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GUY DAROL [rien ne te soit inconnu] - Page 50

  • DICK ANNEGARN ❘ PLOUC

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    Trouveur/trouvère jonglant avec les sons et les vocables, Dick Annegarn, natif de Hollande (pays aussi plat qu'un plat) est un chanteur francophile à l'accent roulant qui façonna dans les années 1970 ces miniatures géniales nommées Bruxelles, Sacré Géranium, Bébé Eléphant ou encore Ubu. A la manière de Léo Ferré, il adopte une trajectoire incompatible avec les diagrammes du show-business. Il quitte la compétition sans craindre le moins du monde de laisser sur le carreau ses fans définitifs. Puis il revient et s'installe dans le sud-ouest, en pleine terre agricole récemment célébrée sur son dernier album, l'explicite Plouc. Dick est mobile et déroutant, imprévisible et touchant. Ses chansons vont au coeur sans tergiverser. L'homme est vrai comme le bon vin, cru et crédible. Aucune contrefaçon.

    Ayant débuté sous l'empire de Jacques Brel et de Woodie Guthrie, il est aujourd'hui congratulé en grandes pompes, comme l'égal de Brassens qu'il admire, par des pointures qui se font petites.

    Le Grand Dîner, album hommage, réunit Arno, Alain Bashung, Bénabar, Christophe, Thomas Fersen, Alain Souchon et beaucoup d'autres, ligués pour promouvoir l'immense Annegarn, dieu de la scène, voix sans pareille, guitariste virtuose et qui sera en personne le mardi 28 novembre, à 21 h, au Carré Magique de Lannion.

    Dick Annegarn : chant, guitare

    Barnabé Wiorowski : tuba

    Jean-Pierre Soulès : cor d'harmonie

    CARRE MAGIQUE

    Place des Ursulines/Parvis des Droits de l'Homme

    22300 Lannion

    Tél : 02 96 37 19 20

    accueil@carre-magique.com

    www.carre-magique.com

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    PLOUC

    DICK ANNEGARN

    Tôt Ou Tard, 2005

    www.annegarn.com

    www.totoutard.com

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    LE GRAND DINER

    TRIBUTE A DICK ANNEGARN

    Tôt Ou Tard, 2006

    Voir Dick Annegarn

     

  • FRANCK DIT BART

    Franck Dit Bart est un écrivain jouasse qui ne pratique ni le style émacié ni le propos de marbre. Il vient de faire paraître un premier roman aux éditions Michel Champendal. Carl et les vies parallèles est une histoire où tout est mis à nu. L'auteur qui porte un alias "à coucher sous un chapiteau de cirque" (sic) en connaît un rayon. Sur le poil et la dépoilade, il n'est jamais bredouille. Munificente voire sardanapelesque, son écriture renvoie (sans un haut-le-coeur) à Raymond Queneau et à Octave Mirbeau, à Boris Vian et à Henri Avelot (dont on finira bien par Goncouriser avec un siècle et demi de retard son Homme verdâtre et sa Comtesse tatouée). Le livre est grave mais désopilant. S'il ne tenait qu'à moi, je le sanctionnerais sans le moindre procès d'un Prix de l'Humour Encore Plus Noir. A cette copie dépourvue de ratures, de péguysme et de tralala, je mets 20 sur 20. Et encore, en notant vache. Merci Michel Audiard. Merci Robert Dalban. Et à présent, suivons le Bart.

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    Guy Darol : « Le corps se désharnache et voilà le Misissipi. » Comme Joseph Delteil, tu es un prosélyte de la vie nue. Est-ce ainsi que l’on ment le moins ?

    Franck Dit Bart : Si ne pas mentir c’est se mettre à nu, aux nues, alors dans ce cas : « Sans être asservis par l’ignorance comme le sauvage, nous devenons physiquement libres comme lui, en nous plongeant dans l’eau ; nos membres n’ont plus à subir le contact des odieux vêtements et, avec les habits, nos laissons aussi sur le rivage une partie de nos préjugés de profession ou de métier ». Je pense qu’Elisée Reclus dans son Histoire d’un ruisseau paru en  1869 est toujours d’une vibrante actualité. Son ouvrage avait des visées pédagogiques. C’est le géographe qui nous relate les dérivés à choix multiple du ruisseau qui grandit sous les galoches de l’écrivain sur le terrain. Cette démarche, je la rapprocherais du Merveilleux voyage de Nils Holgersson à travers la Suéde de Selma Lagerlöf (1906). On croit rêver ! Un ministère de l’Education qui prêterait main forte au fait littéraire pour offrir à partager aux enfants d’un vaste pays, ce voyage dans les airs. Henri Poulaille ne s’y est pas trompé quand il nous décrit l’importance de cet ouvrage pour des générations présentes et avenir : « Avec quel amour l’ancienne petite maîtresse d’école écrivit ce joli roman et quelle charmante moraliste qui  a toujours de la peine à punir ou blâmer les coupables ! Ce petit Nils, mauvais garnement, est ensorcelé, car il avait taquiné un tomte. Devenu tomte lui-même, il fera en compagnie d’une tribu d’oies sauvages, une magnifique randonnée à travers la Suède. (…) Quel gosse ne désirerait pas être transformé en tomte ?» (quatrième de couverture de l’édition Presse Pocket).

    Etre et se vivre naturiste c’est aussi être capable selon moi de jouir cette osmose sensorielle au naturel, le corps et l’esprit allégés des matières organiques qui nous niquent la couenne. Seulement devenus adultes, nos « habitus » gouvernent la danse, nous rattrapent toujours et rappellent comme un écho à leurs bons souvenirs. Et pour ne pas gâcher la touche finale du tableau, quoi qu’en dise le discours naturiste lénifiant, un ouvrier nu et un cadre nu se différencient aussi par l’élément moteur de leur acharnement à respecter les rouages du travail salarial. La force de travail (quel vilain mot belliqueux !) a usé celui qui s’échine avec la machine, alors que le scrutateur des œuvres, lui, a usé ses fonds de frocs à la chaise de son bureau. Celle ou celui qui écrit disperse ses neurones mais ne ressent pas les courbatures d’une tâche effectuée et répercutée huit heures durant. Alors, à savoir comment la fatigue se délite la géographie physique, tout est question de soudure et d’arthrite métrique.

    Et puis finalement, le corps nu ne ment  pas, il est tel qu’en lui-même sujet à l’érosion, à l’érotisation naturelle du temps qui nous câline la peau et nous susurre ses mots doux. C’est une sensation agréable à tous les stades de l’existence de se sentir seulement vêtu du souffle du vent, des embruns, de l’humus et toutti corpus.

    Nu, le cul à l’air tout se joue dans le regard à autrui, puisque les artifices colifichets des frusques se défrisent la patine coton et synthétique jetée aux oubliettes. L’autre perçu tel qu’en lui-même, il n’y a que ce qui se balloche le swing dans les caboches qui n’est pas perceptible et tout est affaire d’interprétation, d’où aussi les malentendus, les conflits sous-jacents et la fraternisation du réconfort avec l’effort de communication sans les atours et les sous-entendus des sans dessous dessus.

    Les corps fusionnels dans la nature murmurent à l’étamine cette mine réjouie.

    GD : De la vie nue au naturisme, il y a un saut que le héros de ton roman n’hésite pas à franchir. Mais ce n’est pas sans obstacles ni périls. Pourquoi as-tu choisi ce thème plutôt que celui du déguisement ?

    medium_DSC00487.3.jpegFDB : Ah ! Parce qu’il y a une différence tangible entre la vie nue et le naturisme ? Tu as sans doute raison. A ma connaissance les personnes qui se respectent un tant soit peu beaucoup et à la folie ont une certaine tendance à se laver nu sous leur douche, sauf impondérable du jetable à la rue qui lui se lave dans le caniveau aux grandes eaux des pluies et aux alluvions du déni de sa réalité. Car, c’est toujours dans les marques du corps nu altéré que les régimes totalitaires gravent leurs empreintes à la soumission au régime. Je pense aux premiers camps de concentration en France ouverts aux réfugiés anarchistes et républicains espagnols, en signe de bienvenue au fait d’arme du front populaire infirme au-delà de ses frontières étriquées et son hexagone à phone.

    Je pense aussi aux nazis avec leur humour très particulier qui désignaient l’univers concentrationnaire sous l’appellation de l’anus du monde. Ces lieux abjects où le travail forcé devait rendre libre et cette mise à nu du corps des prisonniers. Comme pour leur rappeler que la légèreté de l’être s’arrêtait à la porte des douches gazées que l’individu concerné avait perdu toute son allure de dignité au propre comme au figuré de sa fêlure.

    Alors, si à présent le nu dans l’intimité déborde de no sphères pudibondes familiales, mais que fait la peau lisse savonnée du cerveau sous le képi rutilant des consciences assoupies ?

    Mon héros qui parle, que nous appellerons Carl, par commodité et pour le rappeler au titre du bouquin  Carl et les vies parallèles, a franchi le pas et il y a péril en la demeure. Madame flanquée de ses lardons et la croix en sautoir n’est pas du tout de cet avis et encore moins de son vit à lui. Elle est engoncée pour ne pas dire engrossée dans sa panoplie (ça ne fait pas un pli, rires) des préceptes de la bienséance en jactances et autres actes rances qui inhibent ses facultés sensuelles à s’assumer en tant que femme épanouie.

    Le héros s’est affranchi de ce carcan qui lui collait à la peau et vaque durant trois semaines à la rencontre fraternelle des culs nus dans la nature sur une plage, (une nouvelle page en quelque sorte pour lui, puisqu’il est auteur précaire) et, son imagination dérivative va lui faire franchir des obstacles insondables au ras du cartable.

    Il rencontre celle qu’il va nommer Catharina,  l’antithèse de sa moitié à la ville et tout bascule dans sa tête et c’est plutôt pas vraiment moche ses premières impressions. Il réalise enfin le rêve éveillé de chaque auteur(e), c'est-à-dire rencontrer en chair et os l’un de ses personnages avec tous les risques inévitables que cela supporte pour son équilibre mental.

    A propos du déguisement, je pense que tu veux parler de cette scène du habillé / déshabillé où je tourne à peine en dérision certains préceptes naturistes en journée qui se transforment à la nuit tombée. Je marque le trait et retourne les armes de la libération du corps par le nu, puisque soit disant le nu doit se vêtir au crépuscule sous peine d’atteinte à la pudeur majesté selon certains dogmes naturistes en vigueur. Catharina, femme libre au sens de la révolution espagnole, le déplore et rue dans les brancards à son corps suprême contre les censeurs qui s’en prennent directement à la liberté du mouvement dans sa danse, que l’on veut annihiler, sous prétexte qu’avec ce corps à corps rapproché aucune image empreintée à la sexualité ne doit être palpable en public.

    Mais, je n’ai pas envie de déflorer plus avant le sujet. Je laisse une part de mystère et j’accorde à la sagacité et à la curiosité des lectrices et lecteurs le soin de formuler leur propre opinion, avec j’espère au moins le sourire syndical pour ne pas dire plus, les éclats de rire qui dérident le chacal sous la lune pale.

    Il y aussi le jeu des masques dans notre théâtre quotidien de l’absurde. Carl décide : bas les masques, les poils cramoisis en éventail.

    GD : Carl et les vies parallèles manie une langue que les lecteurs de Raymond Queneau apprécieront. Peux-tu nous faire visiter ton vestiaire afin de mieux connaître tes modèles ?

    medium_DSC00524.3.jpegFDB : Merci pour Raymond Queneau, ce mathématicien des mots, ce joueur invétéré. Cette oulipotiste, ouvroir de mille pistes d’écritures avec toute sa bande, ce chercheur invétéré, cet inventeur à qui nous devons quelques perles rares de la littérature. Il s’avait s’entourer de pointures à la bonne augure où les humeurs vagabondes avaient valeur de travail fraternel et fructueux. Les papous dans la tête sur France Culture ont gardé cet esprit qui permet à la contrainte littéraire de se jouer des situations et offrir un point de non-retour à la page blanche collective.

    Je n’ai pas de modèles à proprement parler même si je reconnais que mes zones d’influences se sont forgées au fil de mes lectures et s’articulent principalement autour du tandem Jacques Prévert et Boris Vian, ces touches à tout, d’en avant la zizique, aux paroles de chansons, scénarios, textes en vers en prose…

    Cette fraternité festive régnait autour d’eux et surtout ce qui a le plus d’importance à mes yeux, c’est leur indépendance d’esprit à toujours se garder d’appartenir à un mouvement et de pointer à un parti ou à un syndicat et leur anticonformisme militant qu’ils vivaient au quotidien. Ils existaient ce qu’ils étaient vrai ment, tels qu’en eux-mêmes en se gardant au maximum de s’appesantir à des compromis. Cette liberté d’existence, au gré de leurs invitations aux voyages créatifs et leurs rencontres, cette générosité partagée, cet état d’esprit permanent habite leurs œuvres dans la richesse de leurs variétés. Et je pense que ce n’est pas un hasard si à un moment de leur existence ils partagèrent la grande terrasse de leurs appartements et que la fête commence et sus aux curetons et aux milos !

    GD : Tu cites Ramon Pipin comme une référence d’écriture et tu sembles prêt à dresser une stèle à Daniel Zimmermann. Mais qu’ont-ils en commun ?

    medium_DSC00687_20copie.jpegFDB : C’est vrai à la haute sphère des paradoxes, je ne suis pas à un échange prout prout de mammouth près. Je touche à la mouche emblème de Ramon lors de son épopée musicale chez les Odeurs, un groupe jamais égalé par sa richesse musicale et ses textes qui faisaient mouche à la manière d’un Boris Vian qui tirait la tronche au néant et, Le dixième cercle. L’anus du monde  de Daniel Zimmermann, ce roman qui lui déchira les tripes et qu’il dédia aux trente sept membres de sa famille qui furent réduit à que dalle à de la cendre !

    Daniel je l’ai connu durant ses deux dernières années où il enseignait à la fac de Vincennes à Saint-Denis en 1989 et 1990. Ses unités de valeur, son gueuloir où chaque étudiant en fin de semestre devait lire une partie de ses écrits ou autres recherches devant ses pairs et était dévolu à la critique bienveillante. Il nous narrait durant la première partie de son cours ses déboires avec la gent de l’édition et puis nous laissait écrire ensuite à notre guise.

    Ce qui me passionnait chez lui c’était son ambition de conter Les banlieusards ou les chronique légendaires de gens sans importance, un hymne en quelque sorte à la narration des cités-dortoirs et des villes nouvelles à la sauce popu qui jette son dévolu sur ces gens-là qui peuplent notre voisinage et nous défrisent une autre part de notre histoire.

    J’aimais sa gouaille, son stakhanovisme et sa rigidité dans sa vie monacale d’écrivain au service de sa plume et de ses lecteurs, avec sa façon à lui de nous narrer entre les lignes : « Vous savez que vous me faites chier, j’étais à ma table de travail et il a fallu que je me rende à la fac ce mercredi matin ».

    Ramon, c’est une autre histoire qui fleure bon les Au Bonheur des Dames, cette façon qu’avait et qu’a toujours dixit leur dernier opus Métal Moumoute et leur dernier concert à Paname en octobre de cette année, ces musicos créateurs en passe de swinguer en avant la zizique, le rock on the padoque qui tire une bouille d’embrouille au sérieux qui tue dans la mue. Ces types extraordinaires, pour solde de tout compte, à peine soixante printemps et des poussières en moins et toujours les nerfs à gueuler toujours plus fort et sus au confort musical de nos années stomacales moches, cache-sexe à nœud-nœud qui soufflent dans les pneus. C’est le poumon ! J’adore toujours autant « Le roque’n Roll » décadent. Je dois à Ramon et à ses compères mes meilleurs souvenirs / souvenirs quand je me faisais jeter illico presto de toutes les boums lors de l’arborescence de mon adolescence, quand j’avais l’outrecuidance, je dirais même plus l’indécence de proposer à danser sur un « Parkinson » des familles. Je suis infiniment reconnaissant à Ramon de m’avoir fourni un ressort inusable à toujours vouloir affirmer ma singularité étriquée et ne jamais avoir marché avec les moutons au pas cas dansé.

    Ramon c’est toujours le tempo inusable de l’humour on the rocks et Daniel c’est l’apprentissage du dur labeur d’auteur et la remise en question de son travail et la remise à plat sur son établi des sons fournis par les mots qui doivent se guincher des histoires avec un accord parfait, sinon à la poubelle les feuillets et tout est toujours à recommencer.

    En fête, j’aime les oppositions et les contraires qui s’accordent sur une mesure d’enfer à ne jamais trinquer avec le conformisme de mise en orbite ambiant.

    GD : Ensemble nous avons souvent évoqué Frank Zappa, Robert Wyatt et ton roman fonctionne comme une bande son. Est-ce à dire que la littérature du 21e siècle est indissociable de la pop culture ?

    medium_DSC00683.jpegFDB : La pop culture, je retiendrai le Pop club de José à la cour du roi Arthur ou « T’es rock coco » de Léo Ferré. Les petits jeunes qui gratouillent leurs grattes et pleurnichent leur chtouille et leurs couilles en grelots me donnent la gerbe. C’est souvent très pauvre comme musique, pas de ligne mélodique, aucun thème, encore moins de tempo et des voix de radio cancan. Comme critique partiale on ne fait pas mieux, de poils aux yeux. C’est le vieux de la vieille qui se réveille à l’heure du rock en cloque. Tu l’auras compris, en fête, franchement, je ne suis pas à même d’affirmer si la littérature du 21e siècle est ou sera indissociable de la pop culture. Le rock que je supporte de toutes mes forces, « Tape dans tes mains / C’est pas difficile / Tape dans tes mains / Ca fait du bien / Tape dans tes mains / Même si t’es un peu débile / Tu peux toujours taper dans tes mains (bis) (« Tape dans tes mains » / Ramon Pipin in l’opus Métal Moumoute), c’est les Au Bonheur des Dames, les compositions les textes et les chorus de ce cher Ramon ainsi que les premiers rocks pour déconner du trio infernal : Boris Vian / Henri Salvador et Michel Legrand. Tu remarqueras qu’au moins deux des concepteurs marinaient dans le jazz. Etonnant non ? J’ai relu dernièrement une interview de Daevid Allen le Gong man, qui disait que ses racines musicales c’était le jazz, même si ce génie a touché à toute sorte de ziziques. Il suffit d’écouter sa version chantée de « So what » de Miles Davis pour en être convaincu. Pour moi la pop et le rock n’ont jamais existé. Ce sont des musiques hybrides qui se sont nourries des autres musiques au préalable venues à leurs esgourdes. Idem pour le jazz. La musique dite classique qui peut se prévaloir d’être aussi très moderne avec des compositeurs comme l’ami Satie et ainsi de suite. La grande roue de ce cher Frank Zappa tourne. L’innovation qui m’est chère dans l’écriture littéraire les rythmes musicaux, c’est un savant métissage de différents courants éclectiques, ce sont des bombes à retardement qui ne demandent qu’à être amorcées.

    En revanche, je compatis avec ton expression de la bande son de mon roman et je rajouterai de tous mes écrits littéraires. Quand j’écris, j’écoute beaucoup de zizique, c’est un besoin, c’est comme une drogue douce. C’était une période (rires) où j’étais en manque d’Odeurs. Je ressortais mes vieux vinyles qui cracrataient à force d’avoir usé leurs sillons aux diamanteries des grand argentiers et puis, j’ai écouté en boucle le 1980 No Sex ! J’ai flashé sur la voix de Stella Vander dans son duo avec Liza Deluxe où elles interprètent (chez Odeurs, les musiciens des voix et des instruments étaient aussi acteurs de leur partition, pour te dire la qualité) deux bourgeoises jumelées dans « Quitte ou double ». La magnifique Stella « phantasme en cinérama » hors du lit de son « mari-robot » bourgeois coincé aux entournures et abonné à la baise à la papa. Liza dialogue avec son double Stella qui jette l’éponge et veut demeurer dans son confort intérieur alors que l’autre au contraire veut se faire sauter la soupape à tous les sens du terme. Ces deux nanas chantaient avec leurs tripes soutenues par une musique bien balancée, ça m’avait rudement secoué. Stella ne m’était pas inconnue avec son gorille de mari, le bateleur tape dur des grosses caisses et qui cymbalisait une nouvelle langue qui ressemblait à de l’allemand et dansait sur un volcan avec ses musicos. Quand j’étais ado, ce groupe me fichait la pétoche. J’étais embué dans mon Krautrock (tiens encore du rock, on y revient, il est partout ce con !) et je n’en démentais pas. Vingt ans après Alexandre Dumas de père en fils sur les bras et des poussières d’étoile, je me prends à écouter les albums récents du Magma et je retrouve la voix de Stella et ses envolées lyriques. Je me suis dit : c’est dans la boîte coco, elle sera présente dans mon bouquin. Idem dans le roman qui a succédé à Carl : Sarah Soledad, le crabe des apparats). J’avais assisté à un concert de Kent qui était revenu à ses premières amours : le rock quoiqu’un peu assagi. (Putain de rock, encore lui !). Je peux te dire et ce n’est pas un scoop, le dernier concert des Au Bonheur des Dames sera présent dans l’ouvrage que j’écris en ce moment. Tu m’es stone !

    Seulement écrire, décrire un concert, tu peux raconter l’ambiance, la prestation des musicos, mais à part ça, rien que de plus banal qu’un concert ! (A part les Odeurs, où il y avait des costumes, une mise en scène, l’éventail, et pas pour du vent, de leurs palettes musicales !!!!!!!!). Alors, il faut chercher dans l’intrigue l’élément déclencheur entre les personnages et, ce qui présuppose leur présence à ce concert. C’est pas fastoche fastoche surtout pour un mec allergique aux notes et aux partoches.

    C’est finalement du boulot d’écrire des histoires !

    Petits clins d’œils à Frank Zappa en l’honneur d’un fin connaisseur, sais-tu une fois comme on dit en Belgique, que dans mon roman « L’homme qui a vu l’homme », le héros résout  l’équation de son existence en 47 secondes : « When irish eyes are smiling ».

    Dans « Danse avec Léa » à la première page, l’écoute de « Titties and Beer » déclenche chez Léa l’expression de sa joie de vivre.

    Comme quoi, quand mon cerveau lent ne carbure pas au ralenti, Zappa peut me donner l’envie de conclure un bouquin ou au contraire lui donner la pulsation du départ.

    GD : Qu’est-ce qui tourne sur tes platines ces jours-ci ?

    medium_Zappa_2_vu_par_Gil_Gueu.jpgFDB : Oh ! C’est très varié. Attention j’ai pas dit variété. Le dernier album de Kent, Bienvenue au club, me botte. J’aime écouter les gens qui me surprennent. Kent comme Charlélie se remettent en question à chaque album et aiment prendre des risques. J’apprécie leur démarche de ne jamais tourner les turbines de la routine. C’est un peu comme Daevid Allen qui plaquait tous les groupes qui commençaient à avoir du succès (Soft Machine, le Gong). Ce ne sont pas des musiciens fonction de nerf. Frank Zappa, j’en ai déjà parlé, avec une préférence pour ses albums live où l’on ressent une grande liberté chez ses musiciens dans la complicité et les éclats de rires partagés, après qu’il leur ait pressé le zeste de citron. Il y a bien entendu l’incontournable Métal Moumoute, dernier opus des Au Bonheur des Dames. Tous les morceaux me décoiffent la raie au milieu des fesses. Il n’y pas un seul cheveu à couper en quatre et pourtant je suis difficile. Suite à la lecture de ton site, j’ai découvert dernièrement Le monde électronique de François de Roubaix et j’ai bien aimé.

    Ah ! Oui, j’aime aussi toute l’œuvre tendre et tentaculaire des « Elles », j’adore Pascaline Herveet, cette femme orchestre et son univers chtarbé et cracra. Je ne me lasse pas du concert du 8 septembre 1974 de Robert Wyatt. C’est un chef d’œuvre et il est entouré de potos que j’apprécie tels que les Fred Frith et Hugh Hopper. Des morceaux de son album Rock Bottom sur scène prennent une toute autre teneur, c’est à tomber par terre, à la bonne heure ! Il y aussi le disque vinyle de Jean-Louis Mahjun et son happy french band en 1977 qui fumait bon le clacos extra fin 45 % de matière grasse. Outre l’originalité de la composition du groupe, Jean-Louis au violon, une basse une guitare un saxo et une batterie, les titres et leur contenu coulaient de source la gouaille contre la franchouillardise de bon aloi et quoi qu’on en dise, « Le sec beurre cornichon » et leur « Glandos » (8 minutes et quarante cinq secondes), un savant delirium rock jazz trou normand la la itou me chavirent toujours comme au premier jour. Il y a aussi monsieur Bernard Lubat et j’en oublie. Pour être bref, j’adore les personnes qui ne se cantonnent dans aucun art musical précis et que l’on ne peut pas qualifier appartenant à telle ou telle mouvance musicale, à part celle des innovateurs, des chercheurs perpétuels.

    Je voudrais aussi citer ces musiciens qui dressent des passerelles entre l’angle / lich pop rock et donne du sens au frenchi chanté et traduit avec une touche d’humour majeur. Je pense au concept de l’album particulièrement réussi Ready Steady, Go ! de Ramon Pipin et Yves Hirschfeld qui date à peine de 1992 et qui n’a pas perdu une seule rayure à son amure. Tout le monde y reconnaîtra des morceaux qui ont martelé nos esgourdes outre Atlantique et outre Manche et pas seulement le dimanche. Pas plus tard qu’hier, j’ai empreinté à ma médiathèque préférée, un album du groupe Demon Fuzz intitulé Afreaka ! C’est le titre qui m’a compulsé. Il y avait freak, sans le out et j’entendais Afrika ! Autrement dit un monstre venu d’Afrique. J’ai tout de suite était séduit par le métissage de cette musique psychédélique afro soul jazz rock blues ! Il y a avait aussi le souffle de Fela et l’orgue Hammond sur des rythmiques guitarisées et le comble de la joie pour un amoureux des voix, un chanteur chaleureux. Cette musique chaude et sensuelle ne pouvait pas dater de l’ère du crustacé amphibie chiraco trotsko. 1970, année de toutes les inventivités…

    GD : À peine viens-tu de publier ton premier roman que ton éditeur annonce déjà la sortie d’un recueil de nouvelles. Ne me dis pas qu’elles feront l’éloge du naturisme

    medium_M4110048_new.2.jpegFDB : C’est peut-être aller vite à la besogne ! Je proclame  l’éloge de la lenteur. Certes, le tapuscrit d’un recueil de nouvelles naturistes transpire sur mon établi dix historiettes en chantier miné. Même si j’y ai accolé le mot fin, tout est toujours à recommencer. « Toujours se remettre à l’ouvrage », j’ai bien suivi ton conseil mon cher Daniel Zimmermann et il y a encore du boulot sur la planche. Patience donc. J’ai aussi d’autres tapuscrits de romans cette fois. Et encore une fois, pas de panique, élagage des branches pourries, ne pas lâcher la lectrice, le lecteur d’un paragraphe, les tenir en haleine, sentir la buée de leur respiration qui transpire dans mon dos. AU BOULOT !

    C’est une relation de respect que j’entretiens avec mon éditeur et mes liseuses et liseurs. Rien n’est acquis, tout est toujours à recommencer. Etre auteur, ce n’est pas une situation de tout confort. Tu vis sur un fil éjectable, un peu comme le motard funambule qui doit jongler avec les glissandos de la route pour ne pas se fiche par terre le moral ras molo. Il faut s’accrocher, avanti et AU BOULOT !

    Certes, il est encore question de situations naturistes dans mes nouvelles et mes romans, mais je ne veux surtout pas m’enfermer dans un genre et qu’on me colle une quelconque étiquette. Comme dans mes goûts musicaux et littéraires, j’aime l’éclectisme et le mélange des genres, de préférence le mauvais genre (rires). La littérature aseptisée au nombril de l’auteur ne m’intéresse pas.

    GD : Scripteur intense, es-tu un lecteur compulsif ? Quels sont les livres qui ne dorment jamais sur ta table de chevet ?

    FDB : Le problème lorsque j’écris, c’est que ça ne me laisse pas beaucoup de temps pour lire. Aussi, je lis souvent par nécessité. Tel ou tel dossier, tel ou tel ouvrage pour me documenter sur le sujet du bouquin que je suis en train d’écrire (gare du livre, bienvenue, tout le monde descend). Il y a toujours Jacques Prévert qui traîne dans le coin mais aussi Boris Vian multi instrumentiste des maux des mots. J’essaie de trouver dans ce qui se publie actuellement quelques livres qui sortent de l’ordinaire des computers débonnaires à produire des produits manufacturés, dans le droit fil du moule à fric.

    medium_lafolle.jpgDan Franck en Bohèmes et le Nu couché et son compère Jean Vautrin ne sont jamais loin. Les textes poèmes et chansons de Léo Ferré également. Je pense que les écrits d’ Octave Mirbeau le magnifique n’ont pas pris une ride. Puisque les affaires sont les affaires. La grève des électeurs  qui date de 1888 (éditions du snif feu Ludd / 1995 / 27 pages), nous transporte dans un monde connaissant une sévère crise sociale (misère, précarité, chômage, scandales des ministres politiciens et députés) et le troupeau sera bien gardé. J’ai le bouquin sur moi. Je cite Octave page 13 : « Les moutons vont à l’abattoir. Ils ne se disent rien, eux, et ils n’espèrent rien. Mais du moins ils ne votent pas pour le boucher qui les tuera, et pour le bourgeois qui les mangera. Plus bête que les bêtes, plus moutonnier que les moutons, l’électeur nomme son boucher et choisit son bourgeois. Il a fait des Révolutions pour conquérir ce droit ».

    Toujours dans le registre animalier chez le même excellent éditeur, Oskar Panizza : Journal d’un chien. Comme quoi nous avons toujours à apprendre des animaux qui nous entourent et je pense que pour une fois la Singette ne me démentira pas. La Singette pour celles et ceux qui ne la connaissent pas encore, c’est l’infecte bestiole de marionnette singe incontrôlable qui rode dans tous mes écrits littéraires, comme le personnage incontournable qui cimente les intrigues aux simagrées de sa bouille simiesque de bête humaine incarnée. Même qu’elle tient son blog et dégomme son auteur qu’elle surnomme le Franckos dit Bartos !

    J’ai découvert dernièrement et je t’en ai parlé : l’écrivaine Fred Romano. Le dernier amour de Coluche relate sa relation chaotique dans Le film pornographique le moins cher du monde. Ses nouvelles  (Contaminations) dressent le portrait d’une époque formidable que n’aurait pas renié le regretté Reiser (la vache folle / l’amiante / les rivières de mercure…). Son dernier roman publié, Basque Tanger , c’est l’histoire d’un amour fou et presque impossible ou comment Mirem, une femme atteinte d’un cancer incurable fait reculer les murs de la prison de son amant quelque part entre Tanger, le pays basque espagnol et Formentera.

    Et comme de bien entendu, le dernier éditeur en date de Fred la renvoie à la case départ : va voir là-bas si j’y suis et ne reviens que lorsque tes livres me rapporteront la tune escomptée. Fred Romano ne s’intéresse qu’aux personnes vivant leur vie en insoumis, en marginaux, et ce n’est pas vendeur. Je crois que ma fidèle secrétaire, la Singette, publiera un de ces jours, sur son blog, ses impressions concernant l’œuvre de Fred Romano si je m’abuse.

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    Le blog de la Singette

    CARL ET LES VIES PARALLELES

    FRANCK DIT BART

    EDITIONS MICHEL CHAMPENDAL

    Visiter le Blog des Editions Michel Champendal

    Editions Michel Champendal

    16, rue Lentonnet

    75009 Paris

    Tel : 01 74 30 19 50

    mchampendal@noos.fr





     

  • BIENVENU MERINO ❘ DIARRHEE AU MEXIQUE

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    Bienvenu Merino en Amazonie

     

     

    Je me souviens à travers le cristal de Bienvenu Merino. Mais le temps sinusoïdal et la mémoire anagogique jouent avec les images. L’Atelier du Gué venait de faire paraître Diarrhée au Mexique. Ouvrage de couverture verte ou brune et je fus présenté à Bienvenido. Les médiateurs étaient Martine et Daniel Delort qui accueillaient le voyageur dans leur thébaïde audoise. Je me souviens à travers un méandre de Bienvenu Merino. Il logeait au dernier étage d’un immeuble situé rue du Montparnasse, à quelques foulées oniromanciennes du Rose Hôtel  de Maurice Fourré. Il m’installa sur une terrasse qui était un toit et nous eûmes une conversation, au milieu des cactus et de la tequila, sans aucun rapport avec les ancêtres de la littérature coprophile. Nous parlions des contemporains de la rue, du hallier, de la sente et des voies maritimes. Nous étions joyeux et peut-être un peu ivre. C’est pour cette raison sans doute que je ne me souviens plus de Bienvenu Merino. C’était en 1976. Le souvenir est vague et même à remous.

    Diarrhée au Mexique reparaît aujourd'hui avec une préface d’Éric Dussert, l’orpailleur des Lettres. Et l’on redécouvre ce grand texte (d’une trentaine de pages) qui fait honneur à la littérature habitée (et non en habits). Car Bienvenu Merino est un voyageur vrai (au sens du beatnik à la Kerouac, à la Théo Lesoualc’h, tout breton est odysséen) qui écuma le monde et particulièrement l’Amérique amazonienne à la recherche du prisme qui décuple. Ce livre est un fragment de son Journal de marche (800 pages) et un chef d’œuvre qu’Éric Dussert a raison d’adosser aux noms d’Artaud et de Sade, de Jarry et de Rabelais. Ce livre est une épreuve pour celui qui l’a écrit. Pour celui qui le lit. Mais une épreuve si héroïque (et érotique, observez le voisinage phonique des deux mots) que l’on doit absolument la recenser au palmarès des grands actes. De quoi s’agit-il ? Effusion scatologique, lyrisme abyssal. Mais encore : récit d’un séjour mexicain ébloui par la céleste praline (Rimbaud, « Sonnet du trou du cul », Album zutique) et toutes les possibilités offertes par l’entrexpression de l’étron et du trou. Tous les orifices sont débouchés. Et c’est le triomphe du déchet. Altière matière. Pâte charnelle et alchimie jodorowskienne. Autant que l’on sache, l’or est lumière céleste et depuis Silesius esprit de terre. Bienvenu Merido effectue la transmutation suprême, celle qui consiste à transformer le voyage en or après une station dans la merde. Son livre (qui lors de sa première parution fut repoussé par certains libraires, y compris La Hune) est un sommet de l’art d’écrire – et de vivre. Ne séparons jamais. Et l’on se dit que dans son Journal de 800 pages, le rare diariste diarrhéique doit retenir de bien belles choses,  grandes pages à humer et à lire. Guy Darol

    BIENVENU MERINO

    Diarrhée au Mexique

    Précédé de Scandale du beatnik par Éric Dussert

    Atelier du Gué

    60 pages, 7€

    Visiter

    Atelier du Gué

    Lekti-écriture

    Pour en savoir plus sur l’existence de l’étrange voyageur

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  • COLETTE MAGNY

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    J'ai rencontré Colette Magny (1926-1997) au début des années 1970 alors qu'elle habitait rue de Flandres, à Paris. Elle a beaucoup inventé et beaucoup protesté. Avec justesse et grand talent. Sa voix forte nous manque et l'on est soulagé de savoir que son nom est désormais porté en étendard. Notamment par Rocé.

    Lorsque Frédéric Goaty me demanda quelques portraits de femmes pour le dossier Ainsi soient-elles du numéro 8 de Muziq (actuellement dans les kiosques), j'ai immédiatement pensé à Colette Magny. Immense mais rarement célébrée, il fallait marquer le coup. L'occasion était belle.

    A la parution de Muziq, un lecteur a manifesté son enthousiasme pour la chanteuse. Mieux : il rappelait des souvenirs. Philippe Vidal a bien connu Colette Magny. En voisin et en fervent. Voici le courriel qu'il m'adressa.

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    Bonjour,

    Ça fait plaisir d’entendre parler de Colette Magny dans la presse musicale, et c’est tout à l’honneur de Muziq de ne pas l’oublier et de la réunir fort justement à Bessie, Billie, Ella. En effet, ce n’est pas parce qu’elle ne passait pas à la télé qu’elle ne soutient pas la comparaison. Ses disques sont là pour en témoigner.

    Voici quelques infos complémentaires qui vous intéresseront peut-être, à moins que vous ne les connaissiez déjà, auquel cas je m’excuse par avance de la répétition. Vous écrivez que la « journaliste chantante » est partie s’installer du côté de Saint-Antonin-Noble-Val. C’était plus exactement à une dizaine de kilomètres de là, au hameau de Selgues, sur la commune de Verfeil-sur-Seye, qui compte à l’heure actuelle trois centaines d’habitants. On peut dire que Colette Magny n’aura pas fait le voyage pour rien : vers la fin des années 80, alors qu’elle avait déjà de grandes difficultés à se déplacer, il a été possible un soir d’été de lui monter une scène et une sono pour qu’elle chante, entourée de jeunes musiciens pros originaires du village : l’accordéoniste-batteur Didier Brassac et le souffleur François Chambert. Un an plus tard, au même endroit et toujours grâce à elle je suppose, il y avait Paco Ibañez, et la lente extinction de ce village du Rouergue était enrayée grâce à l’association locale Act’2 et au festival Des Croches et la Lune installé pour un long week-end en août au cœur du village. La 19ème édition a eu lieu cet été. Au fil des ans on a eu droit à Mama Béa Tekielski, Allain Leprest, Bernardo Sandoval, Mano Solo, le Workshop de Lyon, Bïa, Jehan, les Wampas, Dick Annegarn, Raul Barboza, Bratsch, et beaucoup d’artistes de Midi-Pyrénées… Et surtout, on ou off, des artistes sont venus à Verfeil, s’y sont plu (souvent), installés (parfois), y vivent et y travaillent maintenant.

    Là-bas, la mémoire de Colette Magny et ses chansons font partie du paysage de manière plutôt discrète, informelle, et pour tout dire allant de soi. En 2005 la boucle s’est bouclée une première fois quand la compagnie Okamzik (de Bordeaux je crois) est venue conclure le festival en créant son spectacle sur les chansons de Colette Magny. Quatre jeunes musiciens (chant, sax, flûte, guitare) et un pianiste-arrangeur-directeur artistique – je n’ai pas les noms – pour un moment exceptionnel, je pèse mes mots, de recherche et de qualité musicale, d’engagement scénique, de générosité, d’émotion pleine et sincère de part et d’autre de la rampe.

    Les disques de Colette Magny ne ressortiront ni pour les dix ans de sa mort, ni pour son centenaire ni pour un quelconque jalon de ce genre, mais comme pour Jehan Jonas, Bernard Dimey et d’autres, il y aura bien sur le terrain, loin des écrans et des célébrations, des inconnus pour que les mots, les notes, ne s’éteignent pas tout à fait. Sans oublier Muziq N° 8 !

    Cordialement,

    Ph. Vidal

    VISITER ACT'2

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  • LAURENT GIRARD AKA MELODIUM

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    Laurent Girard aka Melodium ne donne jamais de concert. Sa musique (laptop au début) est d’intérieur et elle vise l’intérieur des êtres. Après La Tête Qui Flotte (Autres Directions In Music, 2005), un moment de très calme electronica, Music For Invisible People confirme Melodium, odyssée solitaire dans les espaces de la mélancolie pop.

    medium_Numeriser0017.4.jpgAlbum de haute solitude composé lors d’un séjour sur l’île d’Oléron, Music For Invisible People garde la ligne flexueuse. On reconnaît immédiatement la marque, comme un voyage au-dessus des abîmes. Mais un voyage dans un module souple. Le siège est onctueux. Les commandes sont dans le cœur du voyageur. Et c’est une circulation magique, une complicité par les ondes, la musique de Laurent Girard aka Melodium nous fait ressentir l’élévation, une petite poussée vers le haut qui envoie en l’air. Et il y a un peu de cela dans Music For Invisble People, un peu du duo Air, un peu de l’ex-Grandaddy, un peu de l’infinie possibilité des pianos et guitares jouets (Pascal Comelade) et dans la voix, l’évanescence de Robert Wyatt.

    MELODIUM

    MUSIC FOR INVISIBLE PEOPLE

    AUTRES DIRECTIONS IN MUSIC/LA BALEINE

    Sortie : 15 novembre 2006

    ECOUTER MELODIUM

    VOIR ET ENTENDRE MELDIOM

    www.autresdirections.net

    www.myspace.com/autresdirectionsinmusic

    www.myspace.com/melodium

    Et voici ce que j’écrivais dans Muziq # 4 à propos de La Tête Qui Flotte :

    MELODIUM

    LA TÊTE QUI FLOTTE

    AUTRES DIRECTIONS IN MUSIC/MUSICAST

    medium_Melodium_5.jpgL’une des plus belles sensations acoustiques de l’année. Melodium alias Laurent Girard vient de confectionner un rare masterpiece avec les moyens du bord. Multi-instrumentiste (mini-disc portable y compris) ingénieux, Melodium ne jaillit pas de nulle part. Après avoir signé chez Active Suspension et Disasters By Choice, il livre avec Anaemia (publié chez Audio Dregs) un recueil remarqué en 2004. La Tête Qui Flotte est le résultat d’une exploration musicale au grand air. En effet, sur plusieurs plages, cet Angevin malin enregistre, en forêt ou dans la prairie, des guitares folk, des flûtes de collège, des masses cognant un billot, des claquements de doigts ou encore des tapes sur la couture du pantalon. Fan de cordes, il digitalise des violons, faute de pouvoir engager d’authentiques concertistes. L’album est par ailleurs nourri par des guimbardes, melodicas, xylophones, balafons, également des claviers qui humectent les yeux. Cette perfection sonore évoquera pour certains (notamment sur « Baromètre Mental ») les arrangements de Yann Tiersen. Ailleurs, on croirait entendre, il est vrai, des inédits de Boards Of Canada ou de Skyphone. En vérité, Melodium ne nous accorde que deux comparaisons : Max Richter et Plaid, longues figures du style downtempo. À mon avis, La Tête Qui Flotte est une pièce considérable dans l’histoire des musiques électro-acoustiques et un grand moment de pop raffinée. Un vrai souci pour les têtes de classe de l’electronica harmonieuse, genre Air, par exemple. Guy Darol

  • ERIC DUSSERT ❘ COMME DES ENFANTS

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    Nous savons avec Marx que le fétichisme de la marchandise conduit à l’échangeabilité des hommes et c’est un fait que l’on peut constater: les ruses de la raison marchande justifient désormais la précarisation de l’emploi. La marchandise qui règne en maître impérial  est devenue valeur de premier plan. C’est à cette mesure de référence que s’adosse désormais la vie humaine. Autant dire que l’homme est la dernière des priorités du capital à moins qu’il n’égale en vertu la marchandise en tant que dieu. Guy Debord, notamment marxiste, a parlé de l’ « abondance de la dépossession » comme résultat de la marchandise totale, effet que le co-auteur du Manifeste de 1848 a nommé « concentration du capital à l’échelle planétaire ». Si La société du spectacle (1967) pouvait annoncer « le devenir-marchandise du monde »,  la mondialisation en acte démontre à présent que la consommation aliénée a triomphé de tous les scepticismes y compris les résistances. Il n’y a plus d’échappatoire possible sauf à renverser l’ordre établi – cette révolution n’est pas au programme.  La marchandise n’ayant renoncé à rien pour établir sa domination, l’enfance est le dernier secteur dont elle s’est emparée pour huiler la machine.

    Dans un pamphlet intitulé Comme des enfants, l’âge pédophile du capitalisme, Éric Dussert expose la méthode en s’appuyant sur un texte de Giovanni Papini, l’un des membres fondateurs du futurisme italien. Gog, texte publié en 1931, met en évidence ce que nous nommons aujourd’hui le jeunisme en créant le concept de pédocratie : « Nous sommes entre les mains de mineurs. Il suffit de regarder autour de soi : les goûts de l’enfance sont devenus ceux de la plupart des gens. » En reprenant (tout en le discutant) l’infanthéisme, un concept de Philippe Muray (1945-2006), Éric Dussert pose un regard sur le capitalisme fétide qui fait de l’enfant un consommateur et un bien de consommation. Il montre l’équation qui s’opère entre les bas instincts (ceux du désir) et la pseudo envie d’accumuler (consumérisme), établissant ainsi un juste réquisitoire contre une époque où la starification de l’enfant est une banalité. Maturescence, adulescence, ces mots bifides et nauséabonds marquent un pas dans l’ascension du capitalisme pédophage qui travaille a faire disparaître les âges. L’éternelle jeunesse éternellement consommante est en effet l’objectif que s’est fixé l’ordre marchand afin de rendre toujours vivace le réflexe d’achat. Dans son livre précis, cultivé et terriblement à-propos, Éric Dussert lance une charge de soufre contre l’ignoble. C’est un appel au ressaisissement  de la pensée (la pédophagie marchande, dernière perversion du capitalisme) et une invitation à combattre toutes les instances de la culture trendy. Ajoutons que ce livre bien enlevé convoque les intelligences restées à l’affût pour « rendre à la vieillesse sa noblesse. » Suggérons à l’auteur de Comme des enfants qu’il nous mitonne en fine sapience un Éloge du grand âge. Guy Darol

    ÉRIC DUSSERT

    Comme des enfants

    L’âge pédophile du capitalisme

    Anabet Éditions

    67 pages, 9.80 €

    Visiter

    ANABET ÉDITIONS

    L’ALAMBLOG – le blog d’Éric Dussert

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  • DE LEO FERRE A LOIC LANTOINE

     

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    Léo Ferré est inactuel. Léo Ferré est de toutes les époques, particulièrement la nôtre aux effluves de fascisme ambiant. Il est urgent de l’écouter et de ne jamais rompre le fil.

    medium_22_909.jpegOn se souvient de l’hommage rendu, en 2003, par 13 artistes. C’était Avec Léo et l’on retrouvait sur ce CD (suivi, un an après, d’un DVD) des noms de Zebda, Katerine, Miossec, Jacques Higelin, Brigitte Fontaine ou encore Bernard Lavilliers.

    L’association La Mémoire et la mer, dynamisée par Mathieu Ferré, participe inlassablement du souvenir en permettant de faire connaître des inédits ou en rééditant les anciens artefacts. Elle vient de faire paraître, en diffusion chez Harmonia Mundi, un coffret 6 CD, accompagné d’un DVD et d’un livret de 40 pages. Ensemble qui renvoie aux concerts de Léo Ferré au TLP de Paris en 1986, 1988 et 1990. Le concert de 1988 ayant été filmé par Raphaël Caussimon, digne fils du grand Jean-Roger.

    De leur côté, les éditions du Petit Véhicule poursuivent leur travail d’exégèse en publiant les Cahiers d’études Léo Ferré.

    Aujourd’hui, des chanteurs associés au fourre-tout de la nouvelle chanson n’hésitent pas à se proclamer fils de Léo sans jamais atteindre la radicalité libertaire du présumé père. Il y manque presque toujours l’éthique (qui ne souffre aucun repos) et la possibilité littéraire. Car Léo Ferré est tout autant une puissance (au sens nietzschéen du terme) qu'un poète de la colère noire.

    Or, voici Loïc Lantoine qui ne revendique aucune parenté. Et pourtant, je le dis, je l’affirme : Loïc Lantoine est le seul héritier musical de Ferré. Pour vous en convaincre, écoutez Tout est calme, album sans la moindre faiblesse. Cet exercice de rage sans trémolo nous arrive trois ans après Badaboum, premier essai foutripétant réalisé avec François Pierron.

    Écriture au scalpel, voix de rogomme qui dresse les poils de bras, Tout est calme réunit Denis Charolles (La Campagnie des Musiques à Ouïr) aux percussions, Pierrick Hardy à la guitare, Cedric Chatelain aux cuivres, bombarde et hautbois, Fantine Leprest au chant. Plus les formations de Nosfell et Samarabalouf.  L’album excellemment produit a été mitonné par Christian Olivier et Jean Lamoot (Noir Désir, Salif Keita, Têtes Raides…).

    Tout est calme est une formule inversée qui renvoie  à la tourmente de nos vies. On y retouve des textes de Christian Olivier et de Gaston Couté qui ne sont pas sans rapport avec la douleur et l’errance.

    Loïc Lantoine est le seul héritier de Léo Ferré car il sait écrire à hauteur de nos défaillances. Surtout, il chante en nous éraflant le cœur. Comme on lit Henri Calet, Emmanuel Bove la gorge souvent nouée, on écoute Loïc Lantoine avec des larmes et cette sensation n’est réelle que lorsqu’on vous parle à l’oreille et qu’une main fraternelle vient se poser sur nos épaules.

    Il faut préciser que la contrebasse de François Pierron (qui signe les arrangements) est essentielle pour le vibrato supplémentaire. Guy Darol

    LOÏC LANTOINE

    Tout est calme

    MON SLIP/WARNER

    Sortie : 6 novembre 2006

    En concert à L’Européen

    Paris

    Du 21novembre au 2 décembre 2006

    www.monslip.fr

    www.loiclantoine.free.fr

  • CYNTHIA 3000

     

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    Saluons chaleureusement Grégory Haleux et Céline Brun-Picard qui viennent de donner naissance à une petite (deviendra grande) maison d'édition en ligne.

    Un premier ouvrage vient de paraître.

    medium_fe874c037c7e4c16e25f0bb1df77fcbe.jpegEtant donnés qui résulte de la dérive, suggère immédiatement les noms de Guy Debord, Restif de la Bretonne, André Hardellet, Gérard de Nerval. Celui de tous les flâneurs nocturnes, connus et anonymes. Livre duel, conjugaison des flux de l'image et du verbe.

    Signalons que Grégory Haleux est l'autre nom du blogonaute Bartlebooth.

    Cynthia 3000 : un nouveau pressing dans votre quartier ? l’événement du salon de l’auto ? la colocataire d’Ulla ? 1 pseudo tro grave ?
    Cynthia 3000 est une maison d’édition fondée dans l’intention que nos productions littéraires, diffusées en partie par internet sur nos blogs, connaissent une existence matérielle (d’autant plus que certaines de ces séries furent conçues dans l’objectif du livre). Pour ce faire et dans le souci de conserver une grande indépendance, il nous a paru évident de créer notre propre structure — par conséquent de fabriquer, diffuser et mettre en vente nous-mêmes nos ouvrages.
    Avec la première parution,
    Etant donnés , nous commençons donc par une auto-publication. Dans cette voie, cinq de nos textes sont déjà prévus pour l’année à venir : des écrits où l’intérêt pour la langue et l’expérimentation dominent, où le sens se trame plus qu’il ne s’énonce, préférant même se faire non-sens, une poésie jouant de l’instabilité, des bifurcations et dérapages…
    Nous projetons également d’éditer d’autres auteurs contemporains, se situant hors des modes et des compromis, ne se préoccupant ni de se faire bien voir du gratin poétique ni de tortiller bigotement du cut-up.

    Un autre volet des éditions Cynthia 3000 est consacré à la réédition d’œuvres insolites, méconnues et pour la plupart devenues introuvables, qui nous semblent mériter de rencontrer des lecteurs d’aujourd’hui.
    Ce site, extension des éditions, présente nos parutions, les auteurs, toutes informations concernant nos activités, et permet la commande en ligne de nos livres. Il est accompagné d’un blog où il sera question de nos lectures, de nos centres d’intérêt littéraires et artistiques, et où l’on trouvera des extraits de textes en cours et tout le tralala.
    Céline Brun-Picard & Grégory Haleux.

    CYNTHIA 2000

    43, avenue du Général Sarrail

    51000 Châlons-en-Champagne

    cynthiatroismille@yahoo.fr

    Visiter CYNTHIA 3000

  • JACQUES STERNBERG ❘ HENRI AVELOT

     

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    En avril 1972, le Magazine Littéraire publiait un dossier L’humour en France 1920-1970 orchestré par Jacques Sternberg qui vient de replier son huit-reflets. Dans cette livraison, il ne signait pas (le n° 63) le moi littéraire, son sulfureux édito, mais présentait une cohorte d’écrivains dont l’édition a, pour certains, oublié les noms. On y trouvait des louanges à Alexandre Breffort, André Frédérique, Jacques Perret, Roger Vitrac et surtout une présentation de l’œuvre de Henri Avelot (1873-1935). Voici la note qui accompagnait un extrait de l’un des deux ouvrages publiés par ce romancier méconnu.

    « Ses dessins furent mieux appréciés que ses textes, et c’est injuste. Même si ses illustrations atteignent les sommets de l’humour loufoque et de la parodie du roman populaire, son roman L’Homme verdâtre, suivi de La Comtesse tatouée, mérite de devenir un classique. »

    Mince notule il est vrai mais qui invite puissamment à redécouvrir ce collaborateur du Pêle-Mêle, de L’Illustration et de La Semaine de Suzette.

    En 1908, la revue Les Maîtres Humoristes lui rendait hommage. Depuis Jacques Sternberg, le silence est glacial.

    Il est par ailleurs émouvant de se souvenir que les éditions Flammarion, du temps jadis, éditaient Les Auteurs gais, une collection vouée à la promotion des œuvres de Marcel Arnac, André Birabeau, Édouard Osmont, Gabriel Timmory, Miguel Zamacoïs, Pierre Veber, Cami, pour la plupart prisonnier des brumes. Ce même éditeur avait eu la bonne idée de publier Le Rire dans le brouillard, une anthologie de Maurice Dekobra, célébrant la littérature souriante du monde entier.

    Dois-je conclure que l’humour a cassé sa pipe et qu’Henri Avelot (édité chez Crès) ne connaîtra plus de nouveaux lecteurs ? Non, c’est trop triste. Guy Darol

    Nota Benêt

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    Je possède le Dictionnaire du mépris bien amoché (car je l’ai lu lu lu relu Lulu) de Jacques Sternberg (Calmann-Lévy, 1973) que les éditeurs soucieux de notre santé mentale feraient bien de remettre en mouvement.

    Voici ce que l’auteur d’une quarantaine de livres, de mille chroniques parues un peu partout, d’un film pour Alain Resnais, d’une pièce créée pour la Comédie-Française, de trente mille kilomètres en Solex et de vingt mille miles en dériveur écrivait à l’entrée Humour :

    « Humour, mon amour …

    Chaque fois qu’on me parle d’humour, je sors mon révolver pour tirer une salve d’honneur. Mais chaque fois qu’un éditeur français inaugure une collection d’humour, il commence par Alphonse Allais. Depuis vingt ans, Allais doit en avoir marre d’être redécouvert chaque année, lui qui avait le sens de l’humour. Ça doit le faire rire aux éclats dans sa tombe, d’autant plus que ces collections ne vont jamais plus loin et qu’elles meurent inexorablement après cette re-ré-ré-ré-ré-édition de textes connus du même Allais. Allez donc y voir ailleurs, doit-il se dire. Mais personne ne l’écoute. On ne connaît plus que lui alors que lui ne connaît plus personne. Et depuis si longtemps. C’est peut-être cela, l’humour. Noir, bien sûr. Mais comme il n’en existe pas d’autre. »

    Visiter

    Le Magazine Littéraire

    Calmann-Lévy

    Les Chefs-d'Oeuvre du Rire, anthologie Planète composée par Jacques Sternberg publia Le Bandit Complet, une nouvelle de Henri Avelot accompagnée de cette notice :

    "Avec Jules Dapaquit, Cami et quelques autres têtes d'affiche du "Rire" de la bonne époque, Henri Avelot partageait une particularité : il écrivait et dessinait. Avelot dessinait mieux qu'il n'écrivait. Mais cela ne l'empêcha pas de signer quelques contes exemplaires qui peuvent encore étonner. Car, on le sait, l'époque avait du talent, l'humour en ce temps-là était fait par tous."

     

  • LE GRAND RETOUR DE PASCAL COMELADE

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    Je vous informais il y a quelques jours de la publication d'un vinyle de Pascal Comelade pressé à mille exemplaires mais voici une nouvelle nouvelle. Et pas la moindre.

    Pascal Comelade (la qualité tordant le bras de la quantité) s'est fait éjecté de Delabel ce qui n'a en rien tari son potentiel inventif. Tout de même, on pouvait craindre que la vitrinisation de son oeuvre soit un peu stoppée à cause du coup bas. Mais voici que Because (diffusion Wagram) prend le relais. Permettez-moi d'éructer un grand ouf. Car je suis de ceux qui pensent que Pascal Comelade est l'un de nos plus grands compositeurs mappemondiaux.

    medium_foto73.jpegN'a-t-il pas collaboré avec David Cunningham (Flying Lizards), Jac Berrocal, Richard Pinhas, PJ Harvey et OTH ? Oui, OTH, le supergroupe montpelliérain, emblème brindezingue de la scène rock alternatif. Notez que Pascal Comelade s'investit ces jours-ci dans ce old pogo band qu'il avait fréquenté à la fin des années 1980. Puisque OTH se reforme et que le compositeur catalan est du raout, il est facile de supposer qu'un prochain album combinera les signatures.

    En attendant, une compilation et un album cent pour cent comeladien sont en préparation chez Because (Charlotte Gainsbourg, Seb Martel, Revl9n, DJ Mehdi) et vous pouvez compter sur moi pour vous renseigner sur l'avancée de la chose.

    Visiter Because

    Voir la vidéo polyfacétique de Pascal Comelade