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littérature - Page 9

  • EVERYTHING IS POLITICAL ❘ 4. UN PAYSAGE TOUJOURS CHANGEANT

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    La chance, c’est de sortir les bonnes cartes. Pas d’intellos dans mon milieu. Des métallos, ça oui. Balayeurs de rue, éboueurs, poseurs d’antennes. Ma mère est concepige. Peintres pas du tout sortis des Beaux-Arts, maçons. Plongeurs d’arrière-salle. Serveurs, loufiats, valets de pied. Anciens chemineaux, cheministes. Ramoneurs, petits et grands. Laveurs de carreaux, de sols, de cheveux. Des livres mais pour le décor. Cache-flacons. Faux elzévirs. Folios de carton.

    Qu’est-ce qui tend la main ? La rue.

    Son flot, son flux, son brassage. Les échanges rapides à partir d’un simple mot, d’un signe.

    La chance, ce sont les connivences, le mystérieux désir. Ce qui pousse au-delà de la norme fixe, ouvre des portes que rien n’indique.

    Dans les années 1970, la communauté – car nous vivons ensemble, brassés – est une babel heureuse (Roland Barthes). C’est l’utopie effectuée des mélanges de classes, de langues, de signes. Pas ce que la doxa a vulgarisé sous la forme d’un pandémonium de corps entre eux, abouchés, frottés. De la jouissance il y avait, mais dans des exposés déviants, des ruptures de codes. Délires.

    Toutes ces nuits en cataractes, sans jamais se frotter au possible. Pour se lâcher, pour le plaisir de lâcher mots et paradoxes. Comme de l’abstract music, des champs de notes, océans de sons.

    Crispur est un projet mappemondial, subversif. Pas de mâle dominant. Pas de genre au-dessus de la mêlée.

    On s’est fait hors-school. D’abord avec les écrivains d’actions. Ceux qui appelaient au schproum, à la guerre prolongée grandiose, au grand combat. On est passé ensuite aux agitateurs de formes, issus de Sade & Céline, Gadda, Cummings, Pessoa. Qui dézinguent le monde via l’image pieuse : papamaman, couple moteur, lutte des classes. Qui désamorcent les proses encaustiquées, narrations lisses, très artisanalement patinées. Qui livrent à la déchetterie les chromos, tout mot sans détonateur.

    La mêlée du moment se nomme théorie matérialiste-dialectique de la connaissance et son porte-voix est Mao. Un temps, on se prend au jeu, filet dans lequel s’ébroue Philippe Sollers – dont nous apprécions Lois et H – qui chante la méthode : "Ce qui est révolutionnaire « dévore » ce qui est réactionnaire" *. Dériveurs en quête des brûlots qui assaisonnent l’huile sur le feu, nous fréquentons les édifices de la coopération intellectuelle. Au 72 boulevard de Sébastopol, la librairie Le Phénix menée par Régis Bergeron est un relais de la Chine. Nous y achetons (mais oui !) les brochures de Mao Tse-Toung publiées par les Editions en Langues Etrangères. Dans Décision du Comité central du Parti communiste chinois sur quelques questions touchant le travail actuel à la campagne, l’homme de barre déplore le manque d’intérêt du prolétariat vis-à-vis de la théorie marxiste de la connaissance. Il appelle à l’étude sacrée de la détermination marxiste pour éviter les erreurs. Les camarades ne doivent plus ignorer pour « faire bien leur travail, contribuer de toutes leurs forces à édifier un grand et puissant pays socialiste et enfin aider les masses opprimées et exploitées du monde en vue d’accomplir le noble devoir internationaliste qui nous incombe ». On y croit passionnément, un peu, pas du tout.

    Dominique de Roux au style jaspé-chiné accentue le lyrisme de Sollers. "Mao, maître des eaux remonte le fleuve des bleus mahométans un peu verdâtres, bleus de Chine venus de Perse". L’admirateur de Pound-Gombrowicz brusquement exagère. Ce grand style mis à l’ombre du tout venant, escamoté par les pseudonymies du verbe, auteur de L’Harmonika-Zug, de Maison Jaune, débloque à fond. Il met sur un même plan de travail Mao et Pound. Il dit (la formule n’est pas mal) que Lénine est "le crachat parfumé de Bakounine". Son tort : s’émouvoir en glissant des comparaisons comme l’archet sur le nerf de bœuf. Sollers-de Roux n’additionnent pas les vies soustraites. Ils voient en Mao le poète, une encre provenue du charbon de sapin, un libérateur de la forme et des formes.

    Dominique de Roux : "Les sages descendaient le Fleuve Jaune, fendaient le Bleu du martin-pêcheur, bleu fouetté de la mer, avec beaucoup de ciel. Les Hommes aux grands fronts, représentant le Livre" **.

    Nous trouvons l’alchimie déplacée. La poésie, si l’on accorde à ce mot des effets chaotiques, est bien, selon nous, indissociable de démolition. Il n’y a pas de poésie sans destruction. Si la poésie est inexpugnable, jamais le poète n’encercle. Ou sinon, c’est la messe, "la plus désolée des basse-cour que connaisse l’humanité, et où règnent uniquement bluff, mensonge, snobisme, bêtise et mystification" ***.

    Crispur, à la fin de sa fulgurante vie, appuyée en nouveau sous-titre d’un Gestes pour l’insurrection des langages défend la parole dangereuse. Pas de programme pour anéantir directement les forces de l’ennemi : artillerie à longue portée, gaz toxiques. "Abolir toute forme hiérarchique de l’expression suppose pour Crispur la destruction de tout genre littéraire et la fusion pratique/théorie. Cette convergence ne revendique nullement une belle harmonie. Elle tente de s’inscrire dans la rupture, l’écart" ****. Guy Darol


     

    * Philippe Sollers, Sur le matérialisme – De l’atomisme à la dialectique révolutionnaire m>, 1974.

    ** Dominique de Roux, Le Gravier des vies perdues, 1985.

    *** Witold Gombrowicz, Contre les poètes, 1988.

    **** in Guide de la France des luttes, 1974.

     

  • LE MAGAZINE DES LIVRES ♯18

     

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    SOMMAIRE JUILLET ❘ AOUT
    MAGAZINE
    Dossier
    Le nouveau monde littéraire chinois, coordonné par Tang Loaëc

    RENCONTRES
    Entretiens
    Michel Chaillou : « Je ne cherche pas le style, c’est lui qui me trouve », par Joseph Vebret
    Alain-Paul Mallard. Écrivain sans œuvre, par Bartleby
    Pascal Garnier. Simple mais efficace, par Joseph Vebret
    Giovanni Dotoli. Lorsque la parole est poésie, par Joseph Vebret
    Frédérique Deghelt. Éprouver l’écriture, par Léthée Hurtebise
    Une vie d’écrivain
    Éric Neuhoff : « Écrire n’est pas une souffrance », par Thierry Richard

    LIRE & RELIRE
    Classique
    Les sept vies de Louis-Ferdinand Céline, par David Alliot
    Philippe Sollers. Relire Céline, par Joseph Vebret
    Perdu de vue
    Jacques Duboin, le banquier de l’Abondance, par Michel Loetscher
    Aparté
    Conseils aux écrivains qui se font interviewer, par Christian Cottet-Emard

    LE CAHIER DES LIVRES
    Bonnes feuilles
    La sélection d’Annick Geille
    Gérard Donovan, Julius Winsome
    Jérôme Garcin, Les livres ont un visage
    Philippe Grimbert, La mauvaise rencontre
    Claude Lanzmann, Le lièvre de Patagonie
    Thierry Beinstingel, Bestiaire domestique
    Cinq autres livres pour votre été, par Annick Geille

    CHRONIQUES
    Digressions
    Lire, c’est vivre, par Joseph Vebret
    Lire la musique
    L’amour du vinyle, par Guy Darol
    Relecture
    La confession du pasteur Burg, de Jacques Chessex, par Stéphanie Hochet
    Économie du livre
    La Bande Dessinée : bulles spéculatives ?, par Christophe Rioux
    Musique & littératures
    Les colères de Serge Utgé-Royo, par Jean-Daniel Belfond
    Cinéma & littératures
    « Tout a commencé par une passe d’Éric Cantonna », par Anne-Sophie Demonchy
    Chemin faisant
    Ici où là, par Pierre Ducrozet
    Les mains dans les poches
    Femmes, par Anthony Dufraisse
    Il était une fois l’Auteur
    L’auteur fait la promotion de son livre, par Emmanuelle Allibert
    Visages d’écrivains
    Marcel Jouhandeau, par Louis Monier

     

     

  • MICHEL CHAMPENDAL EST, A ETE, SERA

     

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    « Michel Champendal est né le 5 juillet 1954 à Paris. Poète Epistolier et Prosateur Piétonnier, ce Promeneur âgé de trente-cinq ans cultive l’amour de la vie et l’amitié sous toutes leurs formes.

    " Je n’ai rien d’autre à faire qu’aujourd’hui " est sa devise. Son ambition ? Mourir à cent six ans, après avoir lu beaucoup de livres, en avoir écrit quelques-uns, reçu et distribué le plus de bonheur possible. Pour Michel Champendal, la littérature doit se nourrir de la quotidienneté et non l’inverse. Jusqu’à ce jour, ses activités de professionnel du livre, successivement typographe, puis animateur de deux revues, bibliothécaire, journaliste, libraire-éditeur, correcteur et maintenant écrivain, tendent à faire partager le plaisir de la lecture et de la découverte, celle de soi et des autres, à travers l’élaboration d’une littérature populaire de qualité. »

     

    Ainsi se présentait, en 1989, le frelor, un mot que nous avions inventé pour nous désigner l’un l’autre. Frelor : contraction de frelot (frère en argomuche) et d’or du temps.

    Michel était le Champami des rendez-vous hebdomadaires, ceux que nous posions, généralement le mercredi, jour de l’enfance oisive, pour explorer ensemble Paris et sa banlieue.

    Excellents dériveurs (selon une tradition qui va de Léon-Paul Fargue à Internationale Situationniste), nous arpentions souplement bitume et vestiges de sentiers champêtres. Souvent le hasard qui, comme tout le monde sait, n’est jamais hasardeux, nous menait sur les buttes montreuilloises jalonnées de chemins tortueux et versicolores à l’exemple du ruban jaune que déroule The Wizard of Oz, ce mode d’emploi cinématographique du Merveilleux.

    Ce que nous cherchions : l’intangible rencontre, celle d’une image collant un mot, celle d’un mot qu’une image fait jaillir. Le monde, nous le regardions équipés des jumelles qu’Alfred Jarry, Alphonse Allais, Raymond Queneau, Lewis Carroll ont manufacturé. Nous déambulions sans but, aussi sans connaître la fatigue ou l’ennui. Fécondes, nos dérives étaient des livres faciles à écrire pour peu que l’on consente à la station assise.

    Nocturnes flâneries autour du Châtelet ou de la Bastille, Paris, nous le chantions sur des arias composés par Zappa. Le frelor connaissait sur le bout des doigts et des lèvres certaines des chansons du pamphlétaire californien. Une nuit, sur le Parvis de Notre-Dame, nous fendîmes la cloche de silence d’un « Billy The Mountain » plus haut et plus pointu que la version Flo & Eddie donnée sur l’album Just Another Band From L.A. Paris n’en fut pas réveillé mais des portes s’ouvrirent et avec elles des gueules de gargouilles hargneuses.

    L’humour, la joie étaient nos transporteurs. Lorsque le sommeil alpaguait, nous nous quittions contents car rassasiés de jeux. Le lendemain, on se retrouvait à travers le papier. Glisser le stylo sur les feuillets d’hypnos occupait l’autre partie du temps.

    Les épîtres que l’on s’échangeait (chaque jour ou à peu près) planifiaient des bonheurs : livres à lire, films à voir, musiques à écouter, promenades à effectuer en suivant les lois du hasard.

    Je connus le frelor aux temps anciens de la Presse Underground. Il éditait Poésie Ininterrompue puis L’Arbre Bleu, je chroniquais dans les colonnes du quotidien Libération, le quotidien pluriel de l’invention permanente. On s’estimait sans s’être jamais serré la pince. Puis vint la Librairie Michel Champendal, sise rue du Faubourg-Poissonnière, lieu foisonnant de contacts magiques (et de Mail Art dont il était un propagandiste et collectionneur majeur) où je fus invité à signer Le Couloir, mon premier roman. Adoubement avec beaux témoins : Hubert Haddad, Georges-Olivier Châteaureynaud, Jean-Luc Moreau, Meyer Sarfati, Eric Holder, Orlando de Rudder, Jean-Yves Reuzeau, Serge Safran, Guy Prévan, Elie Delamare-Deboutteville, le regretté Claude Herviant, tant d’autres. Au centre de cette coalition d’amitié, Michel ne trônait pas. Il allait et venait d’un battement de cœur à un autre. Il était le lien. Il était le passeur.

    Passeur, il fut. S’agissant de littérature, il importait pour lui qu’un lecteur démuni puisse s’enrichir d’une œuvre imprimée comme on acquiert chaussures à sa taille. Lorsque les pieds sont munis d’ailes alors l’agréable s’aggrave.

    Avec le frelor, littérature devenait posologie, une méthode pour aller léger, sans surpoids pouacre, sans cailloux pesant sur l’estomac. Il n’avait d’autre souci que d’éliminer la surcharge.

    Aller léger avec Henry Miller, avec Lawrence Durrell, avec Joseph Delteil. C’est ainsi que nous voyagions, le rire suspendu aux yeux, lueurs aux lèvres.

    C’est ainsi que j’imagine à présent le voyage qui se poursuit au-delà des choses visibles. Michel Champendal a replié son parapluie mais nul ne peut dire qu’il n’est plus. Le frelor est. Le frelor a pris l’autre route et peut-être cela a-t-il à voir avec le ruban jaune ou Lost Horizon, un film de Frank Capra que nous admirions. Il n’y a pas de fin au ruban jaune, sinon peut-être la cité d’Emeraude maçonnée avec l’or du temps.

    Dans Lost Horizon, Shangri-La figure le lieu où rien ne s’achève.

    Avec le frelor nous partagions quelques convictions (un inaltérable engouement pour Henri Calet, Georges Perros, Gaston Criel, André Hardellet, Julien Blanc, Armand Robin) et aussi cette idée (ou plutôt cette tautologie) que la mort n’existe pas. Nous le répétions souvent. Comme une insulte à la bêtise, une saine provocation. L’être permane après que le corps a lâché les amarres.

    Le frelor est, a été, sera. Il chemine au-delà de toute apparence, dans cet espace plus loin qui ne figure sur aucune carte. Il va. Il va léger.

     

  • ROCK & LITTERATURE A DEAUVILLE

    Deauville 
    vendredi 24, samedi 25 et dimanche 26 avril

     

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    50 auteurs, 6000 visiteurs
    Depuis 2004, le Salon Livres & Musiques de Deauville explore les liens entre les mots et les notes en rassemblant une cinquantaine d’auteurs et 6000 visiteurs. Après avoir accueilli les écrivains du jazz (2007) et les écrivains d’Afrique (2008), le salon 2009 recevra pour la sixième édition, les écrivains inspirés par le rock et ses légendes.

    Pierre Hanot, Noël Balen, Michka Assayas, Patrick Eudeline, Marc Villard, Chloé Delaume, Lola Lafon, Serge Clerc …, deux générations d’auteurs sont invitées : celle qui a vécu  et partage l’âge d’or du rock, et celle d’après, inspirée par son histoire, ses icones et son esprit. 

    Rencontres, Tables rondes, spectacles, animations
    Livres & Musiques sera pour la sixième fois, un lieu d’échanges et de débats pour écrivains, libraires, éditeurs ; amoureux du livre et du rock, mais aussi lieu de compréhension pour les jeunes publics, scolaires ou ados déjà à pied d’œuvre dans les classes des écoles primaires et du lycée de Deauville.

    Deux prix littéraires
    Lors de l’inauguration du salon le 24 avril, Le Prix littéraire de la Ville de Deauville sera décerné par un jury présidé par Jérôme Garcin, associant écrivains et musiciens. Le Prix des lecteurs récompensera une des cinq œuvres sélectionnées transmises aux lecteurs par les librairies Deauvillaises. 

    Une affiche signée les Chats Pelés
    Ils explorent avec succès les relations entre rock et littérature qu’ils traduisent aussi, au-delà du cadre musical, dans des créations graphiques sous la signature Les Chats pelés. Christian Olivier et Lionel Le Néouanic, du groupe Les Têtes Raides signent l’affiche de la  sixième édition de Livres & Musiques.

     

    Le dimanche 26 avril, 18h, à l'Underground Café, je vous parle de Frank Zappa, ses vies, ses oeuvres.

    Voir le site

  • STANISLAS RODANSKI ❘ HORIZON PERDU

     

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    Jeudi 9 avril 2009 à 20 h, hommage à Stanislas Rodanki à la mairie du 10è arrondissement de Paris.

    Projection de HORIZON PERDU, réalisé par Jean-Paul Lebesson d’après un bris-collage de Bernard Cadoux et Jean-Paul Lebesson sur une fabulation de STANISLAS RODANSKI.

    "Légende magnétique, mémoire par défaut d’une fabulation panique. Un espace, vide que la perte d’horizon plonge dans une réfraction infinie. Un personnage hante ce décor gigogne et cherche à dire ses guerres intestines. La vallée disparue de Shangri-là, les camps de la mort lente : double face de cette folie qui l’emporte. Ravissement et Terreur. Mais la fiction ne prend pas et la représentation impossible de son drame intérieur le livre à la répétition sans fin. La tragédie n’a pas eu lieu, faute de lieu. Horizon Perdu, ou la scène introuvable."

    Le film sera suivi d’une rencontre animée par les auteurs avec la participation de Sarane Alexandrian, Christophe Dauphin, Marc Kober et Anastassia Politi (Cie Erinna)

     

    Mairie du 10e

    72, rue du Fauboug Saint-Martin

    Salle des fêtes

    2e étage

    Entrée libre

     

     

  • ARMAND ROBIN ET LES FAMOUS FIVE

    Nous étions cinq comme les Famous Five d'Enyd Blyton. Cinq sur les vicinales qui mènent à l'enfance d'Armand Robin. Nous ne disposions que de quelques amers confiés à leurs lecteurs par Anne-Marie Lilti dans sa récente biographie et de ces photographies réunies dans un précieux numéro spécial de la revue Skol Vreizh.

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    Nous connaissions les noms majeurs : Rostrenen, Plouguernével, Glomel.

    A Rostrenen, nous quémandâmes auprès de l'Office de tourisme et de la Médiathèque quelque chose comme une piste fléchée, un sentier de non-traduction ou de poésie qui indiquerait le trou de l'arbre. Ici, le nom d'Armand Robin ne fait pas sésame.

    Le site dédié à Armand Robin signalait des toponymies inexistantes sur les plans disposés au centre des villages. Nous déduisîmes Kerfloc'h et Le Cosquer.

    A Kerfloc'h, berceau des premières années d'Armand Robin, nous vîmes la ferme percée de la porte à ogives et un arbre imposant parfaitement opaque.

     

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    A Glomel, nous cherchâmes Le Cosquer qui pouvait être l'exploitation un tantinet plus vaste où s'installa la famille Robin après le départ de Kerfloc'h. J'avisai une jeune femme penchée sur un parterre de fleurs. Elle savait le nom d'Armand Robin et aussi qu'il mena "grande vie à Paris, une vie de bohème". Il ignorait, à ce qu'elle me dit, le sens du mot travail. Je lui parlai du hameau de Oasquer (ou Ouasquer), quelquefois orthographié Le Goasquaich. Elle savait. C'était sur l'ancienne route de Rostrenen, une ferme sur la droite, au fond d'un chemin creux.

    Nous y fûmes. La route était sinueuse. On se perdit. Un jardinier que le ciel bleu intimait de tailler ses haies nous remit dans le droit chemin. Le paysage devenait plus rond. La végétation s'en donnait à coeur joie. On s'arrêta devant un panonceau qui murmurait des eurêka : Ar Wazhkae. On descendit vers des sapins, vers des hangars. Nous reconnûmes le chêne frotté par les vents. La façade au rectangle parfait était bien celle des images vues et revues.

     

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    Des bêlements, des agnelets, un berger maniant le biberon en petite mère attentive confirma que nous avions trouvé. L'arbre était tricentenaire. La ferme et ses 60 hectares venait d'être vendue à des Anglais.

    Là que vécu Armand Robin. Là que dans l'arbre fendu, il nichait ses envies matinales de lecture. Là que le Breton de Rostrenen fit ce rêve mappemondial, celui de parler dans toutes les langues du monde. Là qu'il se fit poète, traducteur des nuées, des bourgeonnements, des pluies, des chevaux, ah ! les chevaux.

     

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    Dans ce vallon, dans cet abri où Walden, mon fils, se coule, Armand Robin assembla les mots qui formerait plus tard Le temps qu'il fait.

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    Il faisait soleil. Mon coeur battait. C'était un jour de joie profuse.

    A cinq, on est toujours plus fort. Toutes les portes sont transparentes.

  • L'AFFAIRE ARTAUD ❘ COMMUNIQUE

    Ayant lu notre billet sur Nicolas Rozier, Florence de Mèredieu nous adresse ceci :

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    Florence de Mèredieu
    L'AFFAIRE ARTAUD

    Journal ethnographique

    Editions Fayard

    "L'Affaire Artaud" défraie depuis quelques décennies la rubrique des médias. —

    Blocage de la parution des Œuvres complètes du poète. Procès en cascade. Mise en cause de la transcription des cahiers manuscrits. Virulentes et ostentatoires campagnes de presses, à charge ou à décharge des uns et des autres.
    Miroir de la vie intellectuelle des années 1948-2008, l'Affaire Artaud apparaît comme un feuilleton médiatique, les journaux (Combat, Le Monde, Libération, Le Nouvel Observateur, La Quinzaine littéraire, etc.) ayant assuré une sulfureuse carrière posthume au poète, mort à Ivry en 1948.

    L'Affaire Artaud met en scène un poète maudit (Antonin Artaud), des manuscrits et dessins, une Grande Prêtresse (Paule Thévenin), une maison d'édition réputée (Gallimard), une famille (les Artaud-Malausséna), quantité de medecine men (Gaston Ferdière, Jacques Lacan, etc.), des intellectuels de renom (Jean Paulhan, François Mauriac, André Malraux, Jacques Derrida, Philippe Sollers, etc.), de grandes institutions (la Bibliothèque nationale de France, le Centre Georges-Pompidou, etc.), des avocats devenus de puissants hommes politiques (tel Roland Dumas).

    L'histoire comporte des familles, des clans, des tribus et des gourous, des "medecine men", des reliques, des magiciens, des éditeurs et des illusionnistes, des journalistes et des avocats, des collectionneurs et des intellectuels réputés. Elle s'est déroulée à l'ombre de prestigieuses institutions et jusqu'au cœur de l'État. Largement abreuvé d'informations qu'il ne peut maîtriser, le grand public ignore tout de ce qui s'est tramé, durant soixante ans (1948-2008), autour de l'œuvre de l'un des plus grands écrivains du XXe siècle.

    Largement médiatisée, l'Affaire Artaud demeure, cependant un sujet tabou. Un haut lieu de secrets auxquels bien des protagonistes de l'Affaire n'ont, eux-mêmes, pas eu accès. On s'interrogera sur les arcanes de cette histoire qui s'apparente souvent à un gigantesque marché de dupes.

    Entrée il y a 25 ans au cœur de l'Affaire, Florence de Mèredieu assiste et participe à ses rebondissements. Ce "Journal ethnographique" relate les événements, recense les documents et décrit ce que furent — en arrière-plan — les mœurs et les pratiques de ses différents protagonistes.

    Tout ce que vous auriez voulu savoir sur l'Affaire Artaud. Tout ce que vous n'auriez même pas imaginé.

    L'Affaire Artaud fut aussi — et peut-être surtout — une grande Affaire médiatique. S'attacher à la décrire amène inéluctablement à esquisser une certaine histoire de la presse (Combat, Le Monde, Libération, La Quinzaine littéraire, etc.) et de l'édition (Gallimard). Sans compter la description des relations complexes qu'entretiennent ici le droit et la littérature.

    Univers des réseaux, de la presse et des médias. Mondes cloisonnés de la psychiatrie. Grandes Institutions travaillant à l'ombre de l'État et dans les arcanes du pouvoir (Bibliothèque nationale de France, Centre Georges Pompidou, etc.). Intellectuels soucieux de traiter le poète mort à Ivry en mars 1948, à la façon d'un porte-étendard. Matière première de gloses interminables, le Grand-Œuvre d'Artaud n'a pas cessé d'alimenter l'histoire littéraire et journalistique.

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    Écrivain, essayiste, Florence de Mèredieu a longtemps enseigné l'esthétique et la philosophie de l'art à l'Université de Paris I (Panthéon-Sorbonne). Elle est l'auteur de fictions (Une si petite anthropophage, Des Femmes, 1981, Télévision, la lune, Des Femmes, 1985, Borges & Borges illimited, Paris, Blusson, 1993, Duchamp en forme de ready-made, Paris, Blusson, 2000. Et Beckett se perdit dans les roses, Paris, Blusson, 2007) et de nombreux ouvrages sur l'art moderne et contemporain (André Masson, les dessins automatiques, Paris, Blusson, 1988, Histoire matérielle et immatérielle de l’art moderne, Paris, Bordas, 1994, Larousse, 1999, Nouvelle édition augmentée, Larousse, 2004, "Hôtel des Amériques", essai sur l'art américain, Paris, Blusson, 1996, Kant et Picasso, le "Bordel philosophique", Nîmes, Jacqueline Chambon, 2000. Arts et nouvelles technologies, art vidéo, art numérique, Paris, Larousse, 2003, etc.)
    Elle consacre six ouvrages au poète — Antonin Artaud, Portraits et Gris-gris,(Blusson, 1984 et 2008), Antonin Artaud, Voyages, 1992 ; Antonin Artaud, les couilles de l'Ange, 1992 ; Sur l'électrochoc, le Cas Antonin Artaud, 1996 ; La Chine d'Antonin Artaud/le Japon d'Antonin Artaud, 2006 et une biographie : C'était Antonin Artaud (Fayard, 2006).
    En 1994-1995, Florence de Mèredieu adresse au Monde et à Libération deux Lettres ouvertes jamais publiées sur l'Affaire Artaud.

    Elle a collaboré à de nombreuses revues et ouvrages collectifs (Parachute, Art Press, Communications, Les Cahiers du Centre Georges-Pompidou, La revue d'Esthétique, Vertigo, etc.). Entre 1978 et 1991, elle écrit régulièrement dans La Nouvelle Revue Française (revue de Gallimard).

  • NICOLAS ROZIER ❘ L'ECROULOIR

     

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    Nicolas Rozier, poète (L'espèce amicale, Fata Morgana, 2006) et peintre (en tant qu'illustrateur notamment, il a accompagné des ouvrages dédiés à Guillevic et Charles Dobzynski), est l'auteur de L'Ecrouloir, une réflexion en forme de prosepoème sur l'un des derniers dessins d'Antonin Artaud.

    Il rend compte dans l'éclat d'un verbe élucidant de ce trait d'Artaud qu'était Artaud. Sa pratique (et connaissance) du trait jette un faisceau de grandes et belles lueurs.

    Artaud et le dessin : voici plus de clartés.

    Artaud et le regard : nous y voyons mieux.

    L'ECROULOIR

    NICOLAS ROZIER

    Editions de Corlevour

    45 pages, 10 €

    SITE DES EDITIONS CORLEVOUR

     

  • STANISLAS RODANSKI ❘ REQUIEM FOR ME



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    Tant attendu et pointilleusement présenté par François-René Simon, voici Requiem for me, nouveaux écrits de Stanislas Rodanski suivis de deux lettres adressées à Jacques Veuillet, l'ami de jeunesse.

    "Les intimes (m')appellent Stan, les familiers Bernard, les indifférents Rodanski et les flics Glücksmann", ainsi se découvre l'écrivain qu'il convient de rapprocher d'Antonin Artaud, de Jacques Vaché pour le mystère d'être. Ainsi se déploie les étiquettes du nom qui font ce héros de roman que fut Rodanski, absolument. Lumineusement, François-René Simon questionne le multiple je : "Je est un autre jeu, un jeu social, un jeu de dupes."

    Beaucoup d'éléments apportés à la connaissance de l'oeuvre, à la connaissance de l'homme. Ce livre ne vient pas s'ajouter aux autres pour faire du volume. Il rend Rodanski plus précis. Il donne à ceux qui lisent intensément le "romancier détective" matière à des éblouissements.

    REQUIEM FOR ME

    Stanislas Rodanski

    Editions des Cendres

    141 pages, 18 €

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    Editions des Cendres

    8 rue des Cendriers 75020 Paris

    Tel 01 43 49 31 80

  • TOUT AUTOUR DE ZAPPA ❘ AUJOURD'HUI A MORLAIX

     

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    Tout autour de Zappa à la Librairie Dialogues, ce samedi 28 mars, à 17h

    Librairie Dialogues
    9, rue de Aiguillon
    29600 Morlaix
    Tel : 09 63 25 23 36