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GUY DAROL [rien ne te soit inconnu] - Page 56

  • ZAPPA PLAYS ZAPPA VU ET COMMENTE PAR PHILIPPE NAVARRO

    J'ai connu le zappaphile Philippe Navarro à l'Université Paul Valéry de Montpellier où il me fit l'immense honneur de m'inviter pour évoquer l'oeuvre de Frank Zappa les 10 et 11 février 2003.

    Pour l'occasion, tout à fait mirifique, il avait réuni le Nasal Retentive Orchestra et Pierrejean Gaucher. Ce fut, on le devine, un unisson vibrant et ces deux journées (de même que la savante commensalité de ce grand homme) n'ont jamais quitté les régions de ma dure-mère. En compagnie de Valérie (tout aussi zappaphile et sémillante), il se trouvait au coeur du Zénith, le 5 juin 2005. Philippe Navarro a vu ce rare concert avec des yeux d'expert et son coeur enthousiaste m'autorise la publication d'un pointu commentaire. Et c'est comme si nous y étions.

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    Depuis le report de la tournée et les derniers imbroglios artistiques de la Zappa Family on sentait monter le scepticisme chez les aficionados du moustachu de Baltimore sur ce « Tour de Frank » initié par Dweezil, fils aîné du clan Zappa.
    Rendez-vous était donc pris le 5 juin au Zénith de Paris pour la seule date française parmi les dix-huit que compte la tournée européenne.


    Après une attente au son de polyphonies vocales de l’Est (choix étrange et quelque peu soporifique), les lumières du Zénith s’éteignent pour laisser place à une vidéo projetée en fond de scène présentant deux extraits (Montana et Andy) des fameux show du Roxy que les fans réclament depuis des années en DVD. Il faut dire que les vingt minutes qui nous sont montrées ont de quoi faire saliver tous les inconditionnels (et les autres) de la musique de Zappa. On a déjà tout lu sur ces concerts d’anthologie, la formation qui entoure Frank est probablement une des meilleures qu’il ait jamais eu (George Duke, Ruth Underwood, les frères Fowley …) et on se demande bien ce qui retient encore la Zappa Family Trust pour éditer ces images (et sûrement beaucoup d’autres) à l’instar d’un Jimmy Page exhumant amoureusement les archives audio et vidéo du dirigeable.


    Les dernières images du Roxy s’effacent de l’écran et Dweezil et ses musiciens entrent sur scène dans la pénombre. Le light show placé sur un gril en forme de Z crache ses premiers feux et le groupe démarre sur les premières mesures de Imaginary Disease (titre peu connu sur l’album du même nom récemment mis a disposition sur Zappa.com). Dweezil arbore la même Gibson SG que celle de son père ornant jadis la pochette du cultissime Roxy And Elsewhere ; sur sa gauche Pete Griffin à la basse et Jamie Kime à la guitare rythmique ; Napoléon Murphy Brock, le seul ancien assurant l’intégralité du spectacle, occupe la droite de la scène et assure avec maestria chant, sax ténor et flûte (le temps ne semble pas avoir de prise sur les capacités vocales du bonhomme). En arrière scène, sur une plateforme, se trouvent de cour à jardin les percussions et le vibraphone de Billy Hutting, le drum set de Joe Travers (dont la grosse caisse est floquée au logo des célèbres moustaches), la jeune et talentueuse Sheila Gonzalez (sax, flûte, clavier et voix) et les claviers de Aaron Krantz.


    La mise en place est impeccable et le niveau des musiciens présents sur scène impressionne. On comprend vite que l’on va assister à un show de très haute volée et les quelques appréhensions qui pouvaient encore subsister chez les plus sceptiques des fans sont vite oubliées. Le groupe enchaîne les morceaux de bravoure du répertoire Zappaïen  de la décade Mothers Of Invention 66-76: Hungry Freaks Daddy, Let’s Make The Water Turn Black, Florentine Pogen (sur lequel Dweezil décoche une première salve électrique du manche de sa SG), puis suivent The Idiot Bastard Son, (titre de circonstance !) Cheepnis, King Kong, (où Dweezil s’essaie à la direction d’orchestre façon Zappa usant de signaux divers pour sculpter la matière sonore de l’improvisation collective), Don't Eat The Yellow Snow, St Alphonso's Pancake Breakfast, Inca Road et Eat That Question.
    Le groupe maîtrise parfaitement le répertoire et s’approprie avec brio les différentes pièces, arrivant à rendre toutes les nuances d’une musique pourtant si ardue à restituer live, aussi bien d’un point de vue technique que dans l’esprit et le feeling si particulier qui habitent chacune des compositions.


    Mention spéciale à Napoléon Murphy Brock, impérial musicalement et assurant visuellement le spectacle de bout en bout. Sa présence durant tout le set témoigne de son importance pour la cohésion de l’édifice musical dans lequel il constitue véritablement  la clef de voûte.

    Il partage les solos de sax avec Sheila Gonzalez qui enflammera le Zenith sur Eat That Question où l’ombre du Grand Wazoo plane un instant sur la salle.  Dweezil, tout en sobriété, aborde avec une grande humilité le fabuleux héritage musical dont il se trouve légataire. Au service de la musique, il assure ses parties de guitare qui mêlent à la fois le phrasé caractéristique et inimitable de son père à son propre jeu marqué par les acrobaties Van Halenienne qui ont marqué tout les apprentis guitar hero de sa génération. Son solo sur Inca Road est à ce titre particulièrement troublant, sorte de symbiose entre l’héritage paternel et l’affirmation d’un style personnel. Le public manifeste sa satisfaction et gratifie le groupe de plusieurs standing ovation. Dweezil visiblement touché par l’accueil du public et de la popularité de la musique de son père glisse quelques notes de la marseillaise au milieu d’un de ses solo et lance un « Vive la France ! » sous les ovations de la foule.

    Après une première partie de ce niveau on se demandait bien ce que pouvait nous réserver le même groupe renforcé par les prestigieux invités à l’affiche. De retour sur scène, Dweezil présente Terry Bozzio qui s’installe derrière son imposant set placé à cour et attaque à tombeau ouvert un I’m So Cute enchaîné à Teen-Age Prostitute Chin et City of Tiny Light. Le bougre martèle ses peaux avec une énergie incroyable et assure les parties vocales. Sa grosse caisse ne résistera pas a pareil traitement et Bozzio sera contraint de prendre la place de Joe Travers au centre de la scène  pour un Punky’s Whips comme à la grande époque de Zappa In New York. Certes Bozzio est un batteur à la technique hallucinante mais que le choix du répertoire plutôt tourné vers un rock plus basique ne met pas forcément en valeur et ça plombe un peu le show. Il faudra attendre la Black Page (dont le titre est scandé par la foule dès les premiers mots de présentation du titre) pour que le groupe reprenne ses marques et retrouve un groove quelque peu émoussé. L’entrée de Steve Vai déclenche une onde sismique dans la foule et les deux six-cordistes entament à l’unisson le thème tortueux de la Page Noire. Clin d’œil à l’histoire : c’est en envoyant une transcription parfaite de cette pièce que Steve fut remarqué et embauché par Zappa vingt-cinq ans auparavant !

    Très attendu, Vai sert le répertoire sans céder à son côté parfois trop flashy et démonstratif se fondant dans le son du groupe sur Peaches En Regalia (composé en 1969, l’année de la naissance de Dweezil !), Montana, Village Of The Sun, Edchidna’s Arf (encore un morceau du Roxy). Ses duels avec Dweezil font mouche et Steve déchaîne la foudre électrique sur Zombie Woof torturant la tige de son vibrato tel un sorcier domptant le son sortant des enceintes et le soumettant à sa volonté. Sa technique et son touché proprement hors-norme en font un véritable extra-terrestre dans le monde de la guitare rock.

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    ZAPPA PLAYS ZAPPA  Paris 05/06/06

    Au premier plan : SteveVai  & Dweezil Zappa


    Pour la deuxième fois l’écran se déroule au fond de la scène. Dweezil annonce que le morceau qui va maintenant être interprété est probablement celui qui lui tient le plus à cœur. Frank apparaît sur l’écran en combinaison rouge. Les images datent du début des années 80 et il attaque le thème de Chunga’s Revenge accompagné en live par le groupe. On a beau être un rocker, un « dur à cuire »,  difficile de ne pas ressentir une réelle émotion en voyant Dweezil terminant le thème après le solo de son père dont l’image s’efface lentement de l’écran.


    Après plus de trois heures de show le groupe revient pour le rappel sur Camarillo Brillo, Trouble Every Day et le final sur Strictly Genteel. Le groupe se retire aux environs de minuit après un concert qui restera longtemps dans les mémoires. Dweezil a su intelligemment endosser le rôle de passeur et,  on ne peut que l’espérer, continuer à faire découvrir une œuvre immense et unique a une nouvelle génération. Si un fantôme à moustaches se baladait dans l’armature de ferraille de la toiture du Zénith, il a du apprécier l’hommage filial ici rendu. MUSIC IS THE BEST ! Philippe Navarro

    phil-val@tele.2.fr



     

  • ZAPPA PLAYS ZAPPA ❘ LUNDI 5 JUIN 2006 ❘ ZENITH PORTE DE PANTIN ❘ COMPTE RENDU

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    Il était prévu que l’on se retrouve autour de la Fontaine aux lions. Il était là, sous le soleil exactement, exact au rendez-vous.  Frédéric Goaty, en personne et sans bodyguard. J’avais pris la précaution de me faire accompagner, venant comme vous le savez peut-être du chemin creux où les malveillants ont plutôt l’aspect du renard et de la belette. Hervé Grimaud, l’ami du Lycée Voltaire, avait finalement décidé de joindre ses pas aux miens pour la grande soirée. Sans billet. Très vite, il lui en fut vendu un. A la criée, comme il se doit. Hervé avait déjà vu Zappa (Frank) à Bercy. Bon souvenir. Avec Frédéric Goaty (rédacteur en chef de Muziq et de Jazz Magazine), nous sommes placés en première ligne, face aux empilements soniques qui ne tarderont pas  à dépoter, au grand dam de mes fragiles petites esgourdes si souvent frottées au rock abrasif des concerts hurlants. Il est 20h30 et nous avons déjà fait nos emplettes au rayon merchandising. Un écran de fond de scène réverbère Frank dans ses œuvres. Film rare et de longtemps promis en version DVD. Chef d’œuvre attendu par tous ceux qui possèdent la patience des femmes de marins qui guettent en rade de Brest le retour du mari humide. Car, voyez vous,  faut pas pousser pépère. Et d’ailleurs, il n’est pas dit qu’after show, backstage oui da, nous ne poussions une circonstancielle gueulante. Et une de plus.
    Le film a la couleur du Roxy, période unissant George Duke, les frères Fowler, Ruth Underwood. Excellent line-up, mirifique sequencing. Avec des variantes (à dresser les poils les plus mal placés) de « Montana » et d’ « Andy ». Dingue, comme on dit de nos jours. Voire ingde ou nideg.

    La scène est coiffée de nombreux instruments. Surtout à percussions. On devine les rafales à venir.


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    Dweezil arrive. Dweezil est là. Le bon fils ému. Emouvant. Chemise blanche, pantalons à motifs staïle boucles d’ADN.  Célébration en mosaïque avec une longue exergue de Napoleon Murphy Brock qui souffle possédé d'une jouvencelle vigueur. Mais le show commence vraiment avec un premier track explicite. Et c’est la première pièce du premier album. « Hungry Freaks Daddy », Freak Out !, 1966. Suit, « Let’s Make The Water Turn Black » (We’re Only In It For The Money, 1968).

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    Dweezil parle, shy, très shy : « Bonsoir ! Thank you so much everybody ». L’ambiance est bouillante. Un couple de jeunes freaks chante et danse aux pieds du digne fils.

    Sur « Florentine Pogen » (One Size Fits All, 1975), Napoleon Murphy Brock use de sa voix flambe tout en offrant une chorégraphie loufoque. A ce stade du concert, il est à l’intersection de tous les regards.  Le spectacle repose sur ses épaules peu vermoulues. A plusieurs reprises, on observera que Napo possède le don de  pasticher les volatiles. Après une citation guitaristique de Rouget de la Marseillaise de Lille, le band nous invite à explorer l’univers tant aimé d’Over-nite Sensation. Retour sur We’re Only In It For The Money pour une interprétation qui se doit d’être touchante : « The Idiot Bastard Son ». Tel est le cas. Touché !

    Sans Apostrophe (‘) et Uncle Meat, cette évocation aurait passé sur le dédale géochronique de la continuité conceptuelle et fait fi du thème de la matrice à produire sans fin. Voici donc Apostrophe (‘) (1974) et une allusion au caniche conceptuel (Fido) aussitôt avalé par « King Kong » (Uncle Meat, 1969) en une version servant de motif pour l’exercice de la gestuelle zappaïenne. Dweezil montre (toutefois sans se conformer vraiment à la symbolique paternelle) comment il est possible de diriger un orchestre au doigt et à l’œil.

    « Don’t Eat The Yellow Snow » (Apostrophe (‘)) est le morceau suivant et l’occasion pour Napoleon Murphy Brock de faire le pingouin sur ces mots :  « Watch out where the huskies go… » Tandis que sur « St Alphonso’s Pancake Breakfast », Brock joue le funky Alfonso dans la peau d’un automate délinéant l'angle droit. Le track s’achève sur une battle drums/percus. Rencontre du  percusionniste rêvant d’être un peu, ce soir, Ruth Underwood et du batteur Joe Travers.

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    La salle s’ébroue, se lève, vagues d’enthousiasme. Dweezil lance en pétales de rose un « Thank you Paris ! » qui stimule des envies de voir l’affiche sur scène. Nous attendons Terry Bozzio,  Steve Vai. Et dans la salle, ce sont des noms que l’on entend glapir de plus en plus distinctement. Mais, patience.
    « Inca Roads » (One Size Fits All, 1975), morceau de bravoure, permet à Dweezil d’exprimer ses talents guitaristiques sur le fameux solo, tandis que Napoleon Murphy Brook expose le flûtiste,  impressionnant dans « Dupree’s Paradise ». Relecture du thème au clavier avec un ostinato frénétique en coda.
    Bien que l’orchestre se résume à huit instrumentistes, nous espérons une entrée dans le vocabulaire du Grand Wazoo. « Eat That Question » récompense nos fantasmes avec un solo admirable de Scheila Gonzales au saxo et un long solo véloce de Dweezil avec un coda tout à fait hendrixien.
    22 heures à nos montres. C’est le moment de l’entracte (nichons et bières) qui dure moins de vingt minutes.
    Dweezil : « Ladies and gentlemen, please welcome Terry Bozzio ».

    Il est 22h16 et la batterie nue d’avant-scène s’anime (brutalement) du jeu plus que rapide de celui qui se présenta un jour chez Frank Zappa, venant du groupe Azteca. Zappa lui demande : « Joue Black Page ! ». Terry le fait. Terry rejoint la grande odyssée. Nous sommes en 1975.

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    En 2006, le batteur véloce bat les fûts et cymbales tout en chantant « I'm So Cute/Tryin' To Grow A Chin» (Sheik Yerbouti, 1979), spécialité vraiment Bozzio.
    Sur « City Of Tiny Lites » (Sheik Yerbouti), sa ferveur est si énorme qu’il explose la grosse caisse. Obligé de rejoindre au centre, le dispositif de Joe Travers. Dès lors, évidemment, il joue beaucoup moins fort. Quoi ? Mais une pièce d’anthologie. Laquelle ? « Punky’s Whips » (Zappa In New York, 1978). Dweezil y prend un solo aussi frénétique que l’expression drumistique du bon Terry. Car l’homme est vraiment bon. Je le constaterai backstage. N’est-ce pas Fred ?
    Dweezil donne la parole à la salle qui réclame « The Black Page ».
    Imaginez la voix du Zénith. Clameur impérieuse.

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    Terry livre son drum solo.

    And now, ladies and gentlemen here is Steve Vai.

    En personne et en chair.

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    Savoir que l’étudiant de Berklee persuada Zappa en lui apportant une transcription de « Black Page » et une cassette de son groupe Morning Thunder. L’enthousiasme immédiat de Zappa se traduit par un engagement audible sur orgia, palatino;">Tinseltown Rebellion, 1981.
    En plein Zénith, il interprète l’œil émerillonné, complice, cherchant la fraternelle approbation, une version « Peaches IV » de « Peaches En Regalia » (Hot Rats, 1969).
    Après ce vaste moment de générosité empathique. Hot Rats n’est-il pas l’album le plus acheté en France ?, retour sur l’album Over-nite Sensation avec une très peu cavalière version de « Montana ». C’est beau.
    « Village Of The Sun » (Roxy & Elsewhere, 1974) est ce « sentimental lyric » (selon les mots de Frank) supposé transporter tout un chacun, méthode Proust, dans ce village où Frank Zappa jouait des classiques du rhythm’n’blues avec les Black Outs, fin des années 1950. La chanson, portée par la voix souple de Napoleon Murphy Brock est un concentré d’émotion vive.
    « Zomby Woof » (Over-Nite Sensation) lancée par Brock qui ne peut hélas pas atteindre les sommets gagnés par Ricky Lancelotti sur l’album est pur nanan. D’ailleurs, au passage, ne voyez vous pas comme une ressemblance certaine entre Ricky Lancelotti et Larry « Wild Man » Fischer ? Dites moi, ô s’il vous plaît, dites-moi.
    La salle clappe à battoirs que veux-tu.
    Le band revient avec « Camarillo Brillo » (Over-Nite Sensation), « Trouble Everyday » (Freak Out !) et "Sofa 2" (One Size Fits All, 1975). J’aurais tant aimé, pour finir « Muffin Man » (Bongo Fury, 1975), souvent joué par Frank Zappa en fin de concert dans la deuxième moitié des années 1970, comme j’ai pu tympaniquement le constater. De visu itou d’ailleurs.
    A présent une mise au point (et je ne parlerai pas de Gail Zappa, de Terry Bozzio, de Steve Vai qu’avec Frédéric Goaty nous avons choucardement approché after  show), ceux qui disent pas de miracle, rien à voir avec Franky, appartiennent à la confrérie des raconteurs d’histoires de Tauto. Tautologie, vous connaissez ? Car  c’est sûr ô gentils nicodèmes, sans Frank, ça ne peut pas être pareil, ça ne saurait être semblable. Mais comme le souligna, bien justement, Frédéric Goaty (pour mes seules oreilles que je vous prête), Dweezil assure ici la transmission… accomplie.
    C’était vraiment le tribute à ne pas rater. Guy Darol

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  • ZAPPA PLAYS ZAPPA ❘ AU ZENITH LE 5 JUIN

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    La Zappa Family Trust est sur la route pour une tournée en 2O dates.

    Le 5 juin 2006 à 19h3O, le duo Dweezil/Ahmet s'installe au Zénith de Paris pour un hommage à Frank.




    La tournée Zappa a démarré le 15 mai à Amsterdam. Elle s'achèvera le 23 juin à Los Angeles.

    Le 5 juin 2006, Dweezil et Ahmet Zappa composeront un hymne à leur père en présence de

    STEVE VAI

    TERRY BOZZIO

    NAPOLEON MURPHY BROCK

    AND

    MANY OTHERS

    PARIS/LE ZENITH

    20h

    211 AVENUE JEAN JAURES

    PARC DE LA VILLETTE

    75019 PARIS

    Places de 34 à 59, 3O Euros

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  • MUZIQ 7 EN KIOSQUE LE 10 JUIN

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    MUZIQ
    63, avenue des Champs-Elysées
    75008 Paris
    Rédacteur en chef Frédéric Goaty
    01 56 88 17 76

  • DANIELLE COLLOBERT

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    De Morlaix où je vis, il me vient des signes de Danielle Collobert qui fut. Non loin. Amie du verbe sans surplus. Immédiate. Rapide.

    Jean-Pierre Faye, ni dieu ni maître absolu.

    Je le connus rue de Seine, dans l'étroit bureau qui abritait le revue Change.

    Egalement au café La Palette.

    Chez lui, rue Vaneau.

    Je connus le bonheur d'apprendre l'important.

    Jean-Pierre Faye publia Danielle Collobert :

    Dire I - II

    Cahiers 1956-1978

    en sa collection Change, éditions Seghers/Laffont

    révélant ainsi

    Danielle Collobert qui s'est donné la mort le 23 juillet 1978, dans une chambre d'hôtel, rue Dauphine à Paris.

    La quatrième de couverture  des Cahiers est signée Jean-Pierre Faye.

    On peut y lire Danielle Collobert dont il fut dit que rien n'a été "tenté de plus avancé, de plus risqué". Et qui maintenant a disparu. Meurtre, Dire, Il donc, Survie, au-delà de ses quatre livres parus de son vivant, voici les cahiers qui laissent apparaître l'envers de son écrire et de son vivre. La saisie lumineuse, instantanée, le fil quotidien, le voyage au bord du vol, le désastre.

    Cela, il l'écrivait en octobre 1983.

    Le vendredi 2 juin 2006, à 19h, le Centre International de Poésie basé à Marseille rend hommage à Danielle Collobert.

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    TABLE-RONDE, LECTURES

    Présentation :

    Jean Daive

    Avec:

    Jean Daive

    Uccio Esposito-Torrigiani

    Martin Melkonian

    Françoise Morvan

    CIPM

    2, rue de la Charité

    13236 Marseille Cedex 02

    04 91 91 26 45

    www.cipmarseille.com

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    Danielle Collobert est née le 23 juillet 1940 à Rostrenen, au centre de la Bretagne.
    Sa mère, institutrice, étant nommée dans un village voisin, elle vit chez ses grands-parents, où sa mère et sa tante reviennent dès qu’elles le peuvent. Toutes deux entrent dans la Résistance. Le 9 août 1943, sa tante est arrêtée par la Gestapo. Déportée à Ravensbrück, elle ne reviendra qu’à la Libération.
    La famille s'installe à Paris en 1945 et Danielle commence à écrire en juin 1956. Elle entreprend des études de géographie à la Sorbonne
    Ayant abandonné ses études, puis renoncé à l’École Normale où elle venait d’être reçue, elle travaille à la galerie Hautefeuille et s’engage dans un réseau de soutien au FLN.
    En 1962, elle rencontre le sculpteur Natalino Andolfatto dont elle partagera la vie à partir de 1963. Forcée de quitter la France en raison de ses activités politiques, elle se réfugie en Italie
    En 1964, refusé par les éditions de Minuit,
    Meurtre, défendu par Raymond Queneau, paraît chez Gallimard.
    Elle se donne la mort le 23 juillet 1978, jour de son anniversaire, dans un hôtel de la rue Dauphine.

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    Bibliographie
    Chant des guerres, Oswald, 1961
    Meurtre, Gallimard, 1964
    Dire I et II, Seghers-Laffont, 1972
    Polyphonie, pièce radiophonique, 1973
    Il donc, Seghers-Laffont, 1976
    Survie, Orange Export Ltd., 1978
    Cahiers 1956-1978, Seghers-Laffont, 1983
    It Then, traduction de Il donc par Norma Cole, 1989
    Recherche, éditions Fourbis, 1990
    Bataille, pièce radiophonique, réalisation France Culture, 2001

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    Établies par Françoise Morvan, ses œuvres complètes, riches de nombreux inédits, ont été  publiées chez P.O.L :
    Oeuvres I, 2004
    Oeuvres II
    , 2005


    > > Traduction
    Giuseppe Bonaviri,
    Des nuits sur les hauteurs, avec une préface d’Italo Calvino, Denoël, 1971

     

    extrait des Cahiers (février 1960) :
    « en regardant les gosses tout à l'heure dans le square – retrouver des sensations d'enfance – de terre et d'eau – sensation floue – une odeur –
    des images éparpillées –
    la porte entrouverte de la salle à manger et mon grand-père dans un lit – tourné contre le mur – femmes assises en cercle autour de la table de la cuisine parlant à voix basse – et pleurant – couleurs rouges et roses –
    le garçon en bleu – pendu par un crochet au balcon de la maison à l'angle de la place – et les Allemands autour – le crochet – le jardin – l'entrée – la porte avec les massifs de fuchsias rouges – le tas de pommes
    sur le jardin –
    un soir dans la « maison de derrière », des tartines de mort-aux-rats rose et des cris aigus – la peur
    les fleurs de givre sur la fenêtre – et la chaleur des pieds dans le four – les chaussons brûlants – en rentrant de l’école –
    les orages et le vent dans les sapins à Campostal – le feu dans la cheminée dans la salle –
    énumération d'images alors que ce sont les odeurs qui sont les souvenirs les plus présents – le café grillé – la lessive – les poires trop mûres dans le grenier – odeur de bois et de terre mouillée – »

    Lien

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Danielle_Collobert



     

     

  • KID LOCO ❘ OuMuPo 4

    OuMuPo 4 (Ici d’ailleurs/Discograph)

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    Premier d’une interminable série d’ouvroirs, l’OuLiPo (Ouvroir de Littérature Potentielle) fut créé en 1960 par le mathématicien François Le Lionnais et l’écrivain Raymond Queneau. Il s’agissait d’inventer des contraintes fécondes afin de requinquer la chose écrite. On se souvient que Georges Perec, oulipien chevronné, avait publié La Disparition, roman marqué par l’élision systématique de la lettre e. Après l’OuTraPo, l’OuGraPo, l’OuDaPo, l’OuPeinPo et même l’OuLiPoPo, voici l’OuMuPo (Ouvroir de Musique Potentielle) au service du renouvellement de la forme musicale. Quatrième volume d’une collection soumise à une charte stricte, cet album d’une seule pièce de 42 minutes a été confié à Kid Loco, lecteur fute-fute et explorateur de styles. Jean-Yves Prieur (de son vrai nom) est un enfant du punk. Il créa le label Bondage (Bérurier Noir, Sergent Garcia, Satellites…) avant de tourner hip-hop puis d’embrasser la cause spleenétique du downtempo sous l’influence impérieuse de DJ Shadow. On lui doit A Grand Love Story (1998), chef d’œuvre cinématique stupidement étiqueté lounge. Ce tambour-chef de la French Touch reprend ici la quasi-totalité du catalogue Ici d’ailleurs. Une féerie. Terme faible. L’album est un assemblage sans coutures qui offre l’occasion délicieuse de réentendre l’exceptionnel Matt Elliott, le merveilleux Micro : Mega et la voix arquante de Delphine Seyrig. L’OuBaPo étant dans le coup, le visuel très ébouriffant est assuré par Jean-Claude Menu, maître du packaging de cette indispensable aventure. Guy Darol


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  • SERGE GAINSBOURG ET CAETERA

    L’INTÉGRALE ET CÆTERA
    Serge Gainsbourg
    Bartillat
    973 pages – 32 €

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    L’exceptionnelle interview publiée dans Gainsbourg – 5 bis, rue de Verneuil (livre-CD aux éditions PC) insiste sur la figure de Boris Vian auquel l’auteur de « Suicide » rend explicitement hommage. Ce texte qui figure parmi les 636 écrits rassemblés par Yves-Ferdinand Bouvier et Serge Vincendet (respectivement linguiste et expert en phonogrammes de collection) témoigne de l’intérêt que porte Gainsbourg à la littérature. « Lolita », le titre  qui ouvre ce recueil date de 1950 et renvoie évidemment à Nabokov. L’appareil critique qui accompagne ce volume montre l’influence exercée sur l’esthétique de Julien Gris, devenu Serge Gainsbourg en 1956, par des auteurs tels que Louis-Ferdinand Céline (surnommé Sénile), Octave Mirbeau, Benjamin Constant ou encore James Joyce. Dans sa considérable présentation, Serge Vincendet détaille les techniques verbales utilisées par celui qui voulait « réagir contre la pauvreté des textes de chansons ». Étourdissant. Monumental. Bien sûr, indispensable. Guy Darol

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    BARTILLAT
    2, rue Crébillon
    75006 Paris
    Tel : 01 40 51 82 60


  • JOSEPH DELTEIL BRILLE POUR TOUT LE MONDE

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    D'ici quelques jours JOSEPH DELTEIL BRILLE POUR TOUT LE MONDE étalera sa gaîté sur les étals des bons libraires. Ce livre qui est un pamphlet contre l'homme couché fait rayonner le nom de Delteil dont on me dit qu'il circule désormais mezzo voce quand il n'est pas simplement ignoré. Allons bon ! Comment voulez-vous que le monde aille à sa joie s'il méconnaît l'une des figures majeures de l'excellente santé ?

    Ce livre d'enthousiasme et parfois même d'ébriété célèbre l'un de nos plus grands écrivains. Cubiste a-t-on dit mais cela veut dire quoi. Baroque, panthéiste, amoureux de la vie comme s'il n'avait jamais excédé l'âge de raison, Joseph Delteil (1894-1978) est l'auteur d'une oeuvre gigantesque, pour ne pas dire sardanapalesque.

    Rieur fulminant contre les tristes (que représentent bien aujourd'hui les tenants de la valeur avoir), Delteil fut de toutes les batailles contre la lourdeur. Cette légèreté lui fut souvent reprochée. André Breton l'excommunia (bien sûr ! ) à peine admis dans la troupe surréaliste.

    Ecrivain best-seller, il eut assez de ce succès facile qui l'obligeait à des postures, mimiques et autres tenues de soirée. Il prit la fuite. Vers le sud. Là où il fait bon cultiver son vin avec de vrais raisins et une vraie terre sous le sabot.

    Avec La cuisine Paléolithique (Robert Morel, 1964) et La Deltheillerie (Grasset, 1968), Delteil indique une nouvelle voie, buissonnière, sauvage. Il signale à la suite de Henry David Thoreau qu'il est temps de changer de monde.

    Exemple à suivre pour les mauvais élèves, j'ai moi-même déserté. Ce livre en est la preuve et la démonstration (j'espère !) que la littérature (celle de Joseph Delteil assurément) peut ouvrir des voies que la globalisation ignore.

    Lire, relire Joseph Delteil est une assurance contre la mort. Mon livre est un signal qui renvoie à la littérature importante, celle qui aide à vivre.

     


    EST - Samuel Tastet Editeur
    Diffusion
    Jean-Michel Place
    3, rue Lhomond 75005 Paris
    Hakima Boukhari
    01 44 32 05 98
  • ANDY WARHOL ❘ ENTRETIENS 1962|1987

    Entretiens 1962/1987

    (Grasset)

    410 pages – 21, 90 €

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    Figure génésiaque du pop art, cinéaste, écrivain, éditeur, producteur du Velvet Underground, homme d’affaires, night-clubber, Andy Warhol n’a que partiellement calculé le mystère. Futé stratège des apparences, prestidigitateur du double-sens, ce parleur souvent amphigourique s’est beaucoup livré. Parfois pour ne rien dire. Également pour se mettre à nu, montrant l’au-delà du visible, les dessous de la superficialité dont son art est le grand témoin. Ces entretiens réunis et présentés par Kenneth Goldsmith, critique musical pour The New York Press, couvrent trois décennies marquées au coin de la subversion dans le domaine de l’art et des mœurs. Véritable autoportrait manigancé par les roueries de la dialectique, ce livre est aussi une traversée de l’histoire fin de siècle. Une histoire des apparences, n’en doutons pas. Andy Warhol manie le goût des paillettes et des plumes au point qu’il rêve d’un musée à lui consacré qui serait l’équivalent d’un grand magasin, genre Nieman Marcus. « Beaucoup de vêtements, des bijoux, des parfums ». Imbattable activiste mondain, cet homme au profil de tué (manqué de peu) révèle une haute solitude. Son seul ami : le Scotch J&B, mais il ne s’autorise que le thé. Au cours de ses conversations, quelques raretés. Un entretien avec William Burroughs où il est question d’éjaculation. Un autre avec Jordan Crandall dans lequel il parle de son admiration pour la musique des Residents. Guy Darol


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  • THOMAS CLEMENT

     

    Les enfants du plastique

    (Au Diable Vauvert)

    241 pages – 17, 50 €

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    En 2010, le spectacle concentré règne en maître, les aventures de l’art n’ont plus cours, l’industrie musicale est désormais contrôlée par Unique Musique France dont Franck Matalo est le cocher. Le premier roman de Thomas Clément est un apologue qui fait tinter les alarmes. Car ce futur si proche est évidemment contenu dans notre présent. L’auteur balaie ses lumières sur le monde tel qu’il se prépare. Dans ce monde, la musique est définitivement dématérialisée, le vecteur d’écoute se nomme TéléPod, le beam (téléchargement identifié) a eu raison du peer to peer. Le rock est un mot mort, comme l’underground, comme toute expérimentation menée au fond du garage. Du haut de sa tour (bien sûr située à la Défense), Franck Matalo paraît tellement puissant qu’on s’attend à le voir propulser roi de l’univers mais… la nostalgie, camarade. La nostalgie du bon temps du rock. Ça et le malheur. Il perd sa fille et presque aussitôt la tête. Son suicide comprendra la fin du système. Il décide de porter un coup à la domination de la marchandise en lançant un groupe paléo-punk dont le seul nom, Intestin, est un pacte avec l’échec. À la surprise générale, l’horrible combo connaît un succès sans pareil, révélant ainsi le désir d’authentique que l’industrie musicale n’était pas parvenue à tuer. Lumineux et agile, ce roman est tout à la fois une vision et un bel exercice de style. Guy Darol

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