post-structurale, érigea l’écrit en pièce à disséquer. Todorov a beau se lamenter à la lecture d’un Bulletin officiel du ministère de l’Éducation Nationale qui ordonne d’envisager la littérature sur « un mode plus analytique », il siégea entre 1994 et 2004 au Conseil national des programmes. Fallait pas y aller Todorov ! Il ne fallait pas participer à une entreprise qui appelle, chaque jour un peu plus et à coups de projets et de projets de projets, à transformer magiquement l’art d’enseigner en une pseudo-science. Car à force de scientifier la vie (et la littérature, c’est l’égale de la vie), on aboutit à des situations comme celle où se trouve notre bon vieux Todorov qui tant aime la littérature. On se mord les doigts. On s’autoflagelle. On écrit La Littérature en péril, ouvrage incohérent, surtout pas boutefeu.

    Il peut écrire : « La littérature peut beaucoup ». Ou : « Si je me demande aujourd’hui pourquoi j’aime la littérature, la réponse qui me vient spontanément à l’esprit est : parce qu’elle m’aide à vivre. » Et conclure par : « À nous, adultes, incombe le devoir de transmettre aux nouvelles générations cet héritage fragile, ces paroles qui aident à mieux vivre. » On n’oublie pas qu’il contribua à ce qui me fit déserter l’université, jambes au cou : l’opération de dessèchement. Je conserve en mémoire inusable le souvenir de l’étude des Chants de Maldoror dans l’enceinte sorbonnarde post-soixante-huit par un professeur inspiré de la grammatologie en vogue : la mort est sûrement moins chiante. Cette dissection baveuse/bavarde ô combien a beaucoup participé à l’éloignement de la littérature, cet épicentre des émotions. Todorov peut geindre. Todorov peut prédire le pire.

    Le pire est derrière nous Todorov, du temps que vous étiez tendance.

    Un autre, publiant chez Minuit, se demande Comment parler des livres que l’on n’a pas lus ? Pierre Bayard, auteur d’essais aux titres choupaïesques (Comment améliorer les œuvres ratées ?, Qui a tué Roger Ackroyd ?, Demain est écrit), affirme qu’il n’est pas raisonnable de  tout lire. N’a pas tort. Question de bon sens. Puisque c’est mission impossible. Il recommande en suivant le propos de Robert Musil, dans L’Homme sans qualités, de se faire une « vue d’ensemble ». Il suffit, selon lui, de savoir où se place tel livre dans « la bibliothèque collective ». Non plus de prendre plaisir, serait-ce même, au texte. Puisque « la lecture est le lieu de l’évanescence », à quoi bon se fracturer la tête. Survolons. L’essentiel est de ne pas sembler bête lorsqu’on nous interrogera sur Marcel Proust ou sur James Joyce. Que l’on en sache par l’écho paraît important autant que d’en connaître par la lecture. Du moment que l’on puisse classer aisément. Du moment qu’à l’université, où tout le monde travaille, chacun sait, le professeur qui a zappé telle œuvre de Shakespeare ne soit pas pris pour un con à l’instant cruel où tel étudiant fouille-merde lui posera la question qui tue. Pierre Bayard démontre, références littéraires sous le coude, qu’on peut très bien faire illusion sans lire. Chapeau bas !

    Il manque le livre qui témoignerait en faveur de la littérature, de la littérature indestructible, naturellement. Celui qui nous dirait : perdez votre temps, lisez ou ne perdez pas votre temps, lisez – les deux propositions se valent. En vérité, l’ouvrage existe. Il est d’Éric Dussert et s’intitule La littérature est mauvaise fille. On songe à Charles Monselet (1825-1888) pour Les Oubliés et les Dédaignés (Poulet-Malassis et de Broise, 1857), recueil de figures littéraires de la fin du 18e siècle. Comme éditeur (au Griot), comme libraire d’anciens (9, rue du Cardinal Lemoine 75005 Paris), Sylvain Goudemaire fit/fait beaucoup pour perpétuer le nom de Monselet qui perpétua ceux de Barbara, Esquiros, Defontenay, Mercier, le Cousin Jacques, Olympe de Gouges, Rétif La littérature est mauvaise fille est dédié à Sylvain Goudemare. Cette collection d’écrivains rares s’ouvre justement sur une nouvelle de Charles Monselet.

    Éric Dussert a la passion des scintillements qui exigent la patience, l’attention soutenue, quelquefois la lorgnette (!). Sa chronique dans Le Matricule des Anges se nomme Les é garés, les oubliés. On voit sa concomitance avec celui qui signa Les Oubliés et les Dédaignés. Car Éric Dussert ne supporte pas que l’on passe sans voir auprès d’une œuvre, qu’elle soit actuelle ou inactuelle. Est-ce une passion ? N’est-il pas lui-même celui qui a choisi ? La littérature ou la vie. M’est avis que pour le critique littéraire et préfacier et éditeur et pamphlétaire (car il est tout cela à la fois), les deux marchent ensemble, d’un même pas flâneur. Une chose est absolument certaine, je ne vois pas Éric Dussert survoler ou arranger de mesquines combinaisons pour laisser accroire qu’il a lu un livre qu’il n’aurait pas lu ; je ne le vois pas désespérer de la littérature. Avec lui, soyons quiets, la littérature vit. Elle ne rapporte rien mais elle vit.

    Comme Charles Monselet ou Jacques Brenner (ces grands), il croit en une littérature analeptique, il pense que l’on peut aller/avancer mieux en lisant Bienvenu Merino qu’il vient de rééditer à l’Atelier du Gué. Il est convaincu qu’il nous faut découvrir ces écrivains du temps passé que la critique (si souvent paresseuse) a délaissé. Il invite avec son enthousiasme et son talent à se pencher maintenant, si possible maintenant, sur quelques écrits brefs de Jean Richepin (1849-1926)  ou de Théo Varlet (1878-1838), d’Isabelle Eberhardt (1877-1904) ou de Joseph Méry (1797-1866). Ils sont au nombre de quinze dans cette magnifique réunion à nous dire que la littérature fait vivre, qu’il fait bon vivre en la lisant. Pour chacun d’eux, Éric Dussert a donné tout ce qu’il a d’informations utiles. Si bien qu’après nous être enflammé pour L’expiation de Gabriel de Lautrec (1867-1938), on peut en apprendre sur ce « confrère de Georges Courteline et d’Alphonse Allais, un humoriste donc qui a redoublé de malchance en recevant un patronyme écrasant. » Tous les auteurs sont livrés avec une biographie et la preuve qu’ils sont exceptionnels. Éric Dussert qui est un homme de bon goût a évidemment choisi le meilleur de ce qu’ils avaient créé dans le bref, l’adamantin. Si bien que son livre est une démonstration que l’amour de la littérature ne crèvera jamais, qu’elle est consubstantielle du cœur, un battement nécessaire. Pas un cadavre, Todorov, pas un cadavre ! Donc,  en dépit des craintes d’apprenti sorcier et des carambouilles d’herméneutes malins,  la littérature, elle se porte bien. Enfin, comme elle peut, avec l’intérêt qu’on lui porte. Elle va solitaire la littérature, accompagnée toujours de solitaires. Elle va, elle va bien. Oui, merci. Guy Darol

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    Marcel Schwob ou les vies imaginaires

    Sylvain Goudemare

    341 pages, 21,19€

    Le cherche midi éditeur, novembre 2000

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    La littérature en péril

    Tzvetan Todorov

    93 pages, 12€

    Flammarion, collection Café Voltaire, décembre 2006

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    Comment parler des livres que l’on n’a pas lus ?

    Pierre Bayard

    163 pages, 15€

    Les Éditions de Minuit, décembre 2006

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    La littérature est mauvaise fille

    Éric Dussert

    197 pages, 19€

    Atelier du Gué, novembre 2006

    www.cherche-midi.com

    www.flammarion.com

    www.leseditionsdeminuit.fr

    www.atelierdugue.com

    Ma fille Olinka a sept ans aujourd'hui, à cette heure.

    "Il faut se faire une déraison."

    Mais, au fait, qui signa cet exact constat ?


     

  • SURREALISME BELGE ❘ DADA ❘ ANTIDADA ❘ MERZ

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    Paul Colinet et Louis Scutenaire

    L'excellentissime (car toujours folichon) label belge Sub Rosa donne à entendre deux artefacts d'exception. Tenez-vous à ce que vous pouvez !

    Voici, dans sa collection Archives Sonores, un deuxième volume dédié au Groupe Surréaliste bruxellois (1926-1938). Une occasion, bien rare, d'entendre les propos souvent mordicants de Louis Scutenaire, Marcel Mariën, René Magritte, Paul Colinet, E.L.T. Mesens, Marcel Lecomte, André Souris, Paul Delvaux, Constant Malva, Achille Chavée, Fernand Dumont. Gros délire, n'est-ce pas vrai ?

    A cette bonne bonne nouvelle, il faut ajouter ceci, que le même label publie un CD sous l'impulsion toujours épatante de Marc Dachy. Trois dada lisent leurs propres textes : Hans Arp, Raoul Hausmann et Kurt Schwitters. Booklet en français, anglais et allemand.

    Ces deux précieuses choses sont disponibles à la vente par correspondance grâce aux méritants d'Orkhêstra International.

    Magritte, groupe Surréaliste et Rupture (1926-1938), volume 2

    Collection Archives Sonores/Avant-Garde In Belgium 1917-1978

    SUB ROSA/ORKHESTRA

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    Dada Antidada Merz : Arp, Scwhitters, Hausmann

    Edité par Marc Dachy

    SUB ROSA/ORKHESTRA

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    Hans Arp
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    Raoul Hausmann
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    Kurt Schwitters

    www.orkhestra.fr

    contact@orkhestra.fr

    www.subrosa.net


     

  • 'PATAPHYSIQUE ❘ ALFRED JARRY ❘ JEAN-PIERRE BRISSET ❘ JACQUES CARELMAN

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    Il n’est pas trop tôt pour célébrer le jour des morts ou, plus merveilleusement encore, le jour où Alfred Jarry enfourcha son vélo pour un dernier voyage. Car c’est bien le 1er novembre 1907 que l’inventeur de la ‘Pataphysique replia sa gidouille. Cela fait cent ans, à quelques saintes Ferfette près – pour jacasser comme Claude Ponti.

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    Le Centre International de Poésie de Marseille n’a pas attendu de se faire doubler par les grosses cylindrées de la commémoration.

    Il a lancé la chose et ce n’est pas une mandorlade autour de l’ubuesque crâne.

    Plutôt une exposition sur ses effets.

    Intitulée ‘Pataphysique, langages & machines.

    Et c’est commencé depuis le vendredi 26 janvier.

    Jusqu’au samedi 10 mars 2007 (ou lundi 16 pédale CXXXIV), l’abri massalien de la poésie mappemondiale est ouvert aux curieux de, notamment, Jean-Pierre Brisset (1857-1923) qui théorisa avec beaucoup de certitudes sur le fait que le langage que nous coassons fut inventé par les grenouilles et, Jacques Carelman qu’il serait hâtif de résumer aux seuls objets et timbres-poste introuvables qu’il imagina.

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    Pour l’ambroisie, il convient de se rendre

    ۩,2 rue de la Charité – 13236 Marseille

    ♪ 04 91 91 26 45

    www.cipmarseille.com

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    Jacques Carelman
  • JEAN L'ANSELME

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    Jean L'Anselme

    Du même tonneau, dont on fait les devins, que Jean Dubuffet et Gaston Chaissac, Jean-Marc Minotte alias Jean L’Anselme (à tout vent, merci à la maison Larousse !) est né le 31 décembre 1919. À minuit, soyons exact, ce qui fait hésiter sur son âge actuel. Car ce défenseur d’une poésie sans dieu ni maître, ce self made man du vers définitivement libre est un contempteur du temps sagittal qui dicte les modes. N’ont pas d’âge ceux qui préfèrent la vie sauvage et primitive, l’art sans dossier de presse ni félicitations du jury, la poésie faite par tous.

    Immarcescible, Jean L’Anselme est fort d’un humour que l’on devrait copier et d’une bibliographie copieuse. Ses œuvres qui riment avec la déraison, l’impertinence et l’ânerie de bon aloi sont en grande part publiées par Rougerie. Elles dénoncent « les écrits tarabiscotés » qui ne veulent rien dire mais feignent de nous faire croire qu’ils disent plus subtilement l’insondable dessous des choses. Elles dénoncent mais elles proposent : une poésie vitaminique, une littérature souriante pour ne pas dire désopilante. Hors-mode en un temps où la joie est considérée comme une insulte à l’intelligence, ce poète moins sobre que calembourré est ignoré de la rue d’Ulm au Centre International de Poésie, autrement dit de L’Arctique à l’Antarctique, contrées au demeurant bien froides.  Dommage car avec Jean L’Anselme la vie est moins chiante, on se marre et ça réchauffe.

    Cet ancien international de handball à la voix façonnée dans le tendre burlesque sera joué (mais pas refait) par Didier Parmain le dimanche 11 février 2007. Ne cherchez, je vous en prie, aucun mauvais prétexte pour aller le saluer ce jour-là à l'Auditorium de la Halle Saint-Pierre. Ce serait vous priver. Guy Darol

    CONSEILS A UN JEUNE POÈTE

    Jean L'Anselme

    Certes, je ne vais pas tout te dire ; je me limiterai à quelques points et non des plus encourageants. Ne te crois pas tout d'abord issu de la cuisse de Jupiter. Remettons la poésie à sa juste mesure, ce n'est plus un objet de culte, une affaire de caste. On ne naît pas poète, on naît comme on est, c'est-à-dire comme tout le monde. N'importe qui peut être poète, je suis moi-même n'importe qui. Il n'y a d'ailleurs pas d'école où on enseigne la poésie pour en ressortir avec un CAP alors que, dans les autres domaines de l'art, il existe des conservatoires et des académies. C'est une réalité à laquelle on ne songe guère. Nous sommes donc des millions de poètes comme toi. Souvent sans le savoir.
    Le statut de poète a donc bien changé. Le poète n'est plus celui qui dans le ciel cherche la route que lui montre la main du seigneur, comme le définissait Chatterton, son existence est plus terrestre, bien plus ordinaire. Dans la configuration actuelle où chacun dispose de tous les moyens de communication pour se faire connaître de son vivant, le poète, comme tout artiste en général, ne travaille plus pour avoir son nom dans le dictionnaire. S'il n'arrive pas à se faire remarquer avant de mourir, c'est parce que, tout simplement, il n'en vaut pas la peine. Dans notre société de consommation, il se trouve voué, comme le frigo et la télé, à une utilisation temporaire et immédiate. Il ne dispose que d'une garantie limitée, il a lui aussi sa date de péremption, la durée de son existence. Le Conservateur du château de Versailles disait à Jacques Chancel qu'en matière d'art," nous vivions une période de l'éphémère". Et cette affirmation, dans la bouche de celui à qui incombait la protection et la sauvegarde des chefs- d'oeuvre éternels, résonnait lugubrement.

    On combat actuellement dans l'art les notions de pérennité et de postérité en le rendant vulnérable et en l'assimilant à un simple objet d'usage ordinaire. Les toiles sont peintes "au pistolet"; on incorpore des éléments qui refusent l'amalgame et se séparent de leur support. Les collectionneurs s'interrogent sur la durée de leurs acquisitions. On crée des"happenings", des "événements", des "autodafés ", c'est-à-dire des œuvres sans lendemain. Christo "emballe" le Pont-Neuf et le déshabille quinze jours plus tard. Personnellement, je travaille beaucoup sur les slogans publicitaires, l'actualité, ce qui rend mes écrits précaires sans espérance de lendemains glorieux.

    Tu aimes la poésie sinon tu n'en ferais pas. Pour le moment, tu es son amant (son aimant), tu couches avec, c'est le coup de foudre, Capoue, Cythère, le pied ! Sache toutefois que si tu veux te faire accepter, il te faudra lui jurer de mourir avec elle et de lui en donner la preuve. Elle n'a cure des amours passagères, de l'inconstance, des flirts entre deux trains. Pour en arriver à ce stade, il te faudra traverser un long désert d'indifférence, d'ingratitude, de solitude où tout ce que tu écriras en t'arrachant les tripes comme le pélican, tombera dans un puits profond sans le moindre écho. Songe qu'à l'approche de mes 55 ans, après avoir écrit je ne sais plus combien d'ouvrages, Pierre Seghers me disait : "Tu vois, tu es encore pour moi un jeune poète". N'est donc pas poète qui le veut, mais qui le prouve, à la longue, patiemment.

    Nous l'avons dit, il n'y a pas d'école pour apprendre, alors que fait celui qui ambitionne d'être poète ? Eh bien, spontanément, en bon autodidacte, il écrit, il écrit d'après ce qu'il connaît, c'est-à-dire ses classiques, donc à l'ancienne. Il commence donc à faire des " à la manière de" ce qu'il aime, il fait de la décalcomanie vieillotte. Mais il lui faut passer ce cap, il lui appartient pour cela de dévorer tout ce qui est neuf, nouveau, contemporain. Il passera alors du stade du pastiche à celui de la connaissance. Il se mettra à écrire différemment, en fonction de ce nouvel acquit. Ses écrits prendront un nouveau visage, respireront autrement. Tu peux penser, à ce degré, qu'il est arrivé à la maîtrise, à son apogée. Erreur! S'il veut être absolument différent, il lui faudra effacer tout ce qui l'a nourri. "Le véritable artiste, dit Derain, est l'homme inculte", c'est-à-dire qu'il devra oublier tout ce qu'il a appris pour ne ressembler à personne.

    A l'examen de ce long parcours, tu ne t'étonneras donc pas si le poète ne peut bénéficier d'une certaine reconnaissance générale qu à l’approche de ses 70 ans et qu'il ne vit véritablement sa grande consécration qu'entre 80 et 95 ans, d'autant plus que les médias qui devraient servir à sa célébration ne lui accordent pas plus d'importance qu'à un joueur de quilles.

    Je te souhaite donc bon courage et longue vie.

    A présent oublie tout ce que je viens de te dire et n'écoute pas les autres. Si j'avais moi-même suivi les conseils qui me furent prodigués, je n'en serais pas à prôner un art à contre-culture et à proposer la réhabilitation du laid pour qu'il soit le beau de demain. Qui de sensé aurait pu me mettre sur cette route ? Malgré tous ces propos peu encourageants, sache que l'aventure en vaut la peine. Dis-toi que "la garce n'a pas besoin de fesses de printemps et d'un sexe de glaïeul" pour qu'on en soit épris d'un amour fou.

    Publié dans Poésie/Première n°13

    Bibliographie (extrait)

    Ça ne casse pas trois pattes à un canard et après ?, Mortemart, Rougerie, 2005

    La chasse d'eau, les poèmes cons, manifeste suivi d'exemples, Mortemart, Rougerie, 2001

    Le ris de veau, Mortemart, Rougerie, 1995

    Pensées et proverbes de Maxime Dicton, banalités, bêtises, paradoxes, balivernes, lieux communs et autres propos sérieux de l'auteur, Mortemart, Rougerie, 1991

    Bêtises, paradoxes, balivernes et autres propos sérieux de Maxime Dicton, Paris, les éditions La Bruyère, 1989

    Qui parle de bonheur, Paris, L'Ecole, Collection "Poètes contemporains", 1985

    L'Anselme à tous vents..., Mortemart, Rougerie, 1984

    L'Humour raconté aux (grands) enfants, Paris, Les Éditions ouvrières, 1988

    La France et ses environs, poésies instructives suivies de Vers de mirliton, Mortemart, Rougerie, 1981

    Les Poubelles, Manifeste des poubelles et autres poèmes, complété d'un Hommage à "Tel quel", Rougerie, 1977

    Qui parle de bonheur, Tire-Lyre, Paris, L'Ecole des loisirs, 1977

    La Foire à la ferraille, Paris, Les Éditeurs français réunis, 1974

    Du vers dépoli au vers cathédrale, avec une intervention intempestive de Michel Ragon, Mortemart, Rougerie, 1962

    La danse macabre, poème, dessins de Théo Kerg, Mortemart, Rougerie,  1951

    Chansons à hurler sur les toits, Paris, chez l'auteur, 1950

    Sur Jean L’Anselme

    ● La Nouvelle Revue Moderne

    Numéro spécial

    Jean L’Anselme – Vive la poésie

    94, rue Kléber 59493 Villeneuve d’Ascq

    Jean L’Anselme : Pour de rire, pour de vrai

    Jacques Lardoux

    Presses de l’Université d’Angers, 249 pages, 2004

    ● Rougerie éditeur

    7, rue de l’Échauguette 87 330 Mortemart

    Jean L'Anselme
    et ses poésies au ris de veau, au ris au laid, pleines de ris aux mots dans un ragoût mâché par
    Denis Parmain
    pour un voyage Con Comme la Lune

    à la HALLE SAINT PIERRE

    A l'auditorium, le dimanche 11 février 2007, à 16 heures.

    Entrée libre

    2, rue Ronsard – 75018 PARIS
    Tél. 01 42 58 72 89
    Métro Anvers/Abbesses
    Con comme la lune,
    est une agitation que le poète partage avec Denis Parmain comédien con, mais aussi avec joie et bonheur.



    HALLE SAINT-PIERRE - Auditorium
    2, rue Ronsard - 75018 Paris
    Tél. : 01 42 58 72 89 - Fax : 01 42 64 39 78
    Métro : Anvers/Abbesses
    www.hallesaintpierre.org





     

  • ANDRE BLANCHARD

     

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    Il ne fait pas grand-chose pour s’exposer à tous les regards sinon faire acte de présence dans une galerie d’art à Vesoul. Il refuse de se hisser au sommet de l’échelle qu’on lui tend. Nous aurions pu lire son portrait en quatrième du quotidien Libération ou découvrir chaque minute de sa vie dans les pages du Matricule des Anges. Il paraît que la télévision a beaucoup insisté pour qu’il s’anime dans le cadre.

    André Blanchard s’est toujours esquivé mais de certaine louange il n’a pu se sauver comme de l’hommage génufléchi que lui adressa Frédéric Beigbeder et qui orne le rabat d’Entre chien et loup, réédition de ses premiers Carnets publiés en 1989.

    Heureusement, nous apprenons que Jacques Brenner (un vrai poids lourd des Lettres) signala en son Journal que ces Carnets sont un acte de «littérature à part ».

    Et voilà, je suis passé à côté d’André Blanchard comme d’une main qui aide à sauter les remous. En le découvrant aujourd’hui, j’augmente cependant mon trésor de joies. Car cet écrivain qui observe le monde en recourant à la littérature est l’auteur de sept volumes. Ouf ! Il m’en reste cinq à déguster (à tous les sens du verbe) et cette attente est mon régal.

    Je crains que malgré ses précautions contre le succès, la digestion de ses écrits par les machines du spectacle, je crains qu’André Blanchard ne soit déjà trendy. Quelque intuition me dit qu’en lisant ce billet, certains parmi mes pointus visiteurs, vont étouffer un vilain ricanement. Quoi, Guy Darol a survécu depuis 1989 sans connaître le carnettiste Blanchard ! J’entends venir cela comme le ras-de-marée mode qui s’annonce. Ils vont tous s’y mettre et le galeriste érémitique ne pourra nibe face à ce tsunami d’admiration.

    D’aucuns vont y voir un phénomène à la taille de Julien Gracq, Maurice Blanchot. Et comme l’insulte qui manque au temps, celle qu’incarna par exemple Guy Debord.

    Je crains qu’André Blanchard, 56 ans, soit contraint à prendre le maquis, loin de Vesoul. D’avoir sous-estimé l’opiniâtreté des moyens, la puissance de feu de l’ennemi. Le spectacle (ou, si vous voulez, la société technomédiatique) n’apprécie guère qu’on se refuse à son plaisir.
    Combien de temps parviendra-t-il à se faire oublier ?

    Je recommande aux entêtés de le lire (serait-ce un chouïa) avant de s’y piquer. André Blanchard, nombreux l’ont désigné successeur de Léautaud, n’est pas un tendre. Au ton qu’il adopte, son refus de rigoler dans l’arène pourrait anticiper une séance de cous tordus. Il possède une excellente énergie de démolition (certains ont cru voir renaître Léon Bloy) susceptible de terroriser y compris les morts.

    Pas la mort, cette fin au cœur de chaque jour, sujet sur lequel il réfléchit beaucoup sans nous infliger de prothèses. Car il faut bien dire que ses empoignades avec le concret, le dur, la réalité sans chichis, font de lui l’écrivain dont la littérature a le plus grand besoin. Guy Darol

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    "Et si je révolutionnais ce fichu pacte autobiographique en ne parlant plus de moi ? Pas chiche ! Disons que cela n'aurait rien du sacrifice tant, dans ces Carnets, l'autobiographie arrive loin derrière le reste ; et encore ! elle se prévaut de l'ombre plus que du grand jour", André Blanchard

    Entre chien et loup, Carnets, avril-septembre 1987, Le Dilettante, janvier 2007

    121 pages, 14 €

    Contrebande, Carnets 2003-2005, Le Dilettante, janvier 2007

    317 pages, 20 €

    En librairie le 2 février 2007

    Visiter les éditions Le Dilettante

    www.ledilettante.com

    Librairie-Editions Le Dilettante

    19, rue Racine

    75006 Paris

    "Chaque achat de livres, c'est un bail de quelques jours que je signe avec l'amour de la vie", André Blanchard.