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LITTERATURE TUMULTUAIRE - Page 2

  • CENT QUARANTE-HUIT PROPOSITIONS SUR LA VIE & LA MORT ❙ JEAN-MICHEL ESPITALLIER

     

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    Le nouvel ouvrage de Jean-Michel Espitallier porte-t-il à rire ? Son titre ne semble pas nous dire : " Shall we take ourselves seriously ?" On croirait entrer dans un tractacus. Le traitement par série d'énoncés logiques, la teneur du propos et le raisonnement sans failles nous plonge en pleine métaphysique, entre ontologie et eschatologie. Tout ce qui est avancé est vrai mais pataphysiquement, voire dadasophiquement. 

    Car le caractère pointilleux du raisonnement, l'enchaînement des idées à la manière d'une machinerie, la gymnique de cette pensée sportivement frottée au régime des apories conduisent la lecture à un assouplissement des zygomas. Jean-Michel Espitallier pousse la tautologie au maximum de son rendement et suggère qu'il vaut mieux rire qu'en pleurer même si la mort n'existe pas.

    Par définition, en effet, la mort n'existe pas, de même que "la frontière entre ici et là-bas n'est pas très nette".

    En somme, nous serions tentés de recopier l'ouvrage pour vous en faire sentir l'exacte fraîcheur et cette odeur de putréfaction qui en découle. Choisissons donc de susciter l'appétit de lire (et de vivre assurément) :

    "51. Celui qui passe sa vie à se protéger de la mort (jus d'orange bio au réveil, pas de tabac, point d'alcool, traverser dans les clous, bien se couvrir, footing, jamais d'avion) risque de passer à côté de sa vie. Il ne passera pas pour autant à côté de sa mort)".

    On le voit, Jean-Michel Espitallier nous entraîne sur les pas de Ludwig Wittgenstein mais le chemin qu'il nous indique est plutôt parsemé de cailloux abandonnés à l'intention des dériseurs sensés (voir Charles Nodier) par André Frédérique, Xavier Forneret, Jacques Vaché, grands maîtres de l'Umour.

    Ce volume est suivi d'autres petits traités qui nous engagent à mieux connaître le pin parasol et à savoir que "toute pensée pense".

     

    JEAN-MICHEL ESPITALLIER

    CENT QUARANTE-HUIT PROPOSITIONS SUR LA VIE & LA MORT

    ET AUTRES PETITS TRAITES

    97 pages, 13 €

    EDITIONS AL DANTE

    LE SITE DES EDITIONS AL DANTE

     

    BIBLIOGRAPHIE DE JEAN-MICHEL ESPITALLIER

     

    Ponts de frappe, Fourbis, 1995

    Limite de manœuvres,1995

    Gasoil : prises de guerre, Flammarion, 2000

    Pièces détachées : une anthologie de la poésie française aujourd’hui, Pocket, 2000

    Fantaisie bouchère (grotesque), Derrière la salle de bains, coll. « Poésies Mécaniques », 2001 

    Le Théorème d’Espitallier, Flammarion, 2003 

    Tanger / Marseille : Un échange de poésie contemporaine, (avec : Yassin Adnan, Mehdi Akhrif,        Emmanuel Hocquard, Claude Royet Journoud, Abdallah zrika), coll. « Import/Export », cipM, 2004

    En Guerre, Inventaire/Invention, 2004

    Où va-t-on ?, Le Bleu du ciel, coll. « L’Affiche », 2004

    Toujours jamais pareil (avec Pierre Mabille), Le Bleu du ciel, 2005

    Caisse à outils : un panorama de la poésie française aujourd’hui, éditions Press-Pocket, 2006 

    Tractatus logo mecanicus, Al Dante, 2006

    Army, Al Dante, 2008

    Syd Barrett, le rock et autres trucs, Editions Philippe Rey, 2009

     

     

     

     


  • LE SITE DE LA REVUE DES RESSOURCES PUBLIE AU FORMAT PAPIER

     

     

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    La Revue des Ressources est un éditeur de littérature en ligne. Les logiques actuelles voudraient qu'il se dirige vers le livre numérique pour faire connaître ses auteurs. A l'inverse, les concepteurs de ce site viennent de choisir l'option papier en proposant Le manifeste du saumon sauvage de Rodolphe Christin. Selon eux, "la toile est un laboratoire (...) mais le livre demeure l'objet du désir, celui par quoi la lecture peut vraiment s'incarner. L'oublier, ce serait comme imaginer qu'un téléphone peut devenir votre seul outil d’échange verbal, quand lire en ligne, c’est aussi prendre rendez-vous, tôt ou tard, avec un livre."

    Cette publication est assortie d'une profession de foi dont voici les termes :

    " Nous désirons faire reculer l’idée reçue d’une opposition entre la gratuité de la toile et la commercialisation du livre. L’offre gratuite de textes de grande qualité favorise sans conteste l’activité des éditeurs et des libraires exigeants. Sur la revue, nous avons soutenu le lancement de nombreux ouvrages, relayé de nombreux événements en librairies et nous continuerons de le faire.

    Les Éditions de la Revue des Ressources ont décidé de s’affranchir des modes de production et de diffusion traditionnels. Nous voulons, malgré nos faibles moyens, publier un livre sur le seul critère de l’intérêt que nous lui portons, sans s’alourdir de coûts qui impliquent une rentabilité à court terme. Grâce aux techniques numériques de pointe de l'imprimerie Évidence, nous sommes en mesure de procéder à de petits tirages à faible coût. En fonctionnant à flux tendus, nous résolvons de fait les problèmes de stockage. Aucun de nos livres n’ira jamais au pilon, contrairement à une pratique devenue courante dans l’édition traditionnelle. En utilisant notre site comme outil principal de diffusion et de distribution, nous rétablissons un contact direct des auteurs aux lecteurs.

    Le format et la conception graphique ont été pensés selon plusieurs critères. Le petit format 10 x14,5 est adapté aux envois par la poste et répond au besoin de légèreté qui a toujours été le nôtre. Nous venons de la toile et ne l’oublions pas. Isabelle Patain, notre graphiste, associe l’élégance d’une couverture sur papier vergé gris, à une identité qui rappelle notre histoire. Aucune image ne vient s’inscrire en première ou quatrième de couverture, qu’habille un univers typographique originellement pensé pour un environnement numérique. Les caractères qui semblent la déborder disent aussi le mystère de l’écriture. Un mystère que la toile continue de poser, à sa manière, pariétal, archaïque, originel.

    Tous les prix annoncés sont franco de port pour la France métropolitaine - la plupart de nos livres ne dépasseront pas le prix public de 10 euros. Une surtaxe sera pratiquée pour les envois en Europe et dans le monde.

    Nous travaillons pour les lecteurs et les auteurs. Vingt pour cent des droits reviennent à l’auteur ou à l’ensemble des auteurs et traducteurs - soit le double de la moyenne observée dans l’édition classique. En revanche, nous ne fournissons pas d’à-valoir. Dans l’état actuel de nos possibilités, payer par avance ce serait parier sur les livres, et donc entrer dans une logique qui tôt ou tard minimiserait nos risques. Tous les acteurs de notre chaîne du livre, bien différente de celle ordinairement entendue comme telle, prennent part, à leur manière, au processus de création, comme à la vie matérielle des éditions.

    Chaque parution donne lieu à une semaine thématique sur la revue : entretiens avec l’auteur, textes rares ou inédits, extraits d’autres livres, explorations thématiques".

     

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    LE SITE DE LA REVUE DES RESSOURCES

     

     

     





     


  • LE FOETUS RECALCITRANT ❙ JOSSOT

     

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    Refusant comme Antonin Artaud "l'en-cage de l'être", Jossot (Gustave-Henri) conçut un récit tumultueux dans lequel il décrivait les périls de la sortie au monde. Naître c'est, selon lui, s'exposer au "maillot liberticide" des "déformateurs du cerveau". C'est apprendre, aux forceps, l'obligation de "vivre en troupeau". 

    Le Foetus Récalcitrant (publié à compte d'auteur en 1939) est une attaque contre le monde et ses règles livides, et un modèle d'écriture poilante. Grave et joyeux, Jossot fut un satiriste appliqué, casse-dogmes vertigineusement. Ses caricatures étrillant la bourgeoisie et le Capital ont participé de l'aventure de l'Assiette au Beurre. Les vignettes qui accompagnent l'ouvrage témoignent de leur modernité non fanée. Les propos de Jossot sont évidemment actuels et son ire bienvenue.

    L'Evangile de la paresse, donnée en complément, rappelle que le travail est l'exact instrument de torture à trois pieux autrement nommé tripalium. Jossot insiste sur les vertus de l'oisiveté contre les vices de l'aliénation.

    Cet ardent libertaire n'en fut pas moins attiré par l'Islam auquel il se convertit sous l'influence du maître soufi Ahmad al-Alawi. Gustave-Henri Jossot, né à Dijon le 16 avril 1866, meurt à Sidi Bou Saïd le 7 avril 1951 en ayant adopté le nom de Abdul Karim Jossot. 

    C'est l'un des plus fins démolisseurs parmi les rebelles du XXe siècle commençant. Guy Darol

     

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    JOSSOT

    LE FOETUS RECALCITRANT

    Présenté et annoté par Henri Viltard

    FINITUDE

    132 pages, 13,50 €

     

    SITE DE L'EDITEUR

    SITE DEDIE A JOSSOT

  • LA SOEUR DE L'ANGE ❘ AUTOMNE 2010 ❘ A QUOI BON LA PRINCESSE DE CLEVES ?

     

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    Pour sa huitième livraison, la revue La Soeur de l'Ange pose la question suivante : A quoi bon la Princesse de Clèves ? Interrogation faisant écho, on s'en souvient, à l'injonction du chef de l'Etat renvoyant la littérature à bien peu de choses. Jean-Luc Moreau (rédacteur en chef de La SdL) rappelle, dans son éditorial, l'effervescence autour du boulevard Raspail lorsque François Mitterrand faisait ses courses à la librairie Gallimard. Loin est ce temps où la littérature était un but de sortie, une virée plus nécessaire qu'un tour de chauffe avant de tomber dans les bras d'un malaise vagal.

    Voici donc La Princesse de Clèves, roman de Madame de La Fayette, datant de 1678, examiné sous toutes ses coutures par de savants exégètes, analyse accompagnée d'une Lettre à Mme de Sévigné signée Bussy-Rabutin et d'extraits, il le fallait bien.

    Ce dossier va plus loin qu'une laude à Madame de La Fayette, il est le prétexte à une réflexion sur la culture des livres dans un monde où la marchandise est devenue une transcendance plate. Il est l'occasion de tendre le mégaphone à certaines colères, ainsi de celles de Pierre Jourde, de Françoise Bonardel. L'aquoiboniste interrogation permet d'ajuster le tir d'excellentes réponses, comme celle alimentée par Gil Jouanard qui dit l'essentiel en constant que La Princesse de Clèves n'est rien moins qu'un paradigme de la langue française. Il est donc essentiel de connaître l'ouvrage pour savoir comment le français bouge après le bas-latin, le roman et le francien.

    On trouvera dans ce volume quelques révoltes en faveur de la littérature mais plus largement de la culture pour qu'elle soit toujours d'un accès aisé. Ma présence dans ce numéro consiste en une réflexion sur la crise du disque intitulée "La crise est dans le vent, dans le vent on connaît la musique".

    Dans ce numéro figure un remarquable dossier René Alleau précisant les rapports très étroits entre surréalisme et alchimie, un lien assuré par l'auteur d'Aspects de l'alchimie moderne (Minuit, 1953) à partir de 1952.

    Pascal Conti offre une éblouissante analyse sur l'immatérialisme de Berkeley dans Nadja tandis que Marcel Moreau en appelle à une insurrection de la beauté : "Un tel événement n'est pas aussi impossible qu'il y paraît. Pour ma part, j'imagine sans peine pour après-demain un terrorisme de la beauté. Non plus seulement un terrorisme verbal ou artistique, mais, s'ajoutant à ce dernier, une utilisation de la force destructrice à des fins en quelque sorte poétiques, si l'on veut bien admettre que je donne à ce terme le contraire d'un sens douceâtre : un sens dévastateur, en même temps que fondateur, vertigineux autant que dansant."

     

    LA SOEUR DE L'ANGE n°8

    A quoi bon La Princesse de Clèves ?

    Editions Hermann

    213 pages, 20 €

    Abonnement pour deux numéros : 36 €

  • VUE IMPRENABLE SUR PASCAL GARNIER ❘ REVUE BREVES


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    J'aime cette orchestration imaginée et coordonnée par Hubert Haddad autour de Pascal Garnier (1949-2010), d'abord parce que les livres de Pascal Garnier ont place depuis longtemps dans ma bibliothèque, ensuite parce qu'il me plaît (invariablement) que l'oeuvre de cet écrivain soit rapprochée de celle d'Emmanuel Bove et d'André Hardellet. J'approuve cet hommage bien mérité pour la couleur qu'il rend, qui n'est pas l'étique dissection en appendicules de textes des tripatouilleurs post-structuralistes. Il en ressort comme une conjonction de consentements, une chorale heureuse donnant envie d'y aller si on ne connaît pas, d'y retourner si l'on est ému, d'entendre ce son de vie où les héros ne sont pas des héros.

    Avec Jean-Claude Bologne, Pierre Autin-Grenier, Georges-Olivier Châteaureynaud, Francis Mizio, Christiane Baroche, Marie Florence-Ehret, Joseph Vebret et beaucoup d'autres talentueux.

    Avec un entretien de Serge Cabrol et quelques textes rares ou inédits.

     

    CONSULTER


    PASCAL GARNIER AUX EDITIONS ZULMA

    LA REVUE BREVES SUR LE SITE LEKTI-ECRITURE


     


    PASCAL GARNIER

    REVUE BREVES n° 93

    ATELIER DU GUE

    1, rue du Village

    11300 Villelongue d'Aude

    144 pages, 12 €

     

  • LES MEMOIRES DE FREDERICK TRISTAN

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    Frédérick Tristan

     

    Les entretiens avec Jean-Luc Moreau (Le Retournement du gant, éditions Fayard, 2000) étaient une entrée dans l'oeuvre de Frédérick Tristan munie de loupes. L'auteur du Dieu des mouches (Grasset, 1959 ; Fayard, 2001) détaillait le chemin d'une écriture qui compose un singulier dédale où interagissent les voyages, les jeux de la mémoire et le goût de l'invention. Frédérick Tristan fait rayonner l'imaginaire au degré le plus incandescent. Il considère l'Ailleurs comme son pays. C'est l'un des maîtres de La Nouvelle Fiction, ce mouvement littéraire théorisé par Jean-Luc Moreau dans l'ouvrage éponyme paru en 1992 aux éditions Criterion. 

    Sans doute le lit-on mieux en s'immergeant dans l'Orient onirique après un voyage sur les ailes d'Hermès. Frédérick Tristan est un écrivain d'une rare culture qui travaille depuis cinquante ans à maintenir le roman du côté de la Littérature. Il est donc l'un des plus grands sans que tout le monde le sache encore. Il reçut le Prix Goncourt, en 1983, avec Les Egarés. Ce ne fut pas le plus lu des Goncourt. C'était assurément l'un des plus remarquables.

    Frédérick Tristan est un inventeur sans pareil. Il créa le personnage de Danielle Sarréra, la vie de Danielle Sarréra, la poésie de Danielle Sarréra. Nous y crûmes. Au temps que je collaborais à la revue Crispur, des pages de Danielle Sarréra y furent publiées. Des Cahiers avaient été retrouvés après le suicide sous un train de celle qui avait, selon nous, des accointances avec Jean-Pierre Duprey et Unica Zürn. Gaston Criel était le go-between. Il avait connu la jeune fille. C'est lui qui désormais participait à la connaissance de son oeuvre.

    Gaston Criel est l'une des nombreuses figures que l'on croise tout au long de Réfugié de nulle part, les Mémoires de Frédérick Tristan. Un chapitre lui est consacré qui célèbre celui qui fut le secrétaire d'André Gide et qui habitait rue Bonaparte, dans l'immeuble appartenant à la mère de Jean-Paul Sartre. Pour Frédérick Tristan, Gaston Criel "représentait l'artiste, le poète vivant que je n'avais jusqu'alors jamais rencontré". Il allait de Jean Paulhan, à Paul Eluard, de Boris Vian à Juliette Gréco, de Duke Ellington à Charlie Parker, de Henry Miller à Jean Cocteau avec une aisance germanopratine sans aucun rapport avec l'esbroufe. Gaston Criel était de plein pied. Je l'ai souvent rencontré sans qu'il fasse ressentir qu'il était celui qu'André Breton avait encouragé à écrire. Il publia La Grande Foutaise et frôla la gloire.

    Dans un café du boulevard Montparnasse, Frédérick Tristan me parla toute une matinée de François Augiéras qu'il avait connu à la fin des années 1950. Réfugié de nulle part livre plusieurs pages conséquentes sur l'auteur de Domme ou l'essai d'occupation, récit qui rappelle s'il en était besoin qu'écrire n'est pas une activité détachée de la vie. "Son charme singulier me séduisait tout autant que son écriture. Le mythe du personnage fait oublier aujourd'hui sa façon à la fois naïve et rusée de s'exprimer. Il n'était pas seulement le "barbare" dont, peu à peu, il souhaita donner l'image". 

    Les Mémoires de Frédérick Tristan, auteur d'une cinquantaine d'ouvrages racontent l'histoire d'un homme né en 1931 à Sedan, devenu amnésique à la suite de la guerre et qui fut  délégué en Extrême-Orient pour des protocoles financiers, conseiller auprès de la présidence des assurances ITEA, professeur d'iconologie paléochrétienne et écrivain, croirait-on, à plein temps. C'est l'histoire d'un écrivain pour qui le mot Littérature équivaut à un outil de connaissance. Quelqu'un de bis, un multiple aux vies multiples, et qui nous renseigne dans un livre (au-delà du genre dans lequel il est contraint) sur ses connexions avec Henry Corbin, Mircea Eliade, Marie-Madeleine Davy, Emmanuel Lévinas. Un livre de connaissance, de contact avec une réalité plus vaste, de confidences aussi, de portraits incisifs, parfois caustiques. Où l'on retrouve sur le chemin Gaston Bachelard, Ezra Pound, Jean Carteret, Samuel Beckett, Dominique de Roux, Roland Barthes ... et bien des gens sans importance apparente. Un grand livre.

     

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    FREDERICK TRISTAN

    REFUGIE DE NULLE PART

    EDITIONS FAYARD

    470 pages, 23 €

     

    CONSULTER LE SITE DE FREDERICK TRISTAN

     

    VOIR ENCRES & ECRITURES DE FREDERICK TRISTAN

    EXPOSITION DU 5 AU 30 OCTOBRE 2010

    MEDIATHEQUE JACQUES-BAUMEL

    15-21 boulevard Foch

    92500 Rueil-Malmaison

    01 47 14 54 54

     

  • PATRICK STRARAM

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    Patrick Straram et André Duchesne en 1973

    C'est en rejoignant le revue Crispur (Christian Gattinoni, Bernard Raquin, Henri Martraix & many others) que je connus le nom de Patrick Straram (1934-1988). Nous étions au début des années 1970 et l'on fréquentait les bars situés dans les radiales du Quartier Latin où l'on pouvait être compris en prononçant le nom de Patrick Straram. Je ne fus pas peu fier de participer dans ces mêmes années à un numéro Frenchy de la revue Hobo-Québec, véritable institution underground où le Bison Ravi (tel était l'autre nom de Patrick Marrast alias Straram) exerçait une grande influence. Longtemps je crus que cet écrivain au style bouillant était natif de l'Amérique du Nord. Il resta un local jusqu'à la parution en avril 2006 de Les Bouteilles se couchent (un vers d'un poème de René Fallet), roman court qui révélait tout de son existence parisienne et pré-situationniste.

    Les Bouteilles se couchent est assurément le meilleur livre sur l'état d'ivresse permanente. L'ivresse au-delà de l'ivresse. Celle qui se gagne en buvant coup sur coup jusqu'à ce que le corps se couche. Mais c'est aussi un précieux témoignage sur quelques figures connues : Guy Debord, Ivan Chtcheglov, Jean-Michel Mension, Michèle Bernstein. Dialogues faramineux. Vertigineuses paroles. L'écriture de Patrick Straram est un exercice sur le fil. Une prouesse. On abandonne le livre en titubant après avoir fréquenté intensément une dizaine de bars : Le Bouquet, Le Saint-Claude, Le Dupont-Latin, Le Métro et surtout Chez Moineau, situé 22 rue du Four et qui fut l'épicentre incandescent de la tornade situ.

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    LES BOUTEILLES SE COUCHENT

    Patrick Straram

    Editions Allia, 2006

    139 pages, 6, 10 euros

    www.alliaeditions.com

    LIRE EGALEMENT

    LETTRE A GUY DEBORD (31 octobre 1960)

    Patrick Straram

    Editions Sens & Tonka, 2006

    88 pages, 12 euros

    www.senstonkaediteurs.com

    VISITER

    SUR PATRICK STRARAM & GUY DEBORD

    REPERTOIRE NUMERIQUE DU FONDS PATRICK STRARAM

     

  • VICTOR FOURNEL ❘ RAISIN

     

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    Dans Les spectacles populaires et les artistes de rues, ce tableau du vieux Paris composé par Victor Fournel (E. Dentu, 1863), défilent Sots et Enfants sans souci, arracheurs de dents et farceurs de la rue, également Turlupin, Bobèche, Galimafré, Bobino, Gringalet, Goguelu, Jean Farine, toutes ces figures pour quelques-unes substantivées.

    En nous faisant visiter certains laboratoires de chimie spagyrique où se préparent l'or potable et l'élixir de longue vie, Victor Fournel décrit au détour d'intéressants instruments.

    Les amateurs de lutherie insolite apprendront par exemple qu'un certain sieur Raisin, organiste de Troyes, mit au point, en 1661, "une épinette à trois claviers, dont l'un paraissait répéter tout seul les airs que l'on jouait sur les deux autres."

    Raisin avait inventé les loops.

  • LEON-PAUL FARGUE ❘ RICARDO VINES

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    Ricardo Vinès

    En 1947, paraissait Portraits de famille, un recueil de souvenirs de Léon-Paul Fargue. Serti de photographies et emmené par l'une des plus belles plumes de la littérature, l'ouvrage rassemble des souvenirs qui animent les figures de Verlaine, Mallarmé, Max Jacob, Valéry Larbaud, Colette, aussi Ricardo Vinès.

    Ce livre est dans ma bibliothèque depuis jolie lurette et c'est en préparant un entretien avec Pascal Comelade qu'il me devint soudainement précieux.

    Féru de culture catalane, Pascal Comelade a une passion pour Ricardo Vinès, mort le 29 avril 1943.

    Voici ce que Léon-Paul Fargue en écrit :

    "De 1900 à 1939, c'est-à-dire tout le long de ce demi-siècle qui s'est achevé  avant d'avoir la cinquantaine, et particulièrement  pendant ce répit d'entre les guerres, où l'on pouvait se consacrer librement à l'art de son choix, la politique n'ayant pas encore fait craquer les coutures, Vinès a fait parler de lui par toutes les bouches du monde, et certainement essayé les meilleurs claviers de l'univers des touches. Il a été, pendant cette époque incomparable, le véritable révélateur de la musique la plus moderne et de celle qui l'avait influencée, de Chabrier à Debussy, de Ravel à Satie, de Poulenc à Mompou, de Borodine et de Balakirew à Albeniz ou à Turina. Il se transportait d'une maison amie dans une autre avec son sourire affectueux, sa moustache, ses doigts mystérieux, sa bonhomie de bonne origine. Nous le feuilletions comme un album et il nous enchantait d'images sonores. Tous mes réservoirs d'émotion frémissent encore de ses passages précis et tendres."

    C'est tout dire.

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  • JEAN-PAUL CARACALLA ❘ HART CRANE

     

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    Lorsque, dans Les exilés de Montparnasse (1920-1940), Jean-Paul Caracalla évoque le séjour parisien de Hart Crane (1899-1932) et le pugilat qui opposa le poète à un garçon de café du Select, on pourrait désirer relire les Oeuvres d'Arthur Cravan mais il est plus logique de se plonger dans The Bridge (Le Pont), également dans les Poèmes et Lettres. C'est-à-dire qu'il convient de trouver l'édition Obsidiane du Pont pour la mirifique "adaptation" de François Tétreau ainsi que ce numéro des Cahiers si bien tenus par François Boddaert et qui s'ouvre ainsi :

    Yes, I being

    The terrible puppet of my dreams, shall

    Lavish this on you -

    Oui, moi, puisque je suis

    Le terrible pantin de mes rêves, je veux

    De tout ceci vous enrichir -

    Hart CRANE

    (the Visible the Untrue)

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