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DISSIDENCE UNIVERSELLE - Page 7

  • JEAN DEMELIER

    medium_g_demelier.jpgAu temps de la revue Dérive, souvent je rencontrais Alain Borer au pied de la Butte et au débotté. Il demeurait rue d'Orsel et colligeait énormément autour de Rimbaud. Je le vis notamment au lendemain de son invasion par les caméras de télévision. Il venait d'enregistrer une émission qui retraçait son enquête en Abyssinie. Je me souviens de son euphorie barbapapesque lorsqu'il me décrivit le blocage de la rue d'Orsel par les camions des machinos siglés Antenne 2. Ses yeux riboulaient devant tout ce faste destiné à l'exploration de Rimbaud à partir de l'exégète qu'il était, surtout connu pour sa collusion avec la revue TXT et les éditions Daily Bul. Il faisait beau et chaud (contrepéterie facile) et nous flanâmes dans les rues circonvoisines en direction d'un estanco. Sur le chemin, nous croisâmes Jean Demélier dont je venais de lire, coup sur coup, Le Rêve de Job et Gens de la rue. Eh bien, rien à dire, pétrifié, benêt, je ne pus pas même lui chuchoter ma dilection. Il était pourtant rocanrol Jean Demélier, pas je-me-la-pète pour un maravédis. De plain pied, le garçon. J'ai continué à lire ses romans et perdis le fil. Son oeuvre romanesque semble s'étirer sur une courte période, 1971-1984.

    C'est un écrivain talentueux, de ceux qui méritent la passion continue mais dont on ne parle plus. Attendons.

    C'est également un peintre, très actif. Et je suis bien aise de faire savoir que cette dimension de sa personne est aujourd'hui visible jusqu'au 28 février et à la Halle Saint-Pierre. Un lieu décidément inévitable.

    Par chance, ceux qui apprécient l'artiste, l'écrivain, l'homme, pourront serrer la paluche à tout cela. Jean Demélier sera présent tout en un le 8 février à 18h30 au coeur des cimaises. Je ne pourrais y être, triplement hélas, mais je suis bien certain que l'un(e) de vous lui glissera à l'oreille ce que je n'ai pu lui dire à la fin des années 70.

    A savoir : mon admiration.

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    ROMANS
    Le Rêve de Job - Gallimard 1971
    Le Sourire de Jonas - Gallimard 1975
    La Constellation des Chiens - Gallimard 1976
    Le Miroir de Janus - Gallimard 1977
    Le Jugement de Poitier - Ramsay 1978
    Les nouvelles lettres de mon Moulin - Gallimard 1982
    Le métro du bout du monde - Balland 1984
    Gens de la rue - Gallimard 1971

    LIVRES D' ART ET DE DESSINS
    Sketchbook - Oasis books Londres 1974
    Croquis - Jacques Bremond Villeneuve.L.A 1980
    Le Tourneur de Têtes - Poitiers 1981
    Dénature - Sérigraphies René Vidal 1974
    L'Astronome biologique - Sérigraphies de Daniel Mohen 1975
    Nutation - Sérigraphies de Robert Einbeck 1980
    Chair Muette et Dernière Fenêtre - Sculpture de Michel Gérard 1982
    Première Éclaboussure - Sculpture de Michel Gérard 1982
    La naissance de l'Ange - Lithographies d'Abraham Hadad 1985
    Toupie de Chair - Alex Bonnier 1985
    Solution de Continuité - Gravures Jan Arons 1988
    Il neige dans ma nuit - Galerie édition Diane Manière 1988
    Passage d'Amour - Lithographies de Jacqueline Blewanus 1989
    Fleuve - Lithographies de Daniel Mohen 1990
    Betalpha - Illustrations Jack Vanarsky 1990
    Livre Leur - Jacqueline Blewanus 1996
    Chose - Jacqueline Blewanus 1999

    PIECES RADIOPHONIQUES (France Culture)
    Echo-Pulsion
    Hemoomixia
    Narcisse
    Autoportrait dans une oreille
    Toilettes
    Ainsi vous voulez écouter une pièce radiophonique ?

    ESSAIS (édition René Baudouin Mona Lisait)
    Brefs Prolégoménes à un Système Politique Prochain 1997
    L' Ange et Moi 1998
    Le nouveau Code Noir 1998
    Théâtre : Sur la Plage ( Avignon ) 1997

    COLLECTIONS NATIONALES
    Huit tableaux dans les Collections Nationales (CNAC, MNAM, Centre Georges Pompidou, FNAC)
    Nombreuses collections privées.

    __________

    HALLE SAINT-PIERRE - Galerie (entrée libre)
    2, rue Ronsard - 75018 Paris
    Tél. : 01 42 58 72 89 - Fax : 01 42 64 39 78
    Métro : Anvers/Abbesses
    www.hallesaintpierre.org

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    Jean Demélier
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    Jean Demélier




  • 'PATAPHYSIQUE ❘ ALFRED JARRY ❘ JEAN-PIERRE BRISSET ❘ JACQUES CARELMAN

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    Il n’est pas trop tôt pour célébrer le jour des morts ou, plus merveilleusement encore, le jour où Alfred Jarry enfourcha son vélo pour un dernier voyage. Car c’est bien le 1er novembre 1907 que l’inventeur de la ‘Pataphysique replia sa gidouille. Cela fait cent ans, à quelques saintes Ferfette près – pour jacasser comme Claude Ponti.

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    Le Centre International de Poésie de Marseille n’a pas attendu de se faire doubler par les grosses cylindrées de la commémoration.

    Il a lancé la chose et ce n’est pas une mandorlade autour de l’ubuesque crâne.

    Plutôt une exposition sur ses effets.

    Intitulée ‘Pataphysique, langages & machines.

    Et c’est commencé depuis le vendredi 26 janvier.

    Jusqu’au samedi 10 mars 2007 (ou lundi 16 pédale CXXXIV), l’abri massalien de la poésie mappemondiale est ouvert aux curieux de, notamment, Jean-Pierre Brisset (1857-1923) qui théorisa avec beaucoup de certitudes sur le fait que le langage que nous coassons fut inventé par les grenouilles et, Jacques Carelman qu’il serait hâtif de résumer aux seuls objets et timbres-poste introuvables qu’il imagina.

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    Pour l’ambroisie, il convient de se rendre

    ۩,2 rue de la Charité – 13236 Marseille

    ♪ 04 91 91 26 45

    www.cipmarseille.com

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    Jacques Carelman
  • POLYPHONIX ❘ JEAN-JACQUES LEBEL

     

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    Polyphonix est un laboratoire nomade de poésie. Depuis vingt-cinq ans il est, à travers l’Europe et l’Amérique du Nord, l’initiateur de rencontres d’artistes de tous pays qui s’engagent en poésie sous les formes les plus diverses. Poésie textuelle, visuelle ou sonore, performance ou lecture/action, les poètes viennent ici physiquement partager leur souffle avec le public.

    Jérôme Game

    Né à Paris en 1971, il y habite après avoir vécu plusieurs années aux Etats-Unis et en Angleterre. Auteur d’une dizaine de livres, il a publié de nombreux enregistrements audio et vidéo. Il enseigne la philosophie et l’histoire du cinéma à l’Université Américaine de Paris et lit sur scène ses textes avec une présence très physique qui nous donne à entendre les hiatus de la pensée et les courts-circuits du cerveau.

    Edith Azam

    Des lectures au bord de la syncope que nous donne ce jeune auteur, on sort comme essoufflé soi-même. Elle nous offre la musique des mots qui la traversent avec une précipitation qui bouscule la syntaxe. Ses textes sont publiés dans diverses revues et trois livres seront publiés cet hiver. Edith Azam dit de son écriture : “Il y a quelque chose d’animal, d’archaïque... c’est toute une machine qui se met en marche, une flèche qui part et qui doit être juste. »

    Julien Blaine

    Il est l’un des initiateurs en France de la poésie visuelle et performatrice, et le créateur de la notion de poésie élémentaire. Il parcourt la planète de festivals de poésie en manifestations diverses (colloques, lectures, expositions…). En 2004, après 42 ans passés à faire des performances – « des poëmes en chair et en os » –, Julien Blaine a décidé d’arrêter. Heureusement il persiste et nous donne encore des « déclaractions » tonitruantes et roboratives.

    Jacqueline Cahen

    Sussurations en mots coulés ou heurtés, elle dessine dans de courts textes des paysages étranges qui sont comme un voyage mental à travers diverses matières physiques ou abstraites. Publiée dans de nombreuses revues, elle sortira au début de l’année prochaine « L’immédiat labile », ensemble de poèmes accompagnés de dessins de Jean-Jacques Lebel.

    Jean-Michel Espitallier

    Faire jouer tout le bizarre de la langue et en éprouver les limites, c’est le projet de ce poète singulier. Entre rire jaune, tension comique, syllogismes vides, absurde et dérision, la poésie de Jean-Michel Espitallier, proche en cela de l’art contemporain, use de la plus radicale fantaisie pour coller un faux-nez au tragique et à l’esprit de sérieux mais aussi pour faire voler en éclat la notion de genre et de frontières esthétiques (donc éthiques…).

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    Samedi 9 décembre 2006/20h30

    La Guillotine/24, rue Robespierre 93100 Montreuil

    _________________

    En 1983, la revue Change dirigée par Jean-Pierre Faye proposait, à l'initiative de Jean-Jacques Lebel, un numéro entièrement dédié à l'expérience Polyphonix.

    Cette livraison mise en oeuvre et réalisée par Tibor Papp et Paul Nagy marquait le 42ème coup de cette publication créée en 1968.

    Aujourd"hui, Polyphonix fête son 42ème anniversaire.

    Ne manquons pas cette coïncidence significative.

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  • ERIC DUSSERT ❘ COMME DES ENFANTS

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    Nous savons avec Marx que le fétichisme de la marchandise conduit à l’échangeabilité des hommes et c’est un fait que l’on peut constater: les ruses de la raison marchande justifient désormais la précarisation de l’emploi. La marchandise qui règne en maître impérial  est devenue valeur de premier plan. C’est à cette mesure de référence que s’adosse désormais la vie humaine. Autant dire que l’homme est la dernière des priorités du capital à moins qu’il n’égale en vertu la marchandise en tant que dieu. Guy Debord, notamment marxiste, a parlé de l’ « abondance de la dépossession » comme résultat de la marchandise totale, effet que le co-auteur du Manifeste de 1848 a nommé « concentration du capital à l’échelle planétaire ». Si La société du spectacle (1967) pouvait annoncer « le devenir-marchandise du monde »,  la mondialisation en acte démontre à présent que la consommation aliénée a triomphé de tous les scepticismes y compris les résistances. Il n’y a plus d’échappatoire possible sauf à renverser l’ordre établi – cette révolution n’est pas au programme.  La marchandise n’ayant renoncé à rien pour établir sa domination, l’enfance est le dernier secteur dont elle s’est emparée pour huiler la machine.

    Dans un pamphlet intitulé Comme des enfants, l’âge pédophile du capitalisme, Éric Dussert expose la méthode en s’appuyant sur un texte de Giovanni Papini, l’un des membres fondateurs du futurisme italien. Gog, texte publié en 1931, met en évidence ce que nous nommons aujourd’hui le jeunisme en créant le concept de pédocratie : « Nous sommes entre les mains de mineurs. Il suffit de regarder autour de soi : les goûts de l’enfance sont devenus ceux de la plupart des gens. » En reprenant (tout en le discutant) l’infanthéisme, un concept de Philippe Muray (1945-2006), Éric Dussert pose un regard sur le capitalisme fétide qui fait de l’enfant un consommateur et un bien de consommation. Il montre l’équation qui s’opère entre les bas instincts (ceux du désir) et la pseudo envie d’accumuler (consumérisme), établissant ainsi un juste réquisitoire contre une époque où la starification de l’enfant est une banalité. Maturescence, adulescence, ces mots bifides et nauséabonds marquent un pas dans l’ascension du capitalisme pédophage qui travaille a faire disparaître les âges. L’éternelle jeunesse éternellement consommante est en effet l’objectif que s’est fixé l’ordre marchand afin de rendre toujours vivace le réflexe d’achat. Dans son livre précis, cultivé et terriblement à-propos, Éric Dussert lance une charge de soufre contre l’ignoble. C’est un appel au ressaisissement  de la pensée (la pédophagie marchande, dernière perversion du capitalisme) et une invitation à combattre toutes les instances de la culture trendy. Ajoutons que ce livre bien enlevé convoque les intelligences restées à l’affût pour « rendre à la vieillesse sa noblesse. » Suggérons à l’auteur de Comme des enfants qu’il nous mitonne en fine sapience un Éloge du grand âge. Guy Darol

    ÉRIC DUSSERT

    Comme des enfants

    L’âge pédophile du capitalisme

    Anabet Éditions

    67 pages, 9.80 €

    Visiter

    ANABET ÉDITIONS

    L’ALAMBLOG – le blog d’Éric Dussert

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  • CYNTHIA 3000

     

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    Saluons chaleureusement Grégory Haleux et Céline Brun-Picard qui viennent de donner naissance à une petite (deviendra grande) maison d'édition en ligne.

    Un premier ouvrage vient de paraître.

    medium_fe874c037c7e4c16e25f0bb1df77fcbe.jpegEtant donnés qui résulte de la dérive, suggère immédiatement les noms de Guy Debord, Restif de la Bretonne, André Hardellet, Gérard de Nerval. Celui de tous les flâneurs nocturnes, connus et anonymes. Livre duel, conjugaison des flux de l'image et du verbe.

    Signalons que Grégory Haleux est l'autre nom du blogonaute Bartlebooth.

    Cynthia 3000 : un nouveau pressing dans votre quartier ? l’événement du salon de l’auto ? la colocataire d’Ulla ? 1 pseudo tro grave ?
    Cynthia 3000 est une maison d’édition fondée dans l’intention que nos productions littéraires, diffusées en partie par internet sur nos blogs, connaissent une existence matérielle (d’autant plus que certaines de ces séries furent conçues dans l’objectif du livre). Pour ce faire et dans le souci de conserver une grande indépendance, il nous a paru évident de créer notre propre structure — par conséquent de fabriquer, diffuser et mettre en vente nous-mêmes nos ouvrages.
    Avec la première parution,
    Etant donnés , nous commençons donc par une auto-publication. Dans cette voie, cinq de nos textes sont déjà prévus pour l’année à venir : des écrits où l’intérêt pour la langue et l’expérimentation dominent, où le sens se trame plus qu’il ne s’énonce, préférant même se faire non-sens, une poésie jouant de l’instabilité, des bifurcations et dérapages…
    Nous projetons également d’éditer d’autres auteurs contemporains, se situant hors des modes et des compromis, ne se préoccupant ni de se faire bien voir du gratin poétique ni de tortiller bigotement du cut-up.

    Un autre volet des éditions Cynthia 3000 est consacré à la réédition d’œuvres insolites, méconnues et pour la plupart devenues introuvables, qui nous semblent mériter de rencontrer des lecteurs d’aujourd’hui.
    Ce site, extension des éditions, présente nos parutions, les auteurs, toutes informations concernant nos activités, et permet la commande en ligne de nos livres. Il est accompagné d’un blog où il sera question de nos lectures, de nos centres d’intérêt littéraires et artistiques, et où l’on trouvera des extraits de textes en cours et tout le tralala.
    Céline Brun-Picard & Grégory Haleux.

    CYNTHIA 2000

    43, avenue du Général Sarrail

    51000 Châlons-en-Champagne

    cynthiatroismille@yahoo.fr

    Visiter CYNTHIA 3000

  • JACQUES STERNBERG ❘ HENRI AVELOT

     

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    En avril 1972, le Magazine Littéraire publiait un dossier L’humour en France 1920-1970 orchestré par Jacques Sternberg qui vient de replier son huit-reflets. Dans cette livraison, il ne signait pas (le n° 63) le moi littéraire, son sulfureux édito, mais présentait une cohorte d’écrivains dont l’édition a, pour certains, oublié les noms. On y trouvait des louanges à Alexandre Breffort, André Frédérique, Jacques Perret, Roger Vitrac et surtout une présentation de l’œuvre de Henri Avelot (1873-1935). Voici la note qui accompagnait un extrait de l’un des deux ouvrages publiés par ce romancier méconnu.

    « Ses dessins furent mieux appréciés que ses textes, et c’est injuste. Même si ses illustrations atteignent les sommets de l’humour loufoque et de la parodie du roman populaire, son roman L’Homme verdâtre, suivi de La Comtesse tatouée, mérite de devenir un classique. »

    Mince notule il est vrai mais qui invite puissamment à redécouvrir ce collaborateur du Pêle-Mêle, de L’Illustration et de La Semaine de Suzette.

    En 1908, la revue Les Maîtres Humoristes lui rendait hommage. Depuis Jacques Sternberg, le silence est glacial.

    Il est par ailleurs émouvant de se souvenir que les éditions Flammarion, du temps jadis, éditaient Les Auteurs gais, une collection vouée à la promotion des œuvres de Marcel Arnac, André Birabeau, Édouard Osmont, Gabriel Timmory, Miguel Zamacoïs, Pierre Veber, Cami, pour la plupart prisonnier des brumes. Ce même éditeur avait eu la bonne idée de publier Le Rire dans le brouillard, une anthologie de Maurice Dekobra, célébrant la littérature souriante du monde entier.

    Dois-je conclure que l’humour a cassé sa pipe et qu’Henri Avelot (édité chez Crès) ne connaîtra plus de nouveaux lecteurs ? Non, c’est trop triste. Guy Darol

    Nota Benêt

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    Je possède le Dictionnaire du mépris bien amoché (car je l’ai lu lu lu relu Lulu) de Jacques Sternberg (Calmann-Lévy, 1973) que les éditeurs soucieux de notre santé mentale feraient bien de remettre en mouvement.

    Voici ce que l’auteur d’une quarantaine de livres, de mille chroniques parues un peu partout, d’un film pour Alain Resnais, d’une pièce créée pour la Comédie-Française, de trente mille kilomètres en Solex et de vingt mille miles en dériveur écrivait à l’entrée Humour :

    « Humour, mon amour …

    Chaque fois qu’on me parle d’humour, je sors mon révolver pour tirer une salve d’honneur. Mais chaque fois qu’un éditeur français inaugure une collection d’humour, il commence par Alphonse Allais. Depuis vingt ans, Allais doit en avoir marre d’être redécouvert chaque année, lui qui avait le sens de l’humour. Ça doit le faire rire aux éclats dans sa tombe, d’autant plus que ces collections ne vont jamais plus loin et qu’elles meurent inexorablement après cette re-ré-ré-ré-ré-édition de textes connus du même Allais. Allez donc y voir ailleurs, doit-il se dire. Mais personne ne l’écoute. On ne connaît plus que lui alors que lui ne connaît plus personne. Et depuis si longtemps. C’est peut-être cela, l’humour. Noir, bien sûr. Mais comme il n’en existe pas d’autre. »

    Visiter

    Le Magazine Littéraire

    Calmann-Lévy

    Les Chefs-d'Oeuvre du Rire, anthologie Planète composée par Jacques Sternberg publia Le Bandit Complet, une nouvelle de Henri Avelot accompagnée de cette notice :

    "Avec Jules Dapaquit, Cami et quelques autres têtes d'affiche du "Rire" de la bonne époque, Henri Avelot partageait une particularité : il écrivait et dessinait. Avelot dessinait mieux qu'il n'écrivait. Mais cela ne l'empêcha pas de signer quelques contes exemplaires qui peuvent encore étonner. Car, on le sait, l'époque avait du talent, l'humour en ce temps-là était fait par tous."

     

  • HUANG XIANG

     

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    Ce poète chinois né en 1941 fut l'un des écrivains les plus menacés dans l'exercice de sa création. A partir de 1959, Huang Xiang connaît successivement prisons et camps de travail dont les vertus consistent, comme on sait, à faire oublier que l'on est un artiste hostile au dogme.

    Constamment pourchassé, le poète qui passe pour l'une des plus grandes figures de la calligraphie se réfugie en 1997 aux Etats-Unis, avec sa femme Zhang Ling.

    A Pittsburgh, il investit une maison qui devient support d'écriture.

    Célébration du monde indétruit, les poèmes de Huang Xiang sont des hymnes à la beauté profuse qui évoquent autant Walt Whitman (auquel il est souvent comparé) qu'Inger Christensen.

    Le projet Poet's House, Dream Nest est un livre vivant. Accessoirement lieu de lecture lorsque Huang Xiang se fait performer.

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    House Poem est voisine de la Mattress Factory

    500 Sampsonia Way

    North Side

    Pittsburgh, USA

    Renseignements :

    www.mattress.org

    www.cityofasylum.org

     

  • VEILLONS ET ARMONS-NOUS EN PENSEE

     

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    Le mercredi 18 octobre, j'allais voir au Carré Magique de Lannion une proposition théâtrale, singulièrement sous-titrée Farces d'hier et d'aujourd'hui. L'évocation du Manifeste de 1848 (Marx/Engels) était un argument suffisant pour me convaincre de prendre la route. La pièce (plutôt : la mise en pièces) signée Jean-Louis Hourdin (Eugène Durif, Georg Büchner, Albert Cohen lui sont associés) et François Chattot (pensionnaire de la Comédie Française, très présent au cinéma) s'intitule : Veillons et armons-nous en pensée. On ne peut que se laisser happer.

    medium_6567.jpegCette mise en pièces de l'homme-marchandise est une oeuvre en déplacement où le spectateur est puissamment questionné.
    Construction verbale ahurissante montée à partir de textes de Büchner, de Brecht, de Marx, Engels et de l'AGCS, avec des ritournelles qui suggèrent fortement les chansons pillardes (du Père Duchesne à Guy Debord), voici un anti-spectacle enragé qui secoue énergiquement les puces.

    D'abord on y boit de fortes rasades (en vrai, mais oui, et à la louche !) du visionnaire Marx dont on remarque, ici plus qu'ailleurs, l'influence rhétorique qu'il exerça sur Debord.

    On est tout confus d'observer que Karl n'est pas un zéro car il anticipa la mondialisation et surtout le chaos actuel où le travail (travailler encore et toujours plus) nous est donné comme une solution radicale à la misère du monde. Confus car nous avons oublié de relire sinon le Manifeste du moins les Morceaux choisis.

    Bref voici une proposition susceptible de réveiller le marxien brechto-büchneroïde qui sommeille en chacun de nous. Surtout le marxien. Car le barbu de Londres a tout vu - même le non advenu - et il faut bien admettre que ça nous scie la nouille.

    Donc voici une mise en pièces à ne manquer sous aucun (mauvais) prétexte.

    Prochaines dates :

    * au Théâtre de Cavaillon - Cavaillon 84300

    les 16, 17 et 18 novembre 2006

    Réservations : 04 90 78 64 60

    * Conférence conviviale

    MJC du Pays de Quintin - Quintin 22

    Information : 02 96 74 92 55

    * à la Salle municipale - Lamballe 22

    le 31 octobre 2006

    Réservation : 02 96 31 96 37

    * à l'Espace Victor Hugo - Ploufragan 22

    Réservation : 02 96 78 89 24

    * au Gymnase de Bégard - Bégard 22

    le 29 octobre 2006

    Réservations : 02 96 45 20 60

    Tous renseignements

    ODDC

    Théâtre Vidy-Lausanne

    "Il n’y a de théâtre qu’engagé.
    Celui-ci n’a jamais rien fait d’autre que nous tendre des miroirs pour nous révéler notre véritable nature, en braquant ses projos sur nos travers.
    « Il a toujours pris des risques insensés », ajouterait Valletti.
    Toutefois, on entend de nos jours par "théâtre engagé" une forme de théâtre davantage en prise avec son temps, plus actualisée politiquement parlant.

    De plus, le théâtre engagé tel qu’on le présente aujourd’hui possède des accents révolutionnaires, ou tout au moins contestataires. Il recourt volontiers à la dénonciation de pratiques qu’il estime nuisibles au bon fonctionnement de la société. Il s’efforce d’attirer notre attention, de nous mettre en garde contre des dérives possibles ou déjà à l’œuvre. S’il demeure ancré sur le rituel, il préfère le symbolisme et la confrontation plutôt que les lyriques dramaturgies d’un Occident antique.
    C’est un théâtre à but humaniste. Un théâtre garde-fou. Un théâtre qui veille au grain et n’a pas peur de se mouiller. Un théâtre qui joue et se bat avec ses armes de base : autodérision, impertinence, ironie, poésie, humour et même caricature au besoin.
    On imagine mal un théâtre qui serait engagé à défendre le prince ou à louer ses mérites. Même ce théâtre-là jouait sur plusieurs registres et titillait la dérision. C’est par la conscience profonde de sa nature dérisoire et pathétique que l’homme peut s’en soigner. Ce pourrait être le rôle fondamental du théâtre, si tant est qu’il en ait un.
    Ce théâtre dit engagé déborde ce supposé rôle pour se charger d’une mission. Celle de nous faire réfléchir à notre propre condition, à notre propre devenir, au-delà de la simple notion de divertissement qui n’est plus alors qu’un procédé plutôt qu’un objectif. C’est sur la voie de ce théâtre que se sont engagés Jean-Louis Hourdin et François Chattot, et avec lui une multitude d’autres artistes inquiets, couvrant toutes les disciplines artistiques.
    Ce théâtre engagé peut tout autant séduire et enthousiasmer que déplaire et irriter, mais en l’occurrence, il sait mieux que quiconque nous émoustiller et nous bouleverser, nous pincer les cordes sensibles, nous faire rire et pleurer dans une même impulsion. Il tient haut la main et hauts les cœurs ses engagements."

    (interview : Patrick Woog, pour la Scène nationale de Cavaillon)

    Question à Jean-Louis Hourdin (à propos de Büchner/Brecht/Marx/Engels).

    Comment interpréter de tels textes ?

    Jean-Louis Hourdin :"Avec transparence. Et une humilité pour passer les langues poétiques. Il faut se désencombrer de soi et de son point de vue personnel pour mettre à l'intérieur de soi le poème et provoquer du tumulte vivant chez celui qui écoute... Etre debout encore et encore dans la catastrophe et laisser le poème vivre au grand jour, résistant à la mort de l'humain... Je ne fais pas de différence entre un texte classique et un texte de chanson populaire parce qu'il n'y a pas de hiérarchie dans l'émotion. Ilfaut être intelligent et communautaire à la fois. La question est comment rester vivant, que ce soit avec des grands textes de Büchner, ou Brecht, ou des poèmes et chansons de Pierre Henri."

  • ARNAUD LABELLE-ROJOUX

     

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    À partir de Marcel Duchamp, l’art s’éclate. Il y a ceux qui continuent de représenter sur toile de fond et tous les autres. Pour les premiers, l’art est plastique ; pour les seconds, il est physique.

    Reprenons : à partir de Duchamp, voire Léonard de Vinci (artiste éminemment multimédia sous le Quattrocento), l’art devient acte. Une efflorescence de pratiques, spectaculaires autant que marginales (marginalisées) se constitue autour de groupes, d’individus, en actions innommables, en manifestes et manifestations fugaces, éphémères, périssables.

    L’art-action s’inscrit dans un mouvement rebelle aux stèles, hostile au commerce de l’art, au marchandage des œuvres. Frustrant déni, évidemment, puisqu’il peaudebanane toute tentative d’approche et jette des bâtons dans les cliquettes des théoriciens en quête de tableaux de chasse.

    Il manquait à la compréhension de ce phénomène vivant, un repérage explicite, un répertoire analytique, une étude à la démesure du pêle-mêle.

    Arnaud Labelle-Rojoux, performer et co-organisateur du Festival Polyphonix s’est fait historien de la performance en publiant L’Acte pour l’art, en 1988, chez les Éditeurs Évidant. L’ouvrage longtemps introuvable a été rendu disponible l’an passé.

    Extraordinaire numéro de voltige, Arnaud Labelle-Rojoux explore une explosion où jaillissent successivement et simultanément Arthur Cravan, Antonin Artaud, Allan Kaprow, Yves Klein, Jean-Jacques Lebel, Wolf Vostell, Ben, Joseph Beuys, Julien Blaine, Bernard Heidsieck…

    Au bout de ce défi mené avec Umour, le lecteur connaît tout d’un art qui veut être en tout ; anecdotes, instants, parcours sur quoi on a posé ces cocottes de papier : Happening, Fluxus, Art Pauvre, Body Art, Performance ... Mots mirages qui mal adhèrent sur la vie en actes.

    L’Acte pour l’art, éditions Al Dante, 643 pages, 2004

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    SOMMAIRE

    Commentaires nécessaires à L’Acte pour l’art en guise d’introduction à sa nouvelle édition
    I. L’acte pour l’art. Quelques lumières / Première époque / Futurisme : la provoc manifeste / Les séducteurs iconoclastes : Cravan, Picabia et Duchamp / De l’air, de l’air : Dada s’envole au cabaret Voltaire / Flash-back futuriste : les révolutions russes / Bauhaus, tout le monde descend ! / Deuxième époque / Cage : la liberté retrouvée / Ivresses Gutaï / Les orientophiles / Le doping happening / 9 evenings / La libre expression / Zen-ei : made in Japon / Fluxus enfin / Troisième époque / Les actionnistes viennois / Le corps révélateur / L’art souffre-douleur / Et pour quelques douleurs de plus… / Le réel en miroir / Briseurs de rêves ? / La poésie s’honore vivante / Quatrième époque / U.S.ART performance / L’Europe ! l’Europe ! l’Europe !… Et le Canada… Et partout ! / Épilogue
    II. Presque vingt ans après. Prologue / La performance est-elle un scoubidou ? / Du dandysme / Jacques Lizène, artiste de face B / L’art et la vie / Philippe Ramette / Gratte-moi le cul / Corps-spectacle et spectacle du corps / Teatro ma non troppo / L’approche par le rire / Grimaces / Alors, le théâtre, ça vient ? / Comment nommer ça ? / “Nouvelles pratiques du corps scénique” / À haute voix / Histoires de l’Oncle Paul et contes post-humains o You and me and me and you / Roux et Combaluzier sont sur un bateau / 1+1 = ? / Il était une fois / Let’s Dance ! / L’omelette grésillait dans la poêle / Musique “extra-musicale” / Frontières et territoires / La boucle bouclée ?
    III. Let’s twist again. Préambule / Au-delà de Guy Debord / Au voleur ! (à propos de Jacques Villeglé) / Du désœuvrement et autres considérations sur l’hypothétique abolition du travail et le supposé dépassement de l’art / Et c’est ainsi qu’un blondinet de Nazareth est Dieu (à propos de Michel Journiac) / Gueule d’ambiance (à propos de Xavier Boussiron) / La ballade de Yoko Alone / Le murmure du son / Sacré, sacré, sacré Charlemagne !
    IV. Quelques notules critiques. Vito Acconci / Stéphane Bérard / Olivier Blanckart / Chris Burden / André Cadere / Le corps-objet (Made in Éric) / Doc(k)s au temps de Julien Blaine / Dépendances chorégraphiques : Nicolas Floc’h et Gilles Touyard / L’Ère des substituts / Gestes inutiles, micros événements / Noël Godin / Brion Gysin / Joël Hubaut / L’Idiot / In girum imus nocte et consumimur igni de Guy Debord / Cyril Lepetit / Notes à la va-vite sur la chute / Orlan / Poésie action directe de Christophe Hanna / Présence Panchounette
    V. Annexes. Index / Bibliographie / Remerciements

    Bibliographie d’Arnaud Labelle Rojoux

    Récit de la vie de Michelangelo Merisi dit Le Caravage, éditions Al Dante, 2004

    L’Art parodic’, éditions Zulma, 2003

    Leçons de scandale, éditions Yellow Now, 2000

    Entretien avec Arnaud Labelle-Rojoux

    Website des éditions Al Dante

  • JEAN GOURMELIN

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    JEAN GOURMELIN : L'UN DES

    DESSINATEURS LES PLUS IMPORTANTS DU XXe SIÈCLE

    REVIENT SUR LE DEVANT

    DE L’ACTUALITÉ

    À L’OCCASION

    DE LA PARUTION PRÉVUE

    D’UN ALBUM

    COMMÉMORATIF DE SON ŒUVRE

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    85 ans dont 75 au service du dessin et de l’illustration

    Né en 1920, Jean Gourmelin, âgé en 2006 de 86 ans, s’avère l’un des principaux dessinateurs du XXe siècle. Son œuvre dessinée est rentrée désormais dans l’Histoire de l’Art, notamment dans celle des aquarellistes et des dessinateurs de presse et d’humour. Neuf albums édités de 1968 à nos jours, des catalogues d’expositions, des années de collaboration à quelques grands titres de la presse kiosque, notamment Le Point (pendant 13 ans), en témoignent.

    Les éditions Michel Champendal ont programmé un album à paraître intitulé « Jean Gourmelin, une Vie, une Œuvre » car elles estiment qu’il est temps de rendre un hommage ante-mortem à celui qui fut l’un des grands professionnels de son époque.

    Jean Gourmelin dessine avec passion depuis l’âge de cinq ans.

    Un rapide survol biographique nous permettra de mieux approcher l’œuvre, qui intéresse directement nos contemporains.

    Jean Gourmelin naît à Paris le 23 novembre 1920 dans une famille modeste. Unique enfant, il commence à dessiner avec passion dès l’âge de cinq ans et il rencontre, à l’école, un professeur de dessin qui lui donnera confiance en lui. Il vivra les quinze premières années de sa vie à Paris.

    1935 : ses parents quittent Paris pour Vendôme où son père s’établit en tant que grainetier. Deux ans plus tard (Jean Gourmelin est alors âgé de 17 ans), le peintre Charles Portel l’initie à la technique du papier peint, de la gravure sur bois et du pochon. D’abord exécutant, il devient rapidement concepteur pour la maison Nobilis.

    1938 : première participation, à 18 ans, à une exposition collective intitulée « Balzac », au Musée de Vendôme.

    1940 : à vingt ans  il retrouve Paris et s’inscrit aux « Arts Décoratifs » à l’Atelier jandin : il se destine sans succès au professorat de dessin.

    1945 : il entre - pour vingt-trois ans de collaboration - dans l’atelier du célèbre verrier Max Ingrand (il y a travaillera notamment avec Michel Serre, qui  deviendra lui aussi un dessinateur d’humour célèbre). On peut reconnaître, sur les vitraux de la cathédrale de Rouen son style inimitable. C’est donc le « Directeur du Bureau des Dessins  des Ateliers Max Ingrand, passage Tenaille à Paris » qui est à l’œuvre, notamment et également dans les chapelles des châteaux d’Amboise et de Blois.

    1951 : il a trente et un ans et Maximilien Vox lui confie des « reportages dessinés » pour quelques revues dont il a la direction artistique : le dessinateur de presse Jean Gourmelin débute sa carrière internationale.

    1961 : il a quarante et un ans et il rencontre son grand ami l’écrivain Jacques Sternberg, ce qui le destine à consacrer son dessin « non à l’esthétisme mais à l’idée ». Ce qui marque le début de son œuvre historique.

    1962 : son premier dessin paraît dans la revue « Bizarre », une revue qui fut créée par l’éditeur Eric Losfeld puis reprise par son collègue Jean-Jacques Pauvert. Il s’agit du numéro vingt-trois.

    1963 : remarqué par son fondateur Louis Pauwels, dont il deviendra ami, il débute une collaboration qui sera longue et fructueuse avec la revue et les éditions « Planète » (dès le numéro dix).

    1966 : il a quarante-six ans et dessine les décors et les costumes de « Le Golem », un film de J. Kerchbron et Louis Pauwels.

    1967 : première exposition personnelle à la parisienne galerie « Le Tournesol » : très grand succès. Il est remarqué par le Tout-Paris, les éditeurs et les confrères dessinateurs, ce qui l’encourage à l’indépendance professionnelle.

    1968 : il abandonne le vitrail, vit (et vivra) désormais du dessin, en compagnie de son épouse femme au foyer, de sa fille et de son fils. Cette année-là, il illustre, dans France-Soir, alors un quotidien encore très important, les « Chroniques » de son ami Jacques Sternberg.

    1969 : il a quarante-neuf ans et sort le premier de ses neuf albums de dessins intitulé « Gourmelin », aux éditions Planète, avec une magnifique préface de Louis Pauwels pleine d’intelligence, de finesse et de tact. Le voilà lancé dans son domaine de prédilection. Il reçoit le Grand Prix de l’Humour Noir, bénéficie d’une exposition à la galerie Christiane Colin et rencontre Julien Green.

    1970 : à cinquante ans, il crée les décors et les costumes du film « L’Homme qui Rit » de J. Kerchbron, d’après l’œuvre théâtrale de Victor Hugo.

    1971 : 51 ans. Exposition « L’Humour à travers les âges » à la Bibliothèque nationale alors rue de Richelieu.

    1972 : il expose une fois encore à la galerie Christiane Colin et publie aux éditions André Balland un nouvel album de dessins intitulé « Pour Tuer le Temps ».

    1973 : il collabore désormais régulièrement avec la presse (il restera treize ans au sommaire du magazine « Le Point » et travaillera également au « Figaro ») et réalise décors et costumes pour le film « Président Faust » de J. Kerchbron et Louis Pauwels. Il publie une collection d’assiettes peintes, de nos jours fort recherchée.

    1975 : il a 55 ans. Une exposition à la galerie « La Galère » et la publication d’un nouveau recueil de dessins intitulé « Le Hasard » aux éditions André Balland adviennent. Il réalise les décors et les costumes du film « La Grande Trouille » de Pierre Grunstein.

    1976 : l’émission télévisuelle « Fenêtre sur », réalisée par M. Honorin sur la chaîne A2, lui est consacrée.

    1977 : il réalise des affiches pour les spectacles de Robert Hossein ainsi que les décors de « Néfertiti », une pièce d’Andrée Chedid.

    Les années qui suivent, il continue de dessiner pour la presse kiosque, de réaliser des albums de dessins et d’exposer, notamment à Créteil, à Genève et à Bruxelles (en 1882 ce sera à Taiwan).

    Il participe à de nombreux évènements culturels de la fin du siècle passé, notamment à l’émission télévisuelle « Tac au Tac » qui réunit régulièrement sur un plateau et en direct des dessinateurs d’envergures nationale et internationale qui improvisent collectivement. Cette émission obtiendra un très vif succès.

    En l’an 2000, âgé de quatre-vingt ans, Jean Gourmelin, du fait d’une vue chancelante, cessera de dessiner et de peindre. Ce qui ne l’empêchera pas d’exposer. Il est actuellement l’ami des plus grands dessinateurs de France, et parmi eux son supporter de toujours : Bernhard Willem Holtrop dit Willem.

    En conclusion, nous pouvons affirmer, sans crainte de nous tromper, que l’œuvre de Jean Gourmelin fait désormais partie intégrante du panorama culturel historique de la France. Cet artiste est non seulement un maître dans ses domaines (l’Insolite et le Fantastique), mais il a influencé et influence nombre de ses confrères plus jeunes que lui. Pas un Français de plus de cinquante ans qui ne connaisse donc reconnaisse ses dessins du premier coup d’œil, pas un contemporain de moins de cinquante ans qui ne soit intrigué par cette œuvre forte. Il est vrai que tout l’imaginaire des lecteurs et amateurs d’art occidental est baigné de l’œuvre de Jean Gourmelin : ses dessins sont parus dans la plupart des anthologies de la revue « Planète » (il y a même illustré « les Chefs-d’œuvre de l’Epouvante »), dans Zoom, Le Point, Hara-kiri, Plexus, Charlie Mensuel, Pilote, Elle, Les Lettres Françaises, Caractère, France Soir, Le Monde, Le Figaro et Le Matin de Paris, pour n’en citer que quelques-uns parmi les plus renommés. Par ailleurs, que ce soit dans les réseaux de la bibliophilie à petits tirages ou de ceux, à très gros tirages ceux-là, des Clubs du Livre, Jean Gourmelin a illustré les œuvres d’Arthur Rimbaud, de Gaston Leroux, de Pierre Benoît, de Daniel de Foe (son « Robinson Crusoë »), de Guy de Maupassant (« Bel Ami »), de Julien Green, de Claude Klotz (« Les Innommables »), de Lovecraft et de Jacques Sternberg. Jean Gourmelin a également dessiné de nombreuses couvertures de livres, notamment de livres de poche. Louis Pauwels, Robert Sabatier, Jacques Sternberg, Philippe Soupault, Pierre Cabanne, François Cavanna (un de ses amis), Frédéric Vitoux, Julien Green et Yvan Audouard du « Canard Enchaîné », liste non exhaustive, ont écrit sur lui et sur son œuvre prolifique (Jean Gourmelin fut très productif).

    Michel Champendal, éditeur, le lundi 25 septembre 2006